mercredi 31 août 2011

David Thomas - La patience des buffles sous la pluie

Éditeur : Livre de poche - Date de parution : Juin 2011 - 158 pages et 73 pages courts récits.

Après son roman paru cette année Un silence de clairière, j’ai eu envie de découvrir le premier livre de David Thomas.
En soixante-treize courts récits, l’auteur se glisse dans la peau d’homme ou de femme. Tous les personnages parlent d’amour. Pas de l’amour rose bonbon mais l’amour sous toutes ses autres formes. Amour rancunier ou  vachard, amour pour lequel on tue ou l’on devient fou, triste ou désespéré, animé de haine ou bercé de mélancolie. Les personnages nous confient leurs états d’âme, leurs humeurs en quelques lignes ou dans des textes plus longs. La plume est vive et souvent acérée. Le lecteur est surpris. Désorienté parfois. 
Ces tranches de vie qui semblent être écrites sur l’instant témoignent d’une profondeur et de réflexions sur l’amour et le couple. Et même si tous ces textes ne sont pas de qualité égale, j’ai pris plaisir à lire ce recueil !
Ca bouscule ! On est étonné, on grince des dents ou l'on sourit mais une chose est certaine : on n'y reste pas indifférent !

Je t'aime, tu m'aimes aussi, ça devrait être merveilleux, eh ben non. Je me sens aussi perdu que si tu m'avais quitté. Faut le faire quand même, non? Franchement, c'est pas humain d'aimer quelqu'un comme je t'aime, ça devrait pas exister, c'est dégueulasse, vraiment c'est dégueulasse!

Les billets de Cathulu, Hélène, Yv

mardi 30 août 2011

Titiou Lecoq - Les Morues

Éditeur : Au diable Vauvert - Date de parution : Août 2011 - 450 pages

Ema vient de perdre son ex-meilleure amie Charlotte. L’enterrement est l’occasion pour elle de revoir toute la bande de copains (ils se connaissent depuis le lycée). Pour Ema, Charlotte n’a pas pu se suicider. Aidée par ses deux copines avec qui elle élabore une charte féministe et par Fred le génie de la bande, Ema se lance tête foncée dans une enquête.   
Première surprise de ce roman : l’écriture de Titiou Lecoq. Sans vouloir apparaitre pour la rabat-joie de service, le côté quelquefois un peu vulgaire et grossier m’a rebutée. Mais, j’ai continué ma lecture. Charlotte travaillait sur un projet de privatisation et là, il y a des passages où je me suis carrément noyée dans les explications sur les implications de l’Etat. Il est question aussi d’internet, de blog et de musique, d’amitiés entre filles et d’amour !

Concernant l’intrigue, certaines ficelles sont un peu grosses voire bancales. Mais, malgré tous ces bémols, j’ai souri à plusieurs reprises. Car mine de rien, il y a du punch et une dynamique dans ce roman !Les situations dans lesquelles Ema arrive à s’empêtrer et  à s’en sortir, la liberté qu’elle assume  sur tous les plans m’ont fait passer dans l’ensemble un moment distrayant.
Les billets d'Antigone, Cuné, Mara
Un grand merci au Club de Lecteurs Dialogues Croisés!

 

