mercredi 31 mars 2010

Elena Sender - Intrusion



Brillante neuropsychiatre, mariée à un professeur qui est sur le point d’avoir le prix Nobel, Cyrille Blake dirige une clinique où l’on soigne les angoisses grâce un nouveau médicament. Tout va pour le mieux, jusqu’au jour, où elle reçoit un patient Julien Daumas qui prétend avoir été soigné par elle dix ans auparavant. Mais bizarrement, Cyrille ne s’en souvient pas… Elle met d’abord cet oubli sur le compte du surmenage mais elle va s’aperçoit qu’elle a d’autres troubles de la mémoire. Le doute puis la peur s’installent car elle a effectivement soigné ce patient durant son internat. Et qui est vraiment ce Julien Daumas ? En voulant trouver les clefs de son amnésie, elle va se retrouver face à des portes qu’il lui faudra ouvrir…

Beaucoup de monde a aimé ce livre… sauf bibi qui fait partie du contre courant.Un premier livre où l’écriture d’Elelena Sender est fluide, limpide : rien à dire. En plus, elle connaît et maitrise bien son sujet : le cerveau et sa complexité. Tous les ingrédients d’un triller étaient donc réunis avec en prime une partie médicale vulgarisée et accessible.

Le livre à la main, je m’attendais à vivre des heures où le suspense allait me tenir éveillée mais… la mayonnaise n’a pas prise.

Eh oui, j’ai trouvé que ça manquait d’entrain. La première partie m’a semblée longue (très longue) et quand le rythme s’est enfin installé, j’ai deviné qui était le méchant de l’histoire…

Un autre bémol : les manipulations menées dans la seconde partie pour retrouver la mémoire m’ont parues un peu surfaites et simplistes. Par contre, j’ai trouvé intéressant le personnage de Cyrille car elle est comme tout un chacun, avec des défauts et des failles. On est loin de la super héroïne parfaite.

Pas de hausse d’adrénaline pour moi mais une auteure à suivre.

Des avis positifs et enthousiastes sur le Net : Keisha, Pimprenelle,Stephie , Soukee , plus nuancés : Cacahuète, Laure , Lili (qui ne m'a pas laissé le nom de son blog...)

D'autres avis à venir bientôt : Cynthia, Géraldine, Aifelle et peut-être Pickwick ?

Je remercie les éditions XO pour cet envoi.

mardi 30 mars 2010

Questionnaire de Proust

Taggée par tulisquoi, je me prête au jeu du questionnaire de Proust.

Le principal trait de mon caractère. Ma sensibilité qui me joue encore des tours...

La qualité que je préfère chez un homme. Qu'il soit compréhensif.

La qualité que je préfère chez une femme. Tout simplement qu'elle soit elle .. pas de supercheries.

Ce que j’apprécie le plus chez mes amis. Qu'il ne jugent pas et qu'il fassent preuve de tolérance et d'ouverture d'esprit.

Mon principal défaut. Ne pas avoir confiance en moi.

Mon occupation préférée. Laisser mon imagination galoper hors des sentiers battus.

Mon rêve de bonheur. Réponse très égoïste : pouvoir mener une vie comme tout le monde : pouvoir faire du vélo avec mes filles ou une randonnée...

Quel serait mon plus grand malheur ? Ne plus croire aux lendemains.

Ce que je voudrais être. Une personne comme tout le monde... plus d'handicap, plus d'invalidité, plus de douleurs.

Le pays où je désirerais vivre. La Bretagne n'est-elle pas un pays à elle seule?

La couleur que je préfère. Le bleu-gris du ciel et de la mer

La fleur que j’aime. L'arum

L’oiseau que je préfère. Les fous de bassan

Mes auteurs favoris en prose. Je passe...

Mes poètes préférés. Baudelaire

Mes héros dans la fiction.
Oui-Oui? Ah c'est pas un héros? mince!

Mes héroïnes favorites dans la fiction. Fantômette !

Mes compositeurs préférés. Brahms et Miossec ( oui, Miossec est un compositeur)

Mes peintres favoris. Rembrandt.

Mes héros dans la vie réelle. Les personnes qui aident ou rendent service sans demander un retour...

Mes héroïnes dans l’histoire.
Définition du Larousse : un héros (et donc une héroïne) est une personne qui qui se distingue par des qualités de courage ou des actions exceptionnelles, par son courage face au danger. Donc, par définition, beaucoup de femmes sont des héroïnes ( s'occuper des enfants, faire les courses, préparer les repas, surveiller les devoirs ...)

Ce que je déteste par-dessus tout. La méchanceté gratuite .

Personnages historiques que je méprise le plus. Pas besoin de remonter le cours de de l'histoire , il suffit de piocher parmi les politiques.

Le fait militaire que j’admire le plus. Je passe...

La réforme que j’estime le plus. No comment

Le don de la nature que je voudrais avoir. Etre très douée de mes mimines et savoir chanter !

Comment j’aimerais mourir. Je n'y pense pas...

État présent de mon esprit. Ohlala, que de questions!

Fautes qui m’inspirent le plus d’indulgence. Je ne sais pas...

Ma devise. J'en ai deux ...Carpe Diem et Haut les coeurs !

Qui veut être taggé à son tour ? C'est gratuit !!!Offre promotionnelle jusqu'à 20h00 ce soir...

Astrid Eliard - Nuits de noces



Un recueil de six nouvelle sur les nuits de noces, celles où les époux sont censés garder un souvenir impérissable.

A la lecture de la première nouvelle « un petit paradis », j’ai franchement rigolé. Le couple passe sa nuit de noces perché dans une cabane dans les bois (très tendance en ce moment) sauf que la mariée n’est pas trop du genre à apprécier les petites bêbêtes. Dans « l’hôtel du bois » (la deuxième nouvelle), la mariée est frigide et l’hôtel bon marché…

Vous l’aurez compris : ces nuits de noces ne vont pas se passer comme prévu.
Sauf qu’on tombe trop souvent dans de l’humour lourd, chargé. Et là, je n’ai plus souri du tout…

Le meilleur pour la fin ? Oui heureusement ! Le recueil se termine une nouvelle piquante et acerbe.

Dommage que l’auteur ait voulu en faire de trop. Et, je reste avec l’impression d’une comédie surchargée en gags …

Je remercie les Editions Mercure de France pour cet envoi.

lundi 29 mars 2010

Milena Agus - Battement d'ailes



La narratrice de 14 ans tient un journal où elle parle de sa famille et de ses voisins. Comme dans « mal de pierres », nous sommes en Sardaigne dans « un monde à part qui semble repousser le progrès en se drapant de ses genévriers enchevêtrés et épineux, ses rochers et ses vagues puissantes ». Il n’y a pas que cet endroit qui semble hors norme mais aussi les quelques habitants de cette terre convoitée par les promoteurs immobiliers. Il y a Madame qui refuse de vendre sa maison où elle tient des chambres d’hôtes. Madame aux amants multiples, mais en quête de l’amour, Madame qui croit en la magie blanche comme dans une force puissante. Femme libre, fantasque et toujours la main sur le cœur qui faisait peut-être la putain. Qu’importe, la narratrice et son grand-père l’apprécient car justement est différente, singulière. Il y a les autres voisins : croyants et pratiquants qui la regardent d’un mauvais œil.

Que dire ? Que c’est un livre d’une beauté délicate et pure. C’est avec plaisir que j’ai retrouvé la plume si sensible de Milena Agus. Elle nous dépeint avec grâce et poésie des êtres qui ne vivent pas pour les apparences et qui semblent aller à contre-courant. Des personnes qui semblent souvent décalées, atypiques mais qui sont entières, attachantes.

Il suffit juste de se laisser porter par l’écriture, de fermer les yeux et l’on se prend à rêver , à voyager. Un livre qui m’a beaucoup touché et qui m’a laissé des étoiles plein la tête…

D'autres avis chez BOB

« Sans la magie, la vie a un goût d’épouvante »

dimanche 28 mars 2010

Milena Magnani - Le cirque chaviré



Branko débarque un soir au volent de son camion dans un campement de Rom. Lui, le hongrois, il transporte dans ses cartons un cirque, vestiges et souvenirs de la vie de son grand-père. Mal accueilli par les adultes, les enfants papillonnent autour de lui, curieux d’apprendre l’histoire de ce cirque le Kék Cirkusz. Le chef du campement veut que Branko se débarrasse de ses cartons. Un cirque ? Comme s’ils en avaient besoin eux qui survivent parmi les ordures dans leurs baraques de misère. Les enfants vont l’aider à le cacher. Avec ses propres mots, teintés de regrets ou d’espoir, il va leur raconter la vie de son grand-père Nap apó et remonter le cours de l’histoire : trahison, déportation des Roms pendant la seconde guerre mondiale, vengeance. Son récit s’inscrit dans un décor peu reluisant : le quotidien misérable de ces hommes et de ces femmes.

Parler de vie serait indécent. Sans fioritures, ce livre nous plonge dans les conditions d’existence des Roms. Eux qui ne gardent comme trace de leur pays d’origine que leur langue et des souvenirs.

L’auteure met le doigt là où ça fait mal dans notre beau monde. Bien plus que la transmission des souvenirs par la parole, une question est posée. Que réserve t’on comme avenir à ces gens déracinés depuis bien longtemps ?


Ce n’est pas un coup de cœur mais cette lecture m’a interpellée.

« Je l‘ai toujours entendu désigner comme « campement de baraques », mais en réalité ce n’est un grumeau. Un caillot que le destin a sans doute écarté du flux inexorable du bien-être. »

Thérèse... petit jeu d'écriture

Gwénaëlle organise un petit jeu d'écriture. La consigne : prendre les dix derniers titres que l' on a chroniqués sur notre blog (ou que l' on a lus ). A l’aide de ces titres, écrire une histoire courte, un paragraphe, une chanson, un poème, un mode d’emploi (

Quel bonheur d'avoir écrit, merci Gwen!

Alors, bonne lecture !


Tout au long de l’année, je suis tranquille avec Thérèse. On est un vieux couple, et puis on a nos petites habitudes. Le matin, je laisse Thérèse à son ménage et à ses mots croisés. C’est sa passion, tous les jours, elle cherche des mots d’un air sérieux et appliqué. Je descends à la plage. Notre maison surplombe une petite plage pas celle qui est indiquée par l’office du tourisme et où tous les touristes viennent s’entasser l’été. Je me promène un peu le long des sentiers au bord de la maison. C’est qu’à mon âge, on se fatigue beaucoup plus vite Je ne m’éloigne jamais bien loin. Arrivé à la cabane d’Hippolyte, je rebrousse le chemin. Je passe à côté de la serre aux orchidées. Il n’en reste plus grand-chose. Les gamins qui s’y aventurent, ils s’y coupent avec tous les débris de verre. Il paraît qu’ils l’ont rebaptisée le magasin des suicides. Ah ben ça, c’est un nom !

Une fois rentré, je trouve souvent la voisine chez nous. Elle pavoise et surtout vient se faire payer à l’œil le café, j’écoute ce qu’elle raconte et ça me fait bien rire. Thérèse boit ses paroles, alors l’autre évidemment, elle en rajoute exprès. Je ne l’ai jamais aimé cette bonne femme, une fouineuse, une de ces femelles acariâtres à la langue pendue. D’ailleurs, je me demande si sa salive n’est pas toxique comme du venin. Il faudrait faire attention à ses postillons qu’elle propulse dans l’air à chaque fois qu’elle ouvre la bouche. En plus, elle se permet de se mêler des affaires qui ne sont pas les siennes. Je ne suis pas sourd, j’entends bien quand elle dit à Thérèse :

-Tu devrais penser à toi maintenant. Regarde-moi, je pars en vacances chez mon fils …Tu verrais comment ça fait du bien de voir autre chose et puis, on a le bien le droit de penser un peu à soi à notre âge. Hein ? Pour l’aller, je vais avec mon fils et pour le retour je fais Paris-Brest en train.

Elle n’attend pas la réponse de Thérèse, oh non, elle pioche dans boîte en fer à gâteaux et avec un air prétentieux, elle nous décrit pour la centième fois comment c’est beau chez son fils. Et elle mouline des bras, c’est qu’une fois lancée dans sa tirade, on en a pour un bon bout de temps ! Quand elle a bu son café, elle remue l’anse de sa main ridée pour que Thérèse la resserve. C’est un vrai moulin à paroles, une locomotive de la vanité et des exagérations ! Du canapé, je baille pour lui faire comprendre que ce sont des foutaises. Alors, elle me regarde avec ses yeux de pie et parle d’un ton plus bas pour pas que j’entende. Je suis plus tout jeune, c’est sûr, mais je ne suis pas encore sénile.

-Mon petit-fils qui est en Amérique et bien, il a une amie ! Figure-toi qu’elle m’a dit au téléphone happy birthday grand-mère, je suis sûre que c’est une fille polie et bien comme il faut. Tu aurais dû entendre comment elle me l’a dit, ça m’a fait un grand coup dans le cœur. J’ai eu le cirque chaviré !

-Non, on dit le cœur chaviré.

-Oh, je sais… mais je préfère cette expression. Bref, pour en revenir à mon petit-fils, son amie quand elle aura terminé ses études et ben, elle voudrait qu’ils se marient. Ainsi rêvent les femmes d’aujourd’hui. C’est une autre génération…elles sont bien plus dégourdies que nous.

Thérèse sait qu’elle va nous raconter sa jeunesse, son mariage. Alors, elle lui dit gentiment :

-Marie, je dois aller promener Robert.

-Ah, comme si ce chien n’était pas capable de se dégourdir les pattes tout seul ! Tu t’embêtes avec lui !

Thérèse me regarde les yeux embués :

-Non, on est bien tous les deux. Hein, mon Robert ?

samedi 27 mars 2010

Valérie Saubade - Happy birthday grand-mère



« J'ai décidé hier après-midi de tuer ma fille. À quatre-vingts ans, cela ne va pas être facile. D'autant que je me déplace en fauteuil roulant. »

Voilà première phrase de ce livre qui est un petit bijou…

Imaginez-vous une vieille dame qui pense ces mots le jour de son anniversaire et vous obtenez le portait d’Eléonore. Ancienne pianiste, Eléonore est devenue tétraplégique suite à un accident cérébral. Sa fille Elisabeth et son mari Michel viennent s’installer dan sa maison pour l’aider et s’occuper d’elle. Une chance inouïe, me direz-vous, d’avoir une fille qui sacrifie sa propre vie pour la santé et le bien-être de sa chère mère. Sauf qu’Elisabeth n’attend qu’une seule chose : que sa mère trépasse pour hériter de la maison.

Elisabeth, animée de rancœur est bien décidée à rendre la vie impossible à sa mère. Eléonore doit subir bassesses, humiliations et d’autres actes méchants et gratuits. Femme de caractère et bien que ne pouvant ni parler ni se déplacer, elle a décidé que sa fille ne s’en tirait pas à si bons comptes… Et, même si elle n’a pas été toujours la mère parfaite, elle fait figure d’ange à côté de ses enfants (c’était oublié le fils adoré par Eléonore).

Je n’en dirais pas plus car ce livre aborde bien des sujets : la maltraitance, la jalousie, l’argent, l’amour chez les personnes âgées, l’hypocrisie.
Je cherchais du corrosif, de l’ironie et du grinçant et bien, j’ai trouvé tous ces ingrédients dans ce seul livre mené tambour battant. On sourit, on est ému et on ne voit pas le temps passer. Un style piquant, vif, un livre drôlement bien ficelé qui ne tombe jamais dans les clichés ou la caricature.

Une fin qui révèle en plus une surprise ! Bref, un gros coup de cœur à lire de toute urgence !


Lasardine a aimé elle aussi.

« Le repas du soir fut morne et sans saveur. Elisabeth déclara qu’elle était trop épuisée pour me faire manger. Léonie était rentrée chez elle, Michel me servit d’assistant. Pressé d’en finir, il me fit maladroitement avaler ma soupe, au point que j’en attrapai le hoquet.(…)Sans me laisser le temps de respirer, mon gendre enchaîna aussitôt avec une compote de pommes. (..) J’avais l’impression d’être une oie soumise au gavage."

vendredi 26 mars 2010

Joyce Carol Oates - Les femelles



Femelles comme des prédatrices en puissance.

Le moins que l’on puisse dire puisse dire, c’est que ce recueil de nouvelles déstabilise et glace le sang. Des tranches de vie de femmes de tout âge et de tout milieu social sont décortiquées et passées à la loupe. Chez elles, un instinct meurtrier va se révéler ou s’affirmer. Elles veulent se protéger d’un mari violent, ou soulager la douleur des malades, ou bien encore faire taire des clientes trop exigeantes. Sur les neuf nouvelles, une mention spéciale pour « avec l’aide de Dieu », « Banshee », « Poupée : une ballade du Mississipi », « obsession » et « ange de colère » qui m'ont fait l'effet d'un coup de poing !

De Joyce Carol Oates, j’avais lu « fille noire, fille blanche « » qui m’avait laissée un avis mitigé. Mais là, son écriture m’a ébahie par la précision et par les profils psychologiques de ces femmes. Dans quelques de ces nouvelles, elle laisse la porte ouverte au lecteur… A lui d’imaginer la suite.

Une idée de lecture piochée chez George Sand et moi.

Je remercie les éditions Points pour ce livre.

Petite PAL...en désordre



MAJ le 05/04

Carnets intimes - Sylvia Plath

Kayro Jacobi, juste avant l'oubli - Paula Jacques

Taxi - Khaled Al Khamissi

Princesse de l'ombre - Indu Sundaresan

L'odeur des pommes - Mark Behr

La moustache - Emmanuel Carrère

Robe de marié - Pierre Lemaitre

Soie - Alessandro Baricco

Mort en lisière - Margaret Atwood

Toute la mer va vers la ville - Herve Hamon

Rafael, derniers jours - Grégory Mcdonald

La princesse et le pêcheur - Minh Tran Huy

L’obscur - Jonn McGahern

Les belles choses que porte le ciel - Dinaw Mengestu

Les Années- Annie Ernaux

Nocturnes - Kazuo Ishiguro

Le joueur d'échecs - Stefan Zweig

La couleur du bonheur - Wei-Wei

Départs anticipés- Christopher Buckley

Brève histoire des fesses - Jean-Luc Hennig

L'immortel - Ranz-Olivier Giesbert

Fuck America - Edgar Hilsenrath

Ce que je sais de Vera Candida - Véronique Ovalde

Finnigan et moi - Sonya Hartnett

A quand les bonnes nouvelles - Kate Atkinson

jeudi 25 mars 2010

Françoise Sagan - Toxique



Un livre pas gai, je vous l’accorde mais qui me tient à cœur…

« En été 1957, après un accident de voiture, je fus, durant trois mois, la proie de douleurs suffisamment désagréables pour que l'on me donnât quotidiennement un succédané de la morphine appelé "875" (palfium). Au bout de ces trois mois, j'étais suffisamment intoxiquée pour qu'un séjour dans une clinique spécialisée s'imposât. Ce fut un séjour rapide, mais au cours duquel j'écrivis ce journal que j'ai retrouvé l'autre jour. »

Dans ce livre, Françoise Sagan parle de sa désintoxication à un antidouleur très puissant. Quand on prononce le mot addiction, on pense à drogue, alcool et cigarettes. Mais, on oublie trop souvent les comprimés qui anesthésient, endorment la douleur. Ceux qui à force deviennent des traites. Elle dite, elle raconte comment le corps réclame son dû. Et je me suis retrouvée en 2004… J’ai été plusieurs mois sous morphine. Les jours qui ont suivi l’arrêt de la morphine ont été durs, terribles.