lundi 29 août 2011

Hélène Gestern - Eux sur la photo

Éditeur : Arléa - Date de parution : Août 2011 - 274 pages

Hélène ne possède qu’une photo de sa mère décédée alors qu’elle n’était qu’une enfant. Son père et sa mère adoptive l’ont toujours confinée dans un silence. Elle décide de passer une annonce dans le journal avec la photo de sa mère où elle est accompagnée de deux hommes lors d’un tournoi de tennis local.
A sa grande surprise, elle reçoit une réponse de Stéphane qui a identifié son père. S’en suit une correspondance effrénée et une recherche de la vérité. Car Hélène ne sait rien de sa mère. Pour Stéphane, quarantenaire, la quête est de comprendre le mystère qui planait autour de son père. Heureusement, Stéphane possède un stock important de photos (son père était photographe)  et ils vont avancer allant de rebondissements en surprises.  Et, petit à petit, d'autres questionnements se greffent à l'intigue principale. Doivent-ils mener à bien leurs recherches avec les conséquences qu'elles peuvent peuvent engendrer (  ou toute vérité est-elle bonne à savoir)?  Pour ma part, je me me suis retrouvée ferrée très rapidement, suivant leurs enquêtes,  tiraillée entre l'espoir et les doutes.
Le personnage d’Hélène est terriblement attachant, faillible et humain. Et pour un premier roman, je dis chapeau bas ! Même si j’ai pressenti le fin mot de l’histoire,  il n’en demeure pas moins que ce livre est une très bonne surprise de cette rentrée littéraire ! Côté écriture,  j'ai été bluffée !!
Helène Gestern revisite le thème des histoires de famille avec un œil neuf. Une auteure à suivre de très près !!!
Chère Hélène,
Oui, nous voici promus au rang d’archéologues familiaux, et cette situation n’est pas des plus confortables, même si l’on se prend au jeu, de temps en temps.
Les billets de Cathulu, Leilonna


samedi 27 août 2011

Anne Percin - Le premier été

Éditeur : ROUERGUE - Date de parution : Août 2011 - 163 pages terriblement efficaces...

Dans un petit village d’Haute-Saône,  Catherine, trentenaire, et sa sœur  aînée Angélique vident la maison de leurs grands -parents décédés. Enfants puis adolescentes,  elles y passaient leurs étés. Mais pour Catherine, ce retour est une épreuve car elle ne peut s’empêcher à un été bien particulier. Celui de ses seize ans.
Catherine porte un secret depuis toutes ces  années. Un secret dont  la culpabilité la hante encore quinze ans plus tard. Car l’été de ses seize ans, tout a basculé sans que personne ne le sache.  Cet été là,  Madonna et Etienne Daho avec Tombé pour la France cartonnent à la radio, les chemisiers à épaulettes font fureur… Les copains du village qu’on retrouve ou pas et puis il y a ceux  de la colo. Deux bandes à part. Angélique et Catherine partagent leurs journées entre la cueillette des haricots verts et  la piscine municipale.  Alors qu’Angélique flirte avec un gars de la colo, Catherine reste en retrait. Timide, plus réservée, elle côtoie et imagine l’amour via les personnages de ses livres. Les vacances de Catherine et d’Angélique, on aurait pu (ou on a pu) les connaître.
Dès le début du roman, on ressent une  tension. Une tension distillée qui va monter en crescendo comme la chaleur couvée d’un orage.  Anne Percin l’installe avec finesse. Brillamment. Et puis, on reçoit la vérité délivrée par Catherine. Parce qu’il y a des paroles, des actes que l’on aurait pu (ou que l’on a pu) commettre ou dire à ce même âge pour se fondre dans la masse. Et quand on y  repense, ça fait très mal parce les stigmates sont indélébiles.
J’ai refermé ce livre scotchée et il m’ a fallu du temps pour reprendre pied avec la réalité. Une fois de plus, Anne Percin excelle à sonder l’indicible des émotions et des tourments. Remarquable !
Avec ce nouveau livre, Anne Percin confirme tout son talent et sa place d’auteur chouchou en ce qui me concerne.
Mais j’avais seize ans, et s’il y a un âge où il faut faire des efforts, c’est bien, celui-là. A seize ans, la peau n’est pas un rempart assez solide pour se passer de carapace. Il faut des déguisements, des masques, pour supporter le regard des autres sur soi alors qu’on ignore totalement à quoi on peut ressembler.
Les billets de CunéGriotte, Liliwenn.

vendredi 26 août 2011

Flash spécial...

Cécile Huguenin l'auteure d'Alzheimer mon amour est l'invitée de "7 à 8" ce dimanche 28 août à partir de 19h dans l'émission d'Harry Roselmack.

Tout le monde devant sa télé !!!!