Tenir, encore, ne pas craquer… ça va passer. Penser à autre chose, ne pas regarder ses mains qui tremblent, oublier sa bouche pâteuse. Essayer de dormir alors que l’on voudrait juste de quoi être apaisé. Douleur, souffrance se mélangent. Et l’état de manque terrible, atroce et le corps qui réclame sa dose chimique. . Des nuits où l’on dort peu d’un sommeil agité. Où l’on se gratte jusqu’au sang et où l’on se réveille trempé de sueur. Sur la journée, on compte les heures : une de passée, c’est une heure de gagnée. Sauf que les minutes semblent éternelles. On pleure, on crie de rage car on voudrait que ça s’arrête…Le manque disparait peu à peu et puis un jour, il n’est plus là. Le sentiment d’avoir gagné une bataille même si l’on se sent encore fragile.

Des textes beaux, durs et où tout est dit, illustrés par des croquis et des dessins poignants.

Tanguy Viel - Paris-Brest



La parution de ce livre avait entraîné sur son passage une frénésie, une effervescence assez inhabituelle à Brest. Sur toutes les lèvres, dans tous les lieux, une seule question revenait « alors, vous avez lu Paris-Brest de Tanguy Viel ? ». S’en suivaient des commentaires élogieux. J’avais retenu que l’auteur décrivait sans concession les habitudes de ces familles qui arpentent la rue de Siam , le cours d’Ajot et qu’il jetait le pavé dans la mare familiale. Trop imprégnée de tout ce qui avait pu être dit sur ce livre, je m’attendais à autre chose. Et, mon avis avait été très mitigé.

Comme c’est un livre qui fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs du Télégramme, je l’ai relu.

Le narrateur, Louis, revient à Brest après être parti à Paris durant trois ans où il a écrit un livre. Entre présent et passé, on apprend l’histoire de sa famille. La grand-mère devenue riche après une rencontre au Cercle Naval, l’appartement avec vue sur la Rade, sa mère qui guette l’argent qu’elle héritera, le père accusé d’avoir détourné de l’argent et obligé de démissionner de son poste de vice-président du club Brestois, son copain Kermeur une mauvaise fréquentation selon sa mère. Ses parents exilés à Palavas-les-Flots à cause du scandale, Louis restera à Brest. Puis, l'occasion pour Louis de partir à Paris et se défaire, d’écrire son histoire après un mauvais coup effectué avec le fils Kermeur.

Et là, le style très parlé de Tanguy Viel m’a plongée dans une atmosphère où je me sentais bien. Parce que ce qu’il écrit se juxtapose à Brest, les apparences jouées dans ce théâtre où chacun connait on rôle sur mesure. Rien n’a changé, le dédain s’affiche toujours sur des visages hautains, fiers car le père ou le mari est Officier de Marine. Et enfin , il y a l’argent et les quand dira-t-on, et l’on s’imagine croiser à l’angle d’une rue le fils Kermeur.

Mon bémol sur l’intrigue est compensé par le style, qui cette fois, m’a conquise. Ironie teintée de vitriol pour décrire les mœurs et l’hypocrisie qui compose avec une écriture très vivante comme pour rendre hommage à la beauté naturelle de la côte.

D'autres avis : Zarline, Antigone... et bien d'autres à venir dans le cadre du Prix des Lecteurs du Télégramme !

« On dirait que dans la Marine, on les recrute selon le format de leur squelette, ou bien un certain type d’exercices physiques, ou bien un certain régime alimentaire, a fini par sculpter leur corps de cette même taille longiligne et curieusement aviaire, oui c’est ça, ils ressemblent, c’est exactement ça, à des oies, à des dindons ou à des canes, et les enfants par dizaines, car on fait beaucoup d’enfants dans la Marine, font autant de petits canetons »

mercredi 24 mars 2010

Véronique Olmi - Sa passion



Hélène, la trentaine, auteure se rend à un salon du livre. Elle aime un homme marié, un homme qui ne peut pas bien entendu quitter sa femme, à cause des enfants, de la maison à payer. Même si elle l’a quitté, il lui envoie un SMS . Dans sa chambre d’hôtel, froide, impersonnelle et anonyme, elle décide de l’appeler. Il rit, il ose se moquer d’elle, elle comprend que jamais cet homme ne sera à elle. Des souvenirs d’enfance lui reviennent en mémoire, elle, la fille d’un maçon et que l’on « prêtait » à une cousine riche qui n’avait pas d’enfants. Et Patrick, son amant qui se sert d’elle quand il en besoin… Alors, que c’est l’homme de sa vie. Elle n’a plus rien à perdre et décide d’aller le voir.

Quand on lit cet auteur, on ne s’attend pas à une histoire aux couleurs acidulées. Ces personnages sont entiers, extrêmes. Elle n’effleure pas du bout des doigts les personnalités ou les sentiments. Elle creuse, elle les met à nu et ça donne un livre comme « sa passion ». On pressent qu’Hélène est au bout du rouleau et que la fin ne sera pas comme dans les contes de fées. Ce livre est un livre choc par l’écriture, une écriture forte, qui déborde comme cet amour irraisonné… et j’ai aimé !
« (…) L’homme de sa vie ne l’avait pas choisie, l’homme de sa vie avait une autre vie, plus remplie, plus chère, une vie de patriarche, de mari coupable, de mari de carte bleue, mais il se trompait. C’est à elle qu’il appartenait. »

Merci à Miss Cynthia de m’avoir prêté ce livre. Nos avis divergent, pour moi, ce livre traite d’une passion dévorante qui ronge, qui consume et qui sera fatale.
Cynthia y a vu un portait sombre et déprimant.

mardi 23 mars 2010

Anne Duret - La serre aux orchidées



Anne Duret, l’auteur, m’avait contacté par mail au sujet de son livre. Tulisquoi , également contactée, l’a lu et me l’a expédié. J’ai accepté cette lecture en étant passée (trop) rapidement sur la quatrième de couverture.

« C’est au fond d’une vieille malle que Clara, jeune chercheuse en biologie, découvre un jour une lettre dont elle retiendra cette phrase énigmatique qui la bouleverse au plus profond d’elle-même : « Du plaisir naitra la Vie Nouvelle. » Bien décidée à percer le mystère de ce message, elle va se retrouver au fin fond du Vietnam, dans une serre pas comme les autres, un lieu spécialisé dans l’hybridation des orchidées et la recherche d’espèces nouvelles, mais aussi école d’enseignement spirituel.

Clara, la belle « ésotouriste » en quête de recettes magiques, va se trouver confrontée au miroir sans concession de son être vrai. Elle va peu à peu prendre conscience de ce qu’elle est : une handicapée du plaisir, une femme fragile qui cache depuis trop longtemps ses difficultés.

Comment réussir à dévoiler sa propre féminité par l’achat d’une robe, comment oser un port de nuque tout en s’essayant aux talons hauts, comment répondre au désir charnel et avancer pas à pas vers son propre plaisir…

D’audaces en ravissements, de rebondissements en découvertes, l’auteur dans ce premier roman nous offre un nouvel espace de sensualité vraie, un précieux recueil de confidences féminines, un condensé de ces petits dépassements de soi nécessaires à l’épanouissement d’une femme dans son plaisir et sa sexualité. »

Une préface rédigée par Bernard Montaud, fondateur de la psychanalyse corporelle, ayant eu comme élève Anne Duret et où il est question « de cette magnifique route effectuée de la femme à la femelle radieuse » et de la dimension spirituelle de l’amour.

Un peu refroidie, parce cette notion de spiritualité, j’ai entamé ma lecture. Je n’ai pas aimé ce livre qui fait l’éloge d’un ésotérisme, d’un mode de pensées, et qui les préconisent comme solution. Voie Spirituelle, Rayonnement intérieur sont des mots qui reviennent sans arrêt et alourdissent le récit. De plus, le personnage de Clara (pas moi mais l’héroïne) et histoire sont peu crédibles.

Pour ma part, je n'y ai pas trouvé ni sensibilité, ni sensualité, mais une description de l'acceptation de vivre pleinement sa sexualité pour mieux vivre. Je n’adhère ni aux trois plans de conscience cités dans ce livre : le moi, le nous et le je, ni à d’autres énoncés liés à l’épanouissement de la personne.

Un premier livre sûrement cathartique pour l’auteur mais où le style manque de fluidité et de limpidité.

« Mme Violet poursuivit : « jouir est un droit élémentaire, ou un devoir absolu, comme vous voulez. Jouir changera tout. Jouir assiéra la place des femmes dans la société. Sa, la jouissance, il manquera toujours quelques chose à la puissance féminine. »

Le billet de tulisquoi et bientôt d’autres avis chez BOB.