Anne-Laure Bondoux - Le temps des miracles

Éditeur : Bayard jeunesse - Daye de parution : 2009 - 255 pages

jemapèlblèzfortunéjesuicitoyendelarépubliquedefrancecélapurvérité c’est ce que répète Blaise (ou Koumaïl) arrêté par le douaniers sur le territoire français alors qu’il se trouvait dans un camion transportant des porcs. Blaise Fortune, douze ans,  a déjà une vie vraiment différente.
Enfant, sa mère est décédée dans un accident de train dans la Caucase. Recueilli par Gloria qui l’a surnommé Koumaïl, Gloria s’en occupe comme de son propre fils. Son histoire, il ne la connait que par elle.  Il sait qu’il est d’origine française tout comme l'était sa mère naturelle. Le pays est dévasté par la guerre civile et tous deux prennent la route pour échapper à la milice. La misère, la faim sont leur quotidien mais Gloria a ce don de raconter des histoires pour que Blaise garde toujours espoir. Sur leur chemin, ils trouveront des gens qui les aideront, cette part d’humanité où l’on se serre les coudes entres personnes démunies. Pour qu'enfin Blaise mène une vie décente, Gloria décide qu’il est temps qu’ils aillent retrouver la mère de Blaise en France.
Raconté par Blaise sur plusieurs années, ce récit est une jolie bulle de concentré d’émotions ! Sans tout dévoiler de l’histoire, le récit apporte bien des surprises  et même si par moment, on ressent la naïveté de Blaise,  eh bien non, on ferme les yeux, et on continue pour que le miracle se produise !
A mettre en  toutes les mains !
Les billets de Gwen et celui de  Kathel qui renvoie à plein d’autres.

jeudi 25 août 2011

Clara Dupont-Monod - Nestor rend les armes

Éditeur : Sabine Wespieser - Date de parution : Août 2011 - 117 pages et un gros coup de cœur !


Nestor est obèse. Enveloppé dans sa carapace de chair, il  se protège du monde. Dans son cercle magique créé par sa silhouette, il veut que rien ou personne ne puisse le faire encore souffrir.
Je le dis d’emblée, ce livre est un gros coup de cœur ! L’écriture de Clara Dupont-Monod concise, empreinte de poésie, d’une finesse rare et intense m’a conquise ! Non, ce n’est pas une distribution de bons points mais ce livre est un petit bijou ! Le corps de Nestor  a commencé à grossir et  à enfler car Nestor mange pour oublier sa souffrance. Son corps est une armure, une barrière visible qui le sépare du monde. La solitude est sa seule amie, sa femme se meurt sur un lit d’hôpital emmurée dans le silence du coma. L’histoire de Nestor nous est dévoilée, son exil d’argentine et  le drame avant l’accident. Une vie en forme de long ruban tâché de trop de malheurs. Mais il arrive qu'une main se tende...Je ne veux pas en dire de trop sur ce livre pour que chacun puisse l’apprécier comme il se doit. Et à sa juste valeur.
J’ai ressenti de l’empathie et non de la compassion pour Nestor. D’ailleurs, Clara Dupont-Monod évite cet écueil.  Alchimie magique des mots quand ils sont bien utilisés et qui amènent à la symbiose le texte et le lecteur. Un coup de cœur et j’y ai tellement inséré de marque-pages qu’il s’agit d’un livre hérisson parsemé du bonheur de l’écriture  et d’émotions !

Il avait grossi comme on suit une feuille de route, heureux de constater qu'il était arrivé à destination. Il s'était enlaidi - gros ou balafré, ç'aurait été pareil. Sa chair avait obéi aux ordres, porter les stigmates, comme autrefois on tatouait les voleurs.

Merci à Libfly !

 

mercredi 24 août 2011

Véronique Ovaldé - Des vies d'oiseaux

Éditeur : Editions de L'Olivier - Date de parution : Août 2011 - 236 pages aériennes.