Jean Teulé - Le magasin des suicides



Au jeu des sept familles un peu particulières, je vous présente Les Tuvache. Certains sont artisans de père en fils, et bien chez eux, on est commerçant depuis dix générations. Pas en peinture ou en charcuterie, mais en suicide ! Chez eux, vous trouverez tout ce qu’il faut pour réussir votre suicide. Imaginez-vous, vous hésitez entre la pendaison ou la mort par poison, Monsieur et Madame Tuvache vous guident et vous orientent dans votre choix. En tant que commerçante, Mme Tuvache sait caresser le client dans le sens du poil, elle ne vous dira pas au revoir mais adieu. Eh oui, un client qui vient chez eux ne revient pas. Leur fils ainé est un modèle : anorexique, dépressif à souhait et qui passe son temps enfermé dans sa chambre. Leur fille est inutile et se lamente. Le tableau de la famille Adams ! Mais hélas, le petit dernier Alan est un enfant souriant, optimiste et qui aime la vie. Un vrai désespoir pour ses parents car ce petit ange va bouleverser leur vie.

Des portraits ciselés dans l’humour noir avec des petits détails piquants : le soir, on se souhaite de faire des cauchemars. Un anniversaire ? C’est un an de moins à vivre. Dans la cité des Religions Oubliées où vivent les Tuvache, le suicide n’est pas tabou. Autant de descriptions et d’allusions qui m’ont fait sourire sur un sujet difficile. Car Jean Teulé manie avec brio cynisme et dérision pour dénoncer l’absurdité d’un tel monde. Une lecture truculente !

C’était une lecture commune avec la Miss Cynthia, et pour moi une relecture. Vous trouverez également plein d’autres avis chez BOB et sur le net.

lundi 22 mars 2010

Marie Le Drian - la cabane d'Hippolyte



Joséphine est née dans une famille limitée qui n’a pas d’envergure. Une mère castratrice, un père qui noie son quotidien au bistrot et une tante qui ne jure que par la thalassothérapie. Joséphine n’a jamais eu aucun droit, pas droit d’aller plus loin que les ronces du fond du jardin et se d’amuser avec les enfants. Pas le droit au rêve non plus. Sa mère se décharge sur elle : va trier les légumes et les fruits. Allez, va, dépêche toi, t’es en retard. Aucun geste ou signe d’amour dans la famille. Tiens toi droite, et dépêche toi, les cerises n’attendent pas. Toujours trier du matin au soir. Seules concessions accordées : des cours par correspondance pour devenir institutrice et une cure de thalasso offerte par sa tante pour redresser son dos. Joséphine ne peut pas enseigner. Debout sur l’estrade, elle perd tous ses moyens, elle panique. L’éducation Nationale va la charger d’une mission. Aller dans le sud Finistère et comprendre pourquoi il y a une querelle entre les deux écoles, la privée et la laïque. Ce travail
c’est l’occasion de s’enfuir, d’apprendre à vivre par elle-même et de s’assumer.

Le personnage de Joséphine m’a touchée… Elle sait qu’elle est différente. D’ailleurs, à force de l’entendre répéter par sa mère et sa tante, elle s’est repliée un peu plus dans sa bulle. A fréquenter les habitants de ce village du sud Finistère, elle va commencer à prendre de l’assurance avec maladresse et impairs. Mais, le livre m’a laissée sur ma faim… Par contre, j’ai aimé l’écriture particulière de Marie Le Drian.

« Mes mains tremblent. Je ne me sens pas très bien. La personne limitée, je le sais, est comme une éponge. Elle accueille les sentiments des autres

L’avis d’Yvon qui m’a prêté ce livre, et celui de Sylire également.

dimanche 21 mars 2010

Kressmann Taylor - Ainsi rêvent les femmes



Je suis très friande de nouvelles mais là je n’ai pas accroché à ce recueil de Kressmann Taylor. J’ai lu ces cinq nouvelles au style limpide mais je ne n’y pas trouvé de sensations ou d’émotions. Les mots, les situations ont glissé comme si j’étais étanche ou imperméable. Ces portraits sont pourtant bien décrits… Mais les personnages ne m’ont pas interpellée.

Canel a aimé, elle y a trouvé de la sensibilité et du charme. Ce livre fait partie de l’énorme pile de livres que Canel m’a prêtée samedi dernier !

samedi 20 mars 2010

Stefan Zweig - Vingt-quatres heures de la vie d'une femme



Début du vingtième siècle, le narrateur séjourne dans une pension de famille « bien comme il le faut » sur la Côte d’Azur. Un jeune français, vient y passer quelques jours. Tout monde succombe à son charme, il est raffiné, courtois, attentif avec tout le monde. Mais quelle surprise quand Mme Henriette, mariée, mère de deux filles s’enfuit avec ce jeune homme! Les langues se délient contre cette femme indigne sauf notre narrateur qui y voir un geste passionnel. Et là, je dis, merveilleux Stefan Zweig ! Car cette mise en scène n’est qu’un prétexte pour aborder un autre sujet. Madame C. une vielle dame anglaise, émue de voir le narrateur comprendre l’acte de Madame Henriette va se confier à lui.

Ce livre est une merveille, une description du coup de foudre, de la passion qui fait tourner la tête et tout abandonner mais aussi d’une passion plus dangereuse, celle du jeu. Stefan Zweig décrit un homme pris, possédé par la fièvre du casino. Et à travers l’observation des mains de cet homme, on ressent l’espoir, l’inquiétude, la joie, la folie engendrée du jeu. Ses mains deviennent des êtres à part entières soumis aux pulsions, aux tensions et aux émotions les plus fortes, les plus extrêmes. Madame C. va vouloir, en tout bien tout honneur, sauver cet homme de cette passion destructrice. Mais elle va s’éprendre de cet homme, de cet amour aveugle et têtu qui se moque de la raison, des convenances.

Du grand art… sublime et magistral ! Et j’ai succombé à cette lecture sans aucune retenue. Je n’étais plus lectrice mais j’étais à la table de ce Casino, le regard anxieux, les mains tremblantes, le cœur qui bat la chamade. Ma respiration saccadée et haletante, s’accordait à la roulette et aux bruits des pièces jetées sur le tapis… j’attendais, je priais et j’espérais. Puis, le sang m’est monté aux tempes, le désir de gagner, cette obsession plus forte que tout et qui vous fait tout oublier.

« Ce sont les mains, toutes ces mains, claires, agitées, ou en attente autour de la table verte, toutes ont l’air d’être aux aguets, au bord de l’antre toujours différents d’une manche, mais chacune ressemblant à un fauve prêt à bondir, chacune ayant sa forme et sa couleur, les une nues, les autres armées de bagues et de chaînes cliquetantes ; les unes poilues comme des bêtes sauvages, les autres flexibles et luisantes comme des anguilles, mais toutes nerveuses et vibrantes d’une immense impatience »

C'était une lecture commune avec la Miss Cynthia et Manu !

vendredi 19 mars 2010

Roxanne Bouchard - Whisky et paraboles



Elie s’enfuit. Elle part et s’installe dans une maison au fond des bois. Elle veut construire un nouveau chapitre à sa vie, avancer, ne plus regarder derrière elle. Se reconstruire et bâtir du neuf, faire table rase de ses amours ratés, de ses appréhensions. Elle écrit, et du statut de lecteur on devient confident. Elle fait la connaissance de Richard, chanteur qui préfère vivre sa passion loin des tumultes. Mais Richard, c’est aussi celui qui reçoit des centaines de lettres de femmes qui envahissent sa maison. Il ne les ouvre pas parce « lire une lettre d’amour, c’est s’engager à quelque chose ». Il y a aussi Manu, l’Amérindien déraciné qui cherche sa place et puis la petite Agnès. Une enfant de 8 battue par sa jeune mère alcoolique et à laquelle Elie va s‘attacher.

Un livre qui m’a happée, et dont je n’ai pas pu décrocher ! Merveilleux, magnifique et les mots me manquent parce que c'est un livre qui prend au cœur, aux tripes, et qui dégage une harmonie. Celle de la musique, de la nature.
Tous les personnages sont importants et nous apprennent quelque chose. Une sensibilité omniprésente et je l’ai lu en apnée totale, la gorge serrée, les yeux brillants de bonheur.

De la poésie, des phrases belles et mélodieuses, on oscille entre le conte et la parabole : des sylphides qui suivent une joueuse de flûte, l’importance de trouver sa voie …
« C’est quoi la différence entre un conte et une parabole ?
Le conte c’est du mensonge
»

J'en suis encore toute chamboulée! Et c’est un gros coup de cœur !

Juste une phrase pour vous montrer comment l’écriture de Roxanne Bouchard est belle :
« Il a ouvert la porte et elle est partie sans le regarder, se draper vainement, des lambeaux d’orgueil déchiré qui s’effilochaient dans sa démarche titubante. »

Un énorme merci à Canel qui m’a prêtée ce livre sublime ! A lire... absolument!

jeudi 18 mars 2010

Philippe Delerm - Enregistrements pirates



Enregistrements pirates ou des textes courts comme sait si bien les écrire Philippe Delerm.

On ne lit pas Philippe Delerm, non, on déguste ses phrases à la manière d’un mets raffiné. On savoure chaque mot, chaque description. Aves sa grâce habituelle, une bribe de phrase happée ici ou là, un tableau, une situation deviennent des instants de plaisirs extatiques. Saveurs succulentes, teintes acidulées ou flamboyantes, et toujours cette finesse exquise … on en redemande encore !

Pour ceux qui ne l’auront pas compris, j’adore. Se replonger dans ses livres, piocher un texte et succomber à son écriture …du pur bonheur !

Ceux qui ont aimé « la première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules » ou « Dickens, barbe à papa et autres nourriture délectables » seront enchantés, transportés par le charme.

Catherine Cusset - Un brillant avenir



Un roman construit sur deux générations, entre l’Amérique, le pays où le rêve est possible et la Roumanie de Ceausescu. Deux pays, deux mondes différents et gagner la liberté que représente l’Amérique sera un parcours difficile. Elena, appelée Lénoush, est élevée par son oncle et sa tante. Elève brillante, gaie et pétillante, Elena tombe amoureuse de Jacob qui est Juif. Contre l’avis de ses parents, elle se marie avec Jacob. Le but d’Elena but est tout tracé. Pour avoir une vie meilleure, il leur faut fuir la Roumanie et s’installer aux Etats-Unis. Expatriée, et comme pour oublier son passé, Helena se fait appeler Helen. Helen et Jacob ont « réussi » selon les normes et tous leurs espoirs se portent sur le leur fils Alexandre. Mais quand, Alexandre va rencontrer Marie, une jeune française indépendante, Helen aura l’impression que tout ce qu’elle a construit, tout ce qu’elle a fait pour son fils est train de s’écrouler.
Au lieu d’être une suite chronologique des événements, l’auteur nous promène entre le passé d’Elena en Roumanie et sa vie actuelle aux Etats-Unis. Et, j’ai eu le sentiment d’avoir à faire à deux femmes différentes ! Elena est vive, tolérante alors qu’Helen se montre très possessive envers son fils. Au fil des pages, la vie d’Elena se déroule : les conditions de vie sous Ceausescu, l’exil, la haine envers les juifs….Et on comprend, pourquoi Helena est devenue Helen.

Hostile envers Marie, elle reproduit le même rejet que ses parents. Car Helen n’a qu’une seule peur, celle que son fils doive à son tour passer par les mêmes problèmes qu’elle a rencontrés. Un livre juste qui retrace les espoirs et les difficultés d’un parcours. Et je l’ai terminé remplie d’admiration pour cette femme qui n’a jamais cessé d’aller de l’avant.

Une histoire très belle sur l’amour, celui d’une femme et d’une mère, sur la tolérance et la famille.


Les avis de Canel, Leiloonna et de Stephie. D'autres billets à venir car c'est une sortie poche.

mardi 16 mars 2010

Une enquête sur nous !

Antoine fait un enquête sur nous. Oui nous ! (pas le voisin) et au titre très sérieux : "l'influence des blogs littéraires sur la vente des livres".

Il passe nos habitudes de bloggeur ou de bloggeuse au microscope, il décrypte nos comportements ...Eh oui, qui n' a jamais cédé à l'achat suite à la lecture d'un avis un coups de coeur sur un blog?

Il y a d'autres questions très intéressantes : achetons-nous des livres repérés sur les blogs? Comment rédige-t- on nos avis quand un livre nous est offert gracieusement? Pourquoi allons nous sur certains blogs et pas d'autres?...

On fonce chez Antoine !

Hakan Bravinger - Mon cher frère



Quatrième de couverture

Stockholm, 1913.
Le criminologue Andreas étudié les méthodes de la psychologie des tueurs et des voleursprépare un livre d'entretiens avec des détenus condamnés à de longues peines.
L'angoisse de la page blanche l'empêche pourtant d'achever ce livre révolutionnaire, l'œuvre de sa vie.
Comment vivre avec le sentiment de sa propre nullité ? Comment se mesurer à un frère aîné, le célèbre psychanalyste Paul Bjerre, familier de Freud, convaincu, lui, d'être un surhomme ? La haine fraternelle qui l'unit à Paul ronge Andreas.
Une femme fait pourtant tout pour le sauver.
Madeleine.
Mais en voulant à tout prix être la messagère qui réconciliera les deux frères, ne court-elle pas elle même à sa perte ? Construit en partie sur des documents et des lettres, le roman de Bravinger orchestre magistralement la musique amère des âmes torturées avec la rumeur d'un monde en plein bouleversement.



Le livre débute en 1925 par le suicide d’Andreas Bjerre, juriste et psychologue, qui rédigeait un livre d’entretien avec des détenus condamnés à de longues peines. La suite du livre s’articule sur des lettres d’Andreas à Paul et sur leurs relations à partir de 1913. Andreas est un homme malheureux, peu sûr de lui mais qui à travers ses lettres veut démontrer à son frère, l’importance des sentiments. Paul se montre froid, distant envers Abdreas qui en souffre. De plus, Paul vous une admiration sans borne pour sa femme : Gunhild qui est la mère d’Amélie , l’épouse d’Andreas. Quand Andreas et Amélie sont se séparer, Paul et Gunhild vont accuser Andreas d’abandonner sa femme et leur fils Sören Christer. Madeleine, la meilleure amie d’Amélie, va quitter mari et enfants pour vivre avec Andreas . Sören Christer, psychopathe, sera placé en institut psychiatrique d’où il s’échappera.

Au début de ma lecture, j’étais très enthousiaste au vu de la quatrième de couverture fort élogieuse. De plus, Paul et Andreas Bjerre ont tous les deux influencés la psychanalyse par leurs travaux. Andreas, juriste suédois et psychologue a publié de son vivant un livre sur les méthodes de la psychologie des tueurs et des voleurs. Paul , psychanalyste réputé , s’est éloigné de Freud et ses idées lors du congrès de 1913 et a lui-même développé une méthode, un courant dans la matière de traiter les patients. Le livre relate bien le congrès de 1913 qui est une date clé et importante dans l’histoire de la psychnalyse.

Mon enthousiasme a vite pâti des longeurs inutiles et surtout du manque cruel d’informations de cette période charnière de l’histoire qu’est la première guerre mondiale. Ni la guerre et ses conséquences en Europe ne sont abordés ( alors que c’était indiqué sur la quatrième de couverture).
On perçoit, on ressent le mal être d’Andreas et la sévérité de son frère.Par contre, l’influence de Madeleine n'est pas détaillée . Elle aime Andreas mais elle ne va pas jouer un rôle fondamental dans les relations des deux frères. Sören Christer délaissé par ses deux parents est le canard boiteux de la famille comme son père l’a été. Considéré comme un bon à rien par son père, Andreas cherche dans l’alcool, les prostituées la confiance en soi.
Au final, une histoire de famille où la question de l’hérédité est juste effleurée et qui aurait pu, je pense, être intéressante.

Je remercie Livraddict pour ce partenariat et les éditions JC Lattes .

lundi 15 mars 2010

Véronique Olmi - Numéro six



A travers ce livre, la narratrice parle à son père. Un récit en forme d’aveu, de confession. Tout ce qu’elle n’a pas pu, ou voulu, lui dire enfant, puis adolescente, prend place dans ces textes où l’amour a dû mal à voir le jour. Un ton parfois tendre mais le plus souvent distant. La crainte, le respect envers ce père sont omniprésents : « le respect et la peur c’était pour la maison ». Elle découvre un aspect de sa personnalité à travers les lettres qu’il envoyait à sa famille lors de la première Guerre Mondiale.

La narratrice s’occupe de son père, ancien médecin Pourtant, elle était le numéro six, la dernière d’une grande fratrie : « on pensait que je naîtrais mongolienne, un bébé fabriqué avec un ovule fatigué, des chromosomes peu vaillants(…) Je n’ai pas d’illusion : la fausse couche a dû être souhaitée ».

Véronique Olmi nous peint le tableau de famille catholique, aisée, bien comme il le faut, en y ajoutant une pointe sarcastique «à la Messe, on arrive en retard pour qu’on nous remarque », « les petites pieds sont signes de noblesse ».

Je m’attendais, à vrai dire, à un livre plus virulent car Véronique Olmi sait écrire sans concession. Dommage que ce livre manque de cette touche de piquant...

Pour Gambadou, ce livre a été un coup de coeur.

dimanche 14 mars 2010

Sandro Veronesi - Chaos calme



J’avais repéré ce livre chez Sylire qui l’avait beaucoup aimé.

Au départ, j’ai été très emballée : cet homme qui perd sa femme et qui décide de passer ses journées à attendre sa fille devant son école. Après la mort de sa femme, il se raccroche à sa fille, à son équilibre précaire et fragile car ni lui, ni elle n’ont craqué. Il semble comme anesthésié. Pas de pleurs, de cris, de cette révolte quand on perd un être cher et aimé. Du matin au soir, il est dans sa voiture ou se rend au square à côté. Surtout, rester là pour sa fille pour montrer qu’il tient sa promesse. Situation incongrue qui s’éternise au fil des jours. Il ne va plus travailler d’ailleurs son entreprise subit une restructuration importante.

Tour à tour, ses collègues, son patron, sa belle-sœur, son frère viennent le voir, chacun lui racontant ses peines et ses malheurs. Lui qui se sentait protégé des autres se retrouve confident de chacun d’entre eux. Sa belle-sœur lui fait sous-entendre que sa femme n’était pas heureuse. Il va se poser des questions et chercher à savoir le vrai du faux. Il va découvrir que sa femme recevait des emails d’un homme dont il n’a jamais entendu parler.

Et là, je m’attendais à ce qu’il découvre que sa femme n’était qu’heureuse en apparence, ou qu’il ait ce déclic et qu’il crie, hurle tout son chagrin. Eh bien non !

Petit à petit, le prénom de sa femme vient moins souvent dans ses pensées et la fusion de son entreprise prend de plus d’ampleur dans le livre. J’ai trouvé que le livre s’essoufflait …

Mais il n’empêche que je l’ai lu entièrement car je voulais savoir s’il allait effectivement commencer à faire son deuil. J’avoue avoir été un peu déçue par la chute et surtout, je ne comprends pas pourquoi l’auteur a ajouté cette histoire de mails.

L’avis beaucoup plus enthousiaste de Sylire, Antigone est plus réservée, Joëlle s'en est lassée au final. Bien d’autres billets sur le Net...

Salon du livre à Rennes... le compte-rendu !




Quelle journée hier !

Eh oui, pour le salon du Livre à Rennes, il n’y avait pas que des auteurs, il a y avait aussi des bloggeurs : Canel, Gambadou, Yvon, Hilde, Gwénaëlle, Joëlle et son mari, Géraldine, Majanissa et moi.