Colombie, 1997. A leur retour de vacances, Augusta Izzare et son épouse Vida  constatent que des personnes se sont introduites dans leur somptueuse villa. Rien n’a été volé mais leur lit a été occupé.  Vida prévient la police et  le lieutenant Taïbo se retrouve avec plusieurs plaintes similaires les jours suivants.  Mais Vida ne lui a pas tout dit, elle ne lui pas parlé de leur fille Paloma majeure qui s’est enfuie.
Quand Vida a vu son lit défait, elle a su qu’il ne pouvait que s’agir de leur fille Paloma. Mais Augusto défend qu’on parle d’elle. Paloma qui s’est enfuie avec son amant  Adolfo originaire d’Irigoy, une région pauvre. Les deux amants squattent dans des maisons, les occupent pour une nuit ou deux. Vida elle aussi était d’originaire d’Irigoy mais maintenant elle est prisonnière de sa prison dorée. Une vie où l'argent ne manque pas et où son mari , médecin, a la reconnaissance de tous. Le lieutenant Taïbo lui offre son aide pour retrouver Paloma. Il est marqué à jamais par la douleur causée par le départ de sa femme. Une douleur non cicatrisée depuis dix ans, un poids qui l'emprisonne.
Tout le monde sait que j’aime les écritures concises, mais il y a des auteurs ou des livres  qui dérogent à cette préférence. Et, ce livre en fait partie ! Dans une écriture aérienne, Véronique Ovaldé nous transporte dans un monde en équilibre entre réalité et poésie. Avec précision  et langueur, ses personnages semblent s’effleurer sans jamais se toucher.  Des personnages qui pour atteindre la liberté doivent couper les fils qui les retiennent.
 Il s’agit d’un roman qui est tout simplement beau. Une parenthèse tissée dans une écriture unique dont j’ai aimé relire des passages rien que pour les savourer encore !
Les billets de Catherine, Cuné.

mardi 23 août 2011

Dominique Fabre - J'aimerais revoir Callaghan

Éditeur : Le Livre de Poche - Date de parution : Mai 2011 - 188 pages

Années 70, le narrateur est un lycéen en pension. Jimmy Callagahan venu d’Angleterre avec son accent, ses vêtements devient vite le garçon qui fait rêver. Jimmy Callagahan et sa part de mystère et de liberté. Vingt -cinq ans plus tard, le narrateur le retrouve par hasard dans son quartier à Paris. Jimmy fait la manche  avec en tout et pour tout une valise qui contient sa vie.
Tant les souvenirs du narrateur concernant la période de l’internat m’ont plu, tant j’ai trouvé que le reste du livre faisait du sur place comme le narrateur. Son couple est un échec, sa compagne lui demande de trouver un autre appartement. Mais non,  il attend. Englué dans un immobilisme qui m’a donnée envie de le secouer! Sa rencontre avec son ami d'internat lui donne l'occasion de plonger un peu plus dans la mélancolie. Un personnage qui regarde sa vie passer, de la nostalgie, de la mélancolie, beaucoup trop de mélancolie qui m’a collée à la peau… Jimmy ne s'est jamais fixé, laissant derrière lui en Australie une enfant.

Donc, je ne vais pas m'attarder à rédiger un looong billet sur ce livre qui est  pour moi une déception

Le billet d'Ys plus enthousiaste.

lundi 22 août 2011

Eric Puchner - Famille modèle

Éditeur : Albin Michel - Date de parution : Août 2011 - 523 pages irrésistibles!