Accueillie par Yvon et Canel qui m’attendaient sur le quai, nous avons croisé à la gare deux auteurs Hervé Bellec et Fabienne Juhel.
Gambadou (avec la grande voiture de Monsieur) nous a conduit jusqu’au Salon. Bises, présentation, entre les pseudos et les prénoms, on s’est vite emmêlé les pinceaux…
PPDA, tout bronzé ( pas à dire, à Paris, le soleil tape) faisait un discours.

Yvon était comme un poisson dans l’eau entouré de toutes les bloggeuses mais surtout il connaissait pratiquement tous les auteurs ! Avec Canel, j’ai fait un premier tour de salon et c’était déjà l’heure du déjeuner. Manger, papoter, échanger nos points de vue sur les livres, nos expériences dans la blogosphère, et nous revoilà de retour au salon.

Nous avons marché, piétiné, et attendu Hervé Le Bellec et Fabienne Juhel que finalement nous n’avons pas vu. J’étais très enchantée d’avoir pu discuter avec Hervé Hamon qui m’a promis la prochaine fois qu’il vient à Brest de venir boire un café avec moi. Pareil pour Claude Bathany qui a lu ma nouvelle « un air de chérubin » et qui m’a félicitée (j’étais toute gênée par ses compliments…). Isabelle Ménétrier est une auteure très sympa également : elle a noté nos blogs pour venir y faire un tour.

C’était le compte-rendu officiel car il y a un ... officieux avec les potins et les fous rires !

Canel très à l’aise devant Philippe Grimbert et sourire aux lèvres lui dit « Bonjour, c’était très bien hier soir ! ». Fichtre, Canel avait-elle passé la soirée un nuit de folie avec lui ? Alors, qui veut savoir ? Elle avait assisté à sa conférence la veille…. Désolée pour le faux scoop.
Géraldine éblouie par le bronzage de PPDA est passée je ne sais combien de fois devant son stand. D’ailleurs, il lui a donné son adresse perso pour une future interview… Oui, vous avez bien lu ! Affaire à suivre….

Les fous rires quand Canel a failli prendre un autre auteur pour Hervé Hamont ou quand Majanissa et moi-même avons fait la même gaffe (Lazardine). Sinion, j'ai fait fort : je me suis rendue rendue compte trop tard que Gwénaëlle était Gwénaëlle avec qui j'échange par mail ( honte à moi...!)
Majanissa ne parle plus de PAL mais de PDH (Pile De la Honte ) avec ses 200 livres en attente ..

Des regrets, la journée a passé trop, trop vite alors je n’ai pas eu trop le temps de discuter avec Hilde, Joëlle, Gwénaëlle et Gambadou… Et on aurait bien aimé que katell et Sylire soient présentes.

J’ai été très gâtée : Canel et Yvon m’ont prêté plein de livres, et une surprise : Canel m’a offert« les années » d’Annie Ernaux (merci !). Hervé Hamon m’a dédicacé « toute la mer va vers la ville » seul achat que je me suis autorisé hier.


Et dans le train du retour, nous avons encore papoté avec Majanissa (d’où un mal de gorge aujourd’hui)

Attention ! Sur certains blogs, vous verrez nos têtes car il y a eu des photos du groupe de prises…

jeudi 11 mars 2010

Christian Authier - Enterrement de vie de garçon



Enterrement de vie de garçon. Non pas la fête entre amis où l’on s‘amuse et où l’on on arrose la fin de célibat du futur marié.

Ici, le marié épouse la mort laissant à son meilleur ami tous les souvenirs de leur jeunesse. A travers son regard, ce sont toutes années 80 et 90 que l’on revit… Les grands évènements de ce monde, les chansons qui déferlaient à nos oreilles et tous les idéaux que l’on avait en tête. Jeunesse insouciante éprise de rêves et d’un monde meilleur.

Eric, malade, sera le témoin de ces années là, entrecoupées par les séjours à l’hôpital et toujours cette soif, cette passion pour le septième Art.

Une belle histoire d’amitié entre deux amis tissée avec des mots simples et justes. Ceux qui transportent tant d’émotions et de pudeur…

Audouchoc a été chamboulée par ce livre (c’est elle qui m’a donné l’envie de le lire).

« Des portes se sont fermées. Nous avons beau passer et repasser devant, nous avons perdu les clefs. Si les chemins d’autrefois nous sont interdits, comme des vêtements trop petits que l’on ne peut plus enfiler, ceux de demain n’auront même pas existé. Ces vies heureuses que nous avons ratées, que sont-elles devenues ?"

Alain Emery - Divines antilopes



Si Yvon ne m’avait pas prêté ce livre, je serais passée à côté de ce recueil admirable de nouvelles et je m’en serais mordue les doigts…

Vingt nouvelles où Alain Emery à coups de canifs savamment portés, nous promène à travers la galerie des défauts humains. Vanité, orgueil, intolérance, cupidité, égoïsme…chaque nouvelle traite d’un ou plusieurs thèmes.

On y croise ceux qui licencient à tour de bras dans les entreprises et qui se délectent à la vision de la misère, un homme qui préfère fermer les yeux sur les actes racistes de ses bons clients (le profit avant tout), une star traquée jusqu’à son lit de mort par un photographe, la lâcheté d’un homme de ne pas avoir reconnu son crime commis bien des années auparavant, un Général qui a obtenu ses brillantes étoiles sans se soucier du carnage de la guerre , le vagabond qui fait le coupable idéal même s’il est innocent…

Chacun de ses textes est écrit dans l’art de la nouvelle et met en scène des personnages qui sont, la plupart du temps, sans scrupule ou état d’âme.

C’est cinglant de cette vérité peu glorieuse. Le lecteur est bousculé, il se retrouve sans voix et sonné.

Merci à Yvon (sponsor officiel de la découverte d’auteurs) pour ces nouvelles sans concession ou complaisance.

Un seul conseil : à lire !

« Dans nos petites pays, la méchanceté est une lèpre qui nous occupe. Nous sommes gens de sentence. »
« Je travaille pour le petit peuple et je veux qu’il soit heureux. Qu’il en ait pour son argent. Après tout, il ne réclame, en échange, que quelques âmes en pâture. Des vies à se mettre sous la dent, à ronger jusqu’ à l’os.»

mercredi 10 mars 2010

Kate Thompson - Créature de la nuit




Quand j’ai vu la couverture du livre, j’ai eu un mouvement de surprise. Le vert fluo du titre … très peu pour moi. Puis, à la lecture de la quatrième de couverture, je m’attendais à une histoire de revenants avec une touche de fantastique. Et, j’ai eu tout faux !

Une mère séparée de son mari et ses 2 enfants quittent Dublin pour un petit village Irlandais afin de renouer les liens familiaux. Elle espère éloigner son fils aîné Robert, quatorze ans, de ses mauvaises fréquentations (alcool, drogue, vol). La maison dans laquelle s’installe dans la famille a une histoire bien étrange : une fillette y a été assassinée des années plus tôt. Robert bien décidé à retourner à Dublin retrouver ses copains va mener la vie dure à sa mère.

Certes, Robert est un ado paumé qui se cherche. Comme il est le narrateur, on a le droit à un langage assez cru et ça m’a freiné. On est très près de la caricature de l’ado délinquant. S’il y a un personnage sur lequel je me suis attardé, c’est celui de la mère. Elle rame sur tous les fronts… Dépassée par l’attitude de son fils, elle veut que tous prennent un nouveau départ dans la vie.
Au fils des pages, le comportement de Robert va se modifier mais hélas, ça n’a pas été suffisant pour que j'accroche à cette lecture.

Maintenant, l’avis de Fifille Ado (15 ans en classe de seconde) qui l’a lu après moi et sans connaître mon opinion.
« Dès le départ, le personnage de Robert m’a agacé et j’ai trouvé qu’il y avait des longueurs. L’intrigue est bien menée mais c’est une lecture que je n’ai pas franchement aimée et qui m’a ennuyée. »

D’autres avis à venir chez BOB que je remercie pour ce partenariat

Brian Evenson - Père des mensonges



Le doyen Fochs, un homme respectable et respecté, souffre depuis peu de troubles du sommeil. Il parle d’une voix au timbre étrange, profère des paroles obscènes. Lorsqu’il vient à porter la main sur sa femme durant ses nuits agitées, elle lui demande d’aller consulter un psychothérapeute Feshtig. Durant les consultations, Fochs parle de ses rêves très étranges : une attirance pour les jeunes garçons, des actes de pédophilie. Il évoque également la scène de meurtre d’une jeune fille. Feshtig va faire le lien avec un crime commis récemment dans la communauté. Sauf que l’innocence de Fochs ne fait aucun doute pour ses supérieurs de la Corporation du Sang de l'Agneau (les Sanguistes). Une secte religieuse, très conservatrice où les membres de la communauté ont une confiance absolue dans ses représentants. Quand Feshtig va alerter les autorités religieuses, il se retrouve discrédité.

Et, je me suis retrouvée embarquée dans un livre que je n’ai pas pu lâché, habilement construite et sans aucun temps mort !

Les premières pages débutent par des correspondances entre Feshtig, son directeur et le patriarche Blanchard .D’emblée, on comprend que le cas de Fochs dérange les autorités religieuses et que chacun exige du psy un silence total.

Puis, le lecteur se retrouve dans la peau Feshtig qui pose des questions à Fochs sur ses rêves, écoute ses réponses, les analyses ainsi que son comportement. Au fur et à mesure des séances, le doute est remplacé par la conviction : ces cauchemars correspondent à des actes commis par Fochs. L’analyse psychologique est très approfondie d’où une écriture très synthétique.