Eté 1985. Warren Ziller et sa famille ont quitté leur vie paisible dans le Wisconsin pour s’installer en Californie.  Warren veut sa part du gâteau du rêve américain et s’est lancé dans un projet immoblier de grande envergure investissant tout leur argent.  Mais le rêve tourne au cauchemar car une décharge se construit près du terrain des futurs pavillons. Ruiné, Warren n’ose pas avouer à sa femme ni à ses enfants l’ampleur de la catastrophe…
Avertissement : Autant vous  prévenir tout de suite Famille modèle est  un gros, gros coup de cœur !
Dans la famille Ziller, le père  Warren vient de mettre sa famille sur la paille. Ambitieux, son projet de construire et vendre  des maisons à budget accessible dans le désert a tourné court à cause d’une décharge. Il a investi tout l’argent de la famille mais se promet d’une façon ou d’une autre qu’il se sortira de cette mauvaise impasse. Sa voiture vient d’être saisie et il prétexte un vol…La mère Camille, la mère presque « modèle ». Elle surveille de près l’alimentation de ses enfants  et fait des chèques pour toutes les associations. Dustin et Lyle, les deux aînés se moquent souvent d'elle. Dustin, lycéen et  membre fondateur d’un groupe de musique, s’est très bien acclimaté au soleil de la Californie. Beau garçon, surfeur,  il a une petite amie et doit rentrer d’ici peu à l’université. Lyle regrette le Wisconsin. Bûcheuse, elle a du mal à se faire des amies et comme toute adolescente, elle est préoccupée par son physique. Et enfin Jonas qui a des idées morbides et obsessionnelles (comme  s’habiller en orange de la tête aux pieds). Toute la famille vit dans une résidence avec gardien, dans une belle maison mais  surtout au-dessus de leurs moyens. Vu que Warren croule sous les dettes et que le salaire de Camille est insuffisant.  Mais Camille et les enfants l’ignorent du moins au début du livre.  
Car s’en suivent  des situations cocasses mais aussi des tragédies…et ces pages complètement irrésistibles se tournent avec bonheur ! La personnalité de chaque membre de la famille se dévoile au fur et à mesure des événements.  Et l'on ne s'ennuie pas une seule seconde ! Dans ce roman jubilatoire ( j’ai souri, j'ai rigolé surtout dans la première partie) et truffé d’humour, on assiste à la débâcle de la famille.
Dans une écriture  tout simplement remarquable, Eric Puchner use de l'humour mais aussi des émotions avec intelligence  !! Un roman brillant  sur le rêve américain qui tourne court avec des personnages très bien campés !!!
Un gros, gros coup de cœur sur toute la ligne pour ce livre !
Sur l'échelle des événements humiliants, ça aurait pu être pire. Il y aurait pu y avoir des larmes, des armes, des menottes. Cela dit, l'humiliation faisait partie de ces choses  qui, comme les cercueils, se suffisent à elles-mêmes.
Les billet du Globe lecteur , de Mélopée.


Mensonges par procuration

Copyrigt Kot

Chez Leiloona, ma première participation à un atelier d'écriture une photo, quelques mots.


-Lisa ? Non, c’est bien toi ?
Je n’en revenais pas ! Tomber sur une vieille copine de fac à cette exposition où ma sœur m’avait traînée. Enfin, vieille copine, pas vraiment car Mathilde et mois étions proches. Mais à l afin de nos études, nos chmiens s'étaient séparés. Elle était partie à l’étranger suivre son mari.  Les nouvelles se sont espacées puis raréfiées. Et, de mon côté, je ne prenais pas l’initiative d’en prendre.
-Tu n’as pas changé Mathilde !
-Oh si quand même…
Elle a posé sa main sur son ventre rond dissimulé sous une robe évasée. Elle le caressait avec amour.
-Et oui, on a franchi le pas !
J’ai serré fort ma flûte de champagne à en avoir mal.  J’ai réussi à articuler un « toutes mes  félicitations, c’est génial ». Mon sourire n’en était plus un, je devais prendre sur moi.
-Et toi ?
Qu’est  ce je devais lui répondre ? La vérité ou lui balancer un bobard qui sente bon la guimauve ?  Je n’étais pas sortie de chez moi depuis deux mois et il fallait qu’en une soirée, on rouvre ma blessure et on jette du sel dessus.
-Avec Quentin ?
Elle enfournait des petits fours et j’étais là incapable de dire quoi que ce soit. Avec Quentin, on avait essayé pendant cinq ans d’avoir un enfant. Trois années à d’abord laisser faire le hasard. Je guettais le moindre retard puis il y a deux années où j'ai commencé à douter. La consultation chez un spécialiste nous a enlevé tout espoir. Le couperet était tombé. Tranchant et sans appel . Mon ventre était sec, incapable de donner la vie. A partir de là, Quentin est devenu plus distant même s’il nous restait l’adoption. Je l’aurais aimé cet enfant comme si c’était ma chair et mon sang ! Un soir, j’ai trouvé un mot de Quentin où il expliquait noir sur blanc qu’il voulait fonder une famille, une vraie. Il avait pris  affaires et était parti sans d’autres explications.
-Ohoh, Lisa, ça va ?
-Oui, très bien… en fait, tu sais moi, les enfants c’est pas mon truc…Mais je vais devoir te laisser car  ma sœur m’attend.
J’ai avancé comme un automate parmi les invités. J’ai trouvé ma sœur et je lui ai demandé de me ramener chez moi sous prétexte d’une migraine. Deux mensonges par procuration pour se préserver. Je n’avais pas le choix.