Sans laisser souffler le lecteur, le narrateur devient Fochs. Et là c’est terrifiant ! Fochs se révèle être un grand manipulateur, un esprit machiavélique, pervers qui se croit investi du pouvoir de Dieu . Sa peur d’être découvert s’amenuise au fil des pages. On est écœuré de voir que Fochs use de sa position pour commettre ses actes de pédophilie sur des jeunes. Malgré les accusations, il a le soutien de ses supérieurs et sa schizophrénie s’en trouve renforcée. Entre délires et rêves hallucinatoires, il se croit missionné par Jésus lui-même.

On est dérangé face à cet homme malade, fou, calculateur et sans aucun scrupule : viols, inceste, meurtre… La position de ses supérieurs qui est d’étouffer à tout prix la vérité et d’éviter le scandale donne la nausée !

La fin « coup de poing » dénonce toute l’impunité d’un système.

Je remercie Solène des Editions Cherche-Midi, pour ce livre choc et percutant. Brian Evenson évite les écueils du glauque ou du voyeurisme. Son sens de l'analyse est tout simplement remarquable.

A lire absolument !

D’autres avis : Leiloona, Canel, Pimprenelle, Stephie

lundi 8 mars 2010

Stefan Zweig - Amok




Je viens de découvrir Stefan Zweig. Quoi ? Comment ? diront certains, « inculture » siffleront les autres d’un air dédaigneux. Peu m’importe l es remarques car je suis tombée sous le charme de son écriture. D’ailleurs, je pense qu’il est impossible de ne pas succomber à ce style, au plaisir des mots qui s’enchaînent avec limpidité, à ces descriptions dosées savamment ( ni trop ou pas assez )…

Amok ou quand la passion flirte dangereusement avec la folie pour au final n’en faire qu’un seul et même état. Trois passions obsessionnelles sont décrites sous formes de nouvelles. L’âme humaine torturée et tortionnaire est mise à nu.

L’Amok , en Malaisie, est celui qui, pris de frénésie sanguinaire, court devant lui, détruisant hommes et choses, sans qu’on puisse rien faire pour le sauver. Dans la première nouvelle, le narrateur, passager sur un paquebot se voit devenir le confident d’un homme atteint de cette démence singulière.

Lettre d’une inconnue met en scène la passion dévastatrice. L’amour irraisonné, démesuré d’une jeun fille de treize ans pour un homme. Il ignore ses sentiments qui ne vont cesser de croître dans le temps. Devenue femme, elle sacrifie tout pour cet homme qu’elle adule en silence. Elle est aimante, pardonne ses maitresses, le guette, le surveille, vit pour un regard croisé.

Dans la ruelle au clair de lune, la passion dominatrice devient humiliante, objet de vexations. L’homme subit et ne peut se défaire de celle qu’il aime. Une autre forme d’amour intervient ici également, l’amour purement charnel, plaisir de la chair que l’on achète à une prostituée.

Captivée par chacune des trois nouvelles, j’ai bu les mots de Stefan Zweig qui nous emmène explorer les tréfonds de l’âme et des sentiments. Il nous guide en douceur, jamais brusquement et c’est magnifique !

Vous l’aurez compris, c’est un grand coup de cœur !

« Mais crois-moi, personne ne t’a aimé aussi fort comme un esclave, comme un chien, avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis toujours restée ».

samedi 6 mars 2010

Livres voyageurs

Le printemps pointe le bout de son nez, c’est l’occasion pour les livres de s’aérer un peu…

Je propose non pas un, ni deux mais trois livres voyageurs :

- Les jolis garçons – Delphine de Vigan

- La grosse – Françoise Lefèvre

- Mon couronnement – Véronique Bizot

Les quelques règles à respecter que je demande sont le suivantes : ne pas encorner mes livres, en prendre soin (ne pas renverser sa tasse de café dessus ou éviter que le p’tit dernier fasse des coloriages à l’intérieur), et enfin, me tenir informée de leur voyage.

Michèle Astrud - j'ai rêvé que j 'étais un garçon



Oyez, oyez, Damoiselles et Dames qui venez au Salon du Livre à Rennes où le Gentilhomme Yvon nous fera l’honneur de sa présence.

Mon cerveau embrumé vient de réagir à l’instant…

Si quelqu’un veut que je lui adresse « j’ai rêvé que j’étais un garçon » de Michèle Astrud, qu’il ou qu’elle se manifeste par mail et par non par l’envoi d’un pigeon voyageur. Le livre sera confié aux bons soins de la Poste ce lundi.

Annie Ernaux - La place



Un livre tout en pudeur où Annie Ernaux parle de son père. Après son décès, elle a voulu relater sa vie sans chercher à provoquer chez le lecteur de la pitié ou un autre sentiment. Juste raconter les faits, les événements et dire que oui, elle a eu honte de son père.
Son père travaillait aux champs puis il est devenu ouvrier. Une rencontre et le mariage mais toujours faire attention à l’argent, économiser « au cas où ». Ses parents ont pu ouvrir un café-épicerie comme il en florissait à l’époque. Ce n’est pas pour autant qu’ils ont changé leurs habitudes. Toujours la peur au ventre de perdre le commerce et de se retrouver sur la paille. A l’âge de l’adolescence, Annie Ernaux a commencé à fréquenter des amies issues de milieux sociaux plus aisés. Poussée par ses parents à réussir dans ses études, le sentiment de honte a germé vis-à-vis de ce père qui n’avait pas d’instruction. C’était un français modeste qui faisait partie de cette classe des « braves gens ». On ne se mélangeait pas ou très peu, chacun à sa place …

Avec les années, le respect remplacera la honte. Comme dans « la femme gelée », j’ai retrouvé ce style épuré sans fioritures inutiles et où les sentiments apparaissent en toute simplicité.

Un livre intemporel où elle rend hommage à son père en toute franchise. Accepter ses origines et ses parents tels qu’ils sont permet de se construire.

« Pour rendre compte d’une vie soumise à la nécessité, je n’ai pas le droit de prendre le parti de l’art, ni de chercher à faire quelque chose de « passionnant », ou « d’émouvant ».
« On avait tout ce qu’il faut, c'est-à-dire qu’on mangeait à notre faim (preuve, l’achat de viande à la boucherie quatre fois par semaine, on avait chaud dans la cuisine et le café, seules pièces où l’on vivait ».

jeudi 4 mars 2010

Hervé Bellec - La nuit blanche



Une immersion totale et dure qui m’a rappelé bien des souvenirs…De lectrice, je me suis retrouvée à accompagner Gwen dans ses derniers jours. J’étais là à l’hôpital quand elle n’arrivait plus à respirer et que son corps s’est mis à se secouer de spasmes. L’infirmière nous a fait un signe de la tête et là, j’ai baissé les yeux, la gorge serrée d’émotions. L’envie de chialer, de pleurer des grosses larmes. De se vider de toute cette révolte, parce que Gwen c’est l’amie, la sœur, la cousine fauchée par un cancer à trente-huit ans. Hurler et crier « Gwen, reviens ! t’as pas le droit de mourir pour toi, pour tes enfants, pour ton mari, pour nous. Qu’est ce qu’on va devenir sans toi ? Hein, dis-le-moi. Qui ira se promener avec moi le long de la rade ? Ou alors plus dans les terres, là où la bruyère et les ajoncs tapissent le sol. » On était à ses cotés les bras ballants, statues pétrifiées de sel et de douleur. Ils ont amené Gwen chez elle, dans sa maison. Poupée triste au front froid à qui on allait rendre visite. Des allées et venues surtout le soir car chacun après son travail venait lui dire au revoir et témoigner sa peine à son mari. Pas besoin de longs discours, une poignée de main ou une accolade qui se terminait toujours par un mouchoir tamponné au coin de l’œil. Les hommes étaient rasés de près et sentaient encore le savon, les femmes avaient endossé leurs vêtements du dimanche. Parce que c’est normal de venir rendre hommage à celle que l’on connaissait de près ou de loin. Dans la cuisine, la cafetière fonctionnait sans arrêt. Sur la table : les tasses, des gâteaux, une bouteille de vin ouverte pour ceux qui préféraient un coup de rouge. Les enfants, on les barricadait dans la cuisine, ils auront bien le temps de voir la mort, de connaître son visage. Une cloison ou un couloir les séparait juste de l’effroyable. Ils écoutaient les voix chuchotées, les conversations qui se terminaient par un hochement de tête ou un « c’est la vie » soupiré, sans espoir.

Le lendemain ou le surlendemain, l’enterrement traditionnel : la messe avec le curé qui essaie de faire au mieux. L’église du patelin bondée, pleine à craquer et des murmures de commères qui s’élevaient de rangs « la fille d’untel est à l’hôpital …ah bon, je ne savais pas ». Le cercueil posé avec Gwen dedans, c’est ta dernière demeure, ma belle. Comment tu vas faire maintenant pour regarder le ciel, rire ou pester ?

Au cimetière, on se tenait les uns à côté des autres comme pour éloigner l’Ankou au cas où il reviendrait. Communion des habitants de la côte et de ceux des Terres, pour toi Gwen. On est allé au café du coin où il y avait des tables réservées pour la famille et les proches. Les langues se déliaient petit à petit et on commençait à reparler de la Vie…

Que dire d'autre d’un livre qui vous prend aux tripes et qui vous transporte des années auparavant ? Sans être une bretonne Bretonnante, mon sang et mes racines sont dans ce livre. Bien plus qu’un roman, c’est un témoignage beau, profond et émouvant qui nous rappelle qu’avant la mort était beaucoup plus humanisée. L’écriture d’Hervé Bellec est limpide, franche et contient à elle seule toutes les racines de la Bretagne. Une lecture dont on ne sort pas indemne...