dimanche 21 août 2011

Carole Martinez - Du domaine des Murmures

Éditeur : Gallimard - Date de parution : Août 2011 - 201 pages intenses et magnifiques!

1187, Esclarmonde, jeune fille âgée de quinze ans refuse le mariage. Le jour de la cérémonie, elle se coupe une oreille et déclare vouloir offrir sa vie à Dieu. Une chapelle est spécialement sur le domaine des Murmures sur ordre de son père. Ce dernier renie sa fille, Dieu lui a déjà pris un fils. Esclarmonde vit dans une minuscule cellule attenante à la chapelle où la seule ouverture sur le monde est une fenestrelle pourvue de barreaux. Un endroit sommaire pour prier, pour être au plus près de Dieu.

Après le cœur cousu que j’avais adoré, j’étais très impatiente de découvrir le nouveau roman de Carole Martinez. Et voilà, captivée par l’histoire, je me suis couchée tard (très tard) car une fois commencé, j’ai vraiment eu du mal à lâcher ce livre !  Carole Martinez nous transporte auprès d’Esclarmonde, cette jeune fille dont la foi est profonde, inébranlable. Elle qui refuse le mariage va à l’encontre de son père. Avec détermination, elle préfère passer le restant de ses jours enfermée et dire adieu a toute autre vie. Elle s’offre à Dieu, prie du matin au soir. Mais, si Dieu était au centre de son esprit, des évènements vont changer ses préoccupations spirituelles. Esclarmonde sera en proie aux doutes, tiraillée  faisant de sa cellule son tombeau. Je n’en dis pas plus !!!!
Je vous laisse découvrir l’histoire de cette jeune fille et de cette époque, où foi et mysticité étaient amalgamées. 

Il s’agit d’un roman magnifique, profond et intense ! Dans ce récit narré par Esclarmonde, Carole Martinez excelle sur les thèmes de la liberté et de la condition des femmes. L’écriture est riche, toute en finesse et poétique, une écriture qui fait appel à tous les sens.

J’ai été captivée, j’ai vibré… du pur bonheur !!!!!

Dieu m'occupait moins que Ses créatures désormais, et je ne me lassais plus de les regarder, de les écouter, tentant de comprendre quels ressorts animaient leurs petites cervelles. Je ne redoutais plus leur jugement, ni même celui de Dieu. Je n'avais pas menti, je m'étais contentée  de taire une vérité que personne n'avait envie d'entendre et mon silence avait offert un espace blanc  à broder, un vide dont chacun s'était emparé avec délice.

Les billets d'Emeraude déçue,d'Aifelle, Isabelle aussi enthousiastes que moi !

samedi 20 août 2011

Ambitions fauchées

Voici ma  participation aux plumes de l'été chez Asphodèle. Même si je ne suis pas vraiment satisfaite, je le poste quand même. Les mots à intégrer au texte étaient les suivants : GIRAUMON – GAMBADER – GARAGE – GIVRE – GARGOUILLE – GAMBIT – GALOP – GABARIT – GLORIOLE – GALIPETTE (S) – GALLINACÉ – GRILLE – GLAND – GROTESQUE – GEMIR – GOURMAND – GODILLOT – GRAVE – GRILLON – GALIMATIAS – GIROFLE – GARAMOND* (facultatif).
Max se demande pourquoi il est encore puni. Quand son père s’est levé brusquement de table et l’a fusillé du regard, il aurait voulu disparaitre. Etre avalé par le sol. Max voulait crier, protester mais les mots sont restés coincés dans sa bouche.  La main brusque de son père la conduit au cagibi près du garage.  Il a entendu le bruit de la clé qui fait de lui un prisonnier. Maintenant, il est seul. Luttant contre  la peur. Dans ce réduit, sont entreposés l’aspirateur, de vieux godillots que son père utilise pour aller gambader dans la campagne et sur une étagère des giraumons.  Ils sont pourris  depuis bien longtemps.  Dans l’obscurité, tous ces objets deviennent des monstres. L’odeur aigre de la moisissure lui donne la nausée. Son ventre gargouille, il a faim mais  l’effroi est  plus fort.  Assis, il entoure ses jambes de ses bras,  pose sa tête sur genoux et attend.  Attendre que la colère de son père s’envole. Depuis que sa  mère est partie, tout a changé.  Avant, il accompagnait son père lors des promenades. Ils ramassaient ensemble des girofles, son père lui apprenait à différencier les champignons, les meilleurs coins pour les chercher.  Par la grille d’aération perlée de givre,  il entend le vent gémir. Lui aussi est  malheureux, il souffle ses  mélopées.  Max l’écoute. Sa mère  lui avait promis de venir le chercher. Cela fait longtemps maintenant. Mais, Max continue de s’accrocher à cette promesse comme à une bouée de sauvetage.
Emma soupire d’ennui. Comme beaucoup d’autres. Ils sont là dans un couloir accompagnés souvent de leur mère. Bien habillés, bien coiffés tenant leur book . Certains affichent des mines  graves ou décontractées, d’autres des airs hautains. Aujourd’hui Emma participe à un casting pour une publicité qui a besoin d’enfant âgés entre dix et douze ans.  Ils sont nombreux et la concurrence sera rude. Sa mère est tellement fière de raconter à tout le monde qu’Emme est un futur mannequin !  Elle tire du physique de sa fille des glorioles dont elle se pare. Elle lui dit souvent qu’elle, enfant,  n’a pas eu cette chance alors que  dans son entourage on disait  qu’elle était belle. Aussi belle que les filles qui posaient dans les catalogues. Emme trouve que sa mère l’a coiffé d’une manière grotesque. D’ailleurs, elle se sent ridicule. Se mère se penche et lui murmure à l’oreille : «  tu vois celle là, et bien avec son gabarit, c’est certain qu’elle sera refusée ! ». Depuis quelques mois, l’appétit l’a désertée, son esprit est tiraillé. Sa mère ne s’est pas aperçue de ses joues creusées. Emma voudrait partir au galop,  arrêter ces séances photos. Mais elle continue pour sa mère jusqu’à ce qu’elle comprenne son SOS.
Antoine réfléchit. Ou fait semblant. Quand il avait commencé à jouer aux échecs, il y prenait du plaisir mais maintenant, il s’agit d’une corvée. Et dire que ses parents ont engagé un professeur particulier qui vient deux fois par semaine.  Face au gambit réalisé par monsieur Fromer, il ne réagit pas.  La stratégie ne l’intéresse plus. Depuis un exposé réalisé en cours de SVT,  il se passionne désormais pour l’étude de la nature. Il peut rester des heures plonger dans  des ouvrages sur les gallinacés. Ses parents ont vu d’un mauvais œil  les livres consacrés aux échecs côtoyés des glands, des herbiers. Son esprit s’évade.  Il s’imagine à sauter dans les blés, à faire des galipettes parmi les herbes hautes.  Monsieur Fromer parle mais Antoine n’en à que faire de ses galimatias. Pour l’heure, il est allongé dans les foins. Il ressent le soleil  qui lui chatouille le visage, il entend les grillons. Une orgie de couleurs, d’odeurs et de sons déclenchent sur ses  lèvres un sourire. Son professeur dit d’un ton sec «  il va falloir que je m’entretienne avec vos parents. Quel dommage de gâcher un tel potentiel ! ».  Antoine imagine  déjà la colère de ses parents, les plaintes, les soupirs de désespoir. Ce seront  leurs ambitions qui seront  fauchées, pas les siennes.


vendredi 19 août 2011

Sorj Chalandon - Retour à Killybegs

Éditeur : Grasset - Date de parution : Août 2011 - 334 pages

2006, Irlande, Tyrone Meehan âgé de quatre-vingt ans revient  à Killybegs dans la maison de son enfance et de son adolescence. Il n’y revient pas pour une  retraite tranquille mais pour y mourir. Cette figure emblématique de l’IRA était également un traître, donnant des renseignements aux services spéciaux britanniques depuis vingt-cinq ans.