« Le courage, la bravoure était valeur suprême dont une bonne partie d’entre nous avait été abreuvée, on peut dire engraissée, tout au long de notre jeunesse » .

« Kerascoet, deux kilomètres cinq, j’ai les jambes en coton. J’essuie m es mains moites à mon pantalon. Dès qu’on s’approche du village, les champs deviennent des jardins, les fermes des pavillons. Les géraniums dégoulinent des fenêtres du premier étage. Ici les bourgs embellissent au fur et à mesure qu’ils crèvent. »

Un grand merci à : Yvon qui m’a fait découvrir cet auteur (et à qui je demanderais, la prochaine fois, de me fournir des mouchoirs). Sylire a trouvé cette lecture éprouvante.

Harlan Coben - sans laisser d'adresse



Myron Bolitar, agent en relations publiques, reçoit en pleine nuit un appel de Terese. Un coup de téléphone en forme de SOS qui lui demande de venir la rejoindre à Paris. Terese et lui avaient eu une relation il y a sept ans, une relation d’où il était sorti le cœur en miettes. Pourquoi Terese a besoin de lui ? Pourquoi après tout ce temps ?
Myron va s’envoler pour Paris en espérant découvrir pourquoi Terese l’a laissé sept ans plus tôt. Arrivé sur place bien des surprises l’attendent… L’ex-mari de Terese a été assassiné, cette dernière est soupçonnée du meurtre mais surtout l’ADN de leur fille décédée il y a dix ans a été retrouvé sur les lieux.
Paris, Londres, New-York, Myron devra démêler le vrai du faux sur un fond de terrorisme et de manipulations génétiques.

Dès le début, Myron Bolitar m’a agacé : il est sûr de lui, il sait mieux que les autres ce qu’il faut faire…ça n’a pas été un coup de cœur entre lui et moi !
La première partie du qui se déroule essentiellement à Paris se lit facilement avec un suspense bien présent. Harlan Coben use de l’humour pour décrire son héros à Paris ce qui donne des scènes très imagées comme dans un film. J’ai peiné à terminé la seconde beaucoup plus fade, des personnages comme fatigués de leurs péripéties d’où une fin standardisée américaine avec des longueurs.

On est bien loin de « Ne le dis à personne ».

Livre lu dans le cadre d'un envoi des éditions Belfond Noir.

mercredi 3 mars 2010

Laura Gallego Garcia - L'impératrice des Ethérés



Deux lectures pour un seul et même livre « L’impératrice des Ethérés » !

Résumé : Un majestueux palais que l'on croirait sculpté dans la glace, une impératrice aussi sublime qu'ensorcelante, un monde paradisiaque où vivent des êtres purs… La légende du Royaume éthéré fascine les enfants des Cavernes, ces grottes où vivent les hommes. Mais lorsque Bipa, l'une d'entre eux, partira à la recherche d'Aer, un garçon qu'elle adore détester, elle croisera en chemin des créatures animées d'une inquiétante puissance magique. À bien y réfléchir, c'est à se demander si cette terre idéale ne cache pas un désert de givre… et de mort.

Certes, ce n’est pas le genre de livres que je lis d’habitude, certes, c’est de littérature jeunesse. Des les premières pages, la trame est déjà tissée. On devine que les points de vues de Bipa et Aer vont évoluer. Mais quand même ! L’écriture est fluide et on est bien loin des personnages mièvres ou « neuneus » des romans datant de ma jeunesse… Après la bibliothèque verte et en attendant d’avoir l’âge de lire autre chose, les rayons des bibliothèques hormis les classiques se révélaient bien vides…
Ce qui m’a plu, ce n’est pas tant l’histoire qui révèle du fantastique mais comment Bipa évolue au fil du livre. Son caractère se modifie, elle devient plus sensible et moins arrogante. Dommage que le personnage d’Aer soit moins consistant.

Un roman facile, sans grande surprise et qui se lit très, très vite.

Et, maintenant, l’avis de Fifille Ado (15 ans, en classe de seconde) :

« Avant toute chose, je souhaiterais préciser que ce livre s'adresse aux adolescents et, je dirais même dès 12 ans.
Déjà, j'avoue que le résumé ne m'a pas trop emballé...
Les cinq premières pages m'ont immédiatement fait penser au roman «La quête d'Ewilan, Tome 2: Les frontières de glace » que j'ai lu il y a 4 ans.
Mais vite, on rentre dans ce livre où l'histoire est écrite avec un style léger, sympa.
On tombe dans les « griffes » de ce roman malin et bien ficelé.
L'histoire est entrainante et on s'attache à l'héroïne, attendant avec impatience de connaître la chute.
Bref, j'ai bien aimé ce livre. Mais, j'ai 15 ans et ce n'est plus trop le genre de livre que je lis. Donc, je me suis quand même ennuyée.
Il conviendra mieux aux jeunes adolescents (11-12/14 ans)... »

Merci à BOB et aux Editions BAAM pour ce partenariat double « mère-fille ».

Véronique Bizot - Mon couronnement



La chance est avec moi. Pas celle sonnante et trébuchante, mais une autre. Je suis gâtée, comblée encore par une lecture.

Après « les sangliers » de Véronique Bizot , je me suis laissée tenter (ô mot si délicieux…) par « mon couronnement » et je remercie Véronique de chez Dialogues de s’être transformée en petit démon…

Monsieur Kaplan, ancien chercheur à la retraite, voit son quotidien bouleversé. Il apprend qu’il va être décoré pour une découverte scientifique qu’il a faite il y a bien longtemps et dont il ne souvient plus. Son salon se retrouve envahi de gens, son téléphone sonne sans arrêt. Mais lui, il s’en fiche, il ne veut pas être dérangé dans ses habitudes. Lui qui aime la tranquillité et observer de sa fenêtre les passants, n’apprécie pas que se journées soient bousculées. Même Madame Ambrunaz, sa femme de ménage et sa plus proche amie, le presse, insiste pour qu’il accepte cet honneur. La clé de l’évènement étant une cérémonie officielle.

A travers Monsieur Kaplan, Véronique Bizot nous dépeint la vieillesse. Pas celle où l’on passe ses journées à faire de la « gym- voyages- club d’échecs » et autres activités. Non, la vieillesse moins glorieuse. Celle où l’on attend que le temps se passe, où la mémoire flanche, et où la gêne de ce corps plus très vaillant se fait sentir honteusement.

C’est doux et amer, piquant d’un humour teinté d’ironie et on se prend d’affection pour ce vieux monsieur qui égrène ses souvenirs d’une vie passée…

Un livre coup de cœur pour le sujet, le style et la plume de Véronique Bizot !

« Je me suis souvenu qu’il habitait une rue du quinzième arrondissement et comme un taxi débarquait sous mes yeux un couple de petits vieux tenant une boîte de gâteaux, de celles qu’on apporte avec soi pour se faire pardonner sa vieillesse (…)"

mardi 2 mars 2010

Laurent Graff - Selon toute vraisemblance



De Laurent Graff, je n’avais lu que « les jours heureux », livre mettant en scène Antoine âgé de 35 ans, qui a décidé de passer le restant de ses jours dans une maison de retraite. De l’humour quelquefois caustique et de la tendresse pour dépeindre la vieillesse, et des réflexions sur la conception de la vie.

Mais là, j’ai été sonnée, chamboulée, renversée … je pourrais enchaîner tous les synonymes car ce livre est plus que terrible.
« Selon toute vraisemblance » est un recueil de dix nouvelles où je suis resté bouche bée et abasourdie!


On y trouve Claude Chienchien, client mystère tellement commun qu’il a plus que le profil de l’emploi. Anonyme de nature et heureux de l’être « moins j’existe selon les critères visuels, mieux je me porte ».Et, à force de passer inaperçu, il en devient imperceptible. D’autres portraits tout aussi troublants : celui de l’homme qui se mange lui-même pour survivre, Delphine dont la maladie grignote, efface les lettres de son nom.
On ne sait plus, tout semble furtif et si présent, réel car l’absurde de ces portraits ciselés avec brio nous amène à douter.

Une mention particulière pour la nouvelle intitulée « la vie d’un mort-né »... superbe et si dure dans sa réalité.

Vous l’aurez compris, un gros coup de cœur, des nouvelles superbement écrites et puissantes. A lire absolument et de toute urgence.

lundi 1 mars 2010

Claire Fourier "Je vais tuer mon mari"



Anna n’a qu’une idée en tête : tuer son mari. C’est un acte qu’elle prémédite depuis longtemps. Elle part de chez elle et noircit son cahier de griefs.
Son sang Celte, sa passion pour la mer s’oppose au tempérament calme de son mari « mon mari est pratique, je suis idéaliste. Il n’est pas romantique, je le suis ». Ecrivain, elle s’échappe grâce aux mots alors que lui est plongé constamment dans les chiffres. Entre de longues déclamations vindicatives, elle pense aussi aux moments heureux. Femme au caractère bouillonnant, femme infidèle aimant la chair et l’amour, Anna déverse tout son fiel, son amertume et sa colère.

Sa plume emportée donne parfois de très longs paragraphes sans aucune ponctuation. Femme fantasque qui aux yeux des autres a tout pour être heureuse, sa fugue lui permet également de se remettre en question. Tous ces mots écrits la délivrent, l’apaisent et seront salutaires pour elle.

Claire Fourier a une écriture très affirmée et l’on ressent toute la véhémence, le tempérament en démesure d’Anna. Une lecture à découvrir pour le style de Claire Fourier.

Un avis masculin (et positif) celui d’Yvon

Sur le site de Dialogues, Claire Fourier parle de ses livres et du couple.