Kyllibegs, Patraig Meehan est un nationaliste Irlandais, violent envers ses enfants quand il boit de trop  et animé d’une haine sans égale envers les britanniques. Entre brutalité et misère,Tyrone grandit. En 1941, Patraig Meehan décède. Toute la famille quitte  Killybegs et s'intalle à Belfast chez leur oncle maternel. Agé de seize ans, Tyrone rentre dans l’IRA. Une évidence pour lui. D’abord engagé dans les Fianna, il devient un combattant actif. Au cours d’un affrontement, Tyrone tue par erreur un de ses frères d’armes Danny Finley. Blessé par la police, il devient un héros aux yeux des membres de l’IRA et  un homme respecté par les siens. Emprisonné plusieurs fois, il défend avec force et conviction la lutte pour laquelle il se bat. Son fils unique Jack s’engagera lui-aussi dans ce combat. Mais, les services spéciaux Britanniques ont la preuve que Tyrone a tué Danny Finley. Tyrone devient alors un agent double. Tiraillé et partagé.

Ce livre est une plongée dans une période sombre de l’Irlande. Le récit alterne entre le retour de Tyrone à Killybegs et ses années au sein de l'IRA.
L'auteur revient sur cette guerre ( les protestions des prisonniers pour revendiquer le statut de prisonnier politique, les grêves de la faim) mais aussi le processus de paix.  Si le personnage de Tyrone Meehan est fictif, il y a des personnages comme  Bobby Sand qui ont réellement existés.

Dans une écriture aux mots justes qui colle au plus près des émotions, Sorj Chalandon décrit la vie de Tyrone. Celle du militant et celle de l’homme. Tout en finesse et sans jamais prendre parti, il nous amène sur le terrain de  la conscience,  du poids de la trahison et de celle de l’amitié bafouée.  Un grand livre !

jeudi 18 août 2011

Lydia Millet - Le cœur est un noyau candide

Éditeur : Le Cherche Midi ( collection : LOT49) - Date de parution : 2009 - 558 pages

Nouveau-Mexique,  Santa Fe,  2006.  Ann, une  bibliothécaire  fait un rêve étrange où apparaît un homme à genoux dans le désert coiffé d’un chapeau en feutre rond.  Cet homme n’est autre que Robert Oppenheimer. Le 16 juillet 1945 à l’instant où la première bombe atomique est testée à  Los Alamos, Robert  Oppenheimer, Leo Szilard et Enrico Fermi, sont transportés à Sante Fe en 2006.
D’un côté, l’histoire a suivi son cours tel qu’Anne et Ben son mari la connaissent et de l’autre , les trois pères de la bombe scientifique sont restés à l’instant de l’explosion lors de l’essai. Transportés dans le futur, ils ignorent tout des conséquences de leurs travaux, des morts d’Hiroshima et de Nagasaki. Nos trois scientifiques sont recueillis par Ann et Ben. Même si Ben voit d’un mauvais œil leur arrivée chez eux, Ann essaie de leur apprendre tout ce qui s’est passé depuis 1945 mais en les ménageant. Elle qui était un employée aux horaires réguliers prend des libertés dans son emploi du temps et finit par démissionner. Elle s’occupe d’eux comme s’il s’agissait de son devoir. Nos trois scientifiques sont bien décidés à comprendre le monde actuel. Mais quand ils mesurent  l’envergure de leurs travaux, ils veulent se repentir.   
Voilà un roman hors norme aux multiples facettes ! Une lecture dense et intéressante mêlant humour, réflexions sur les essais nucléaires,  situations à la limite du burlesque et les faits historiques. L'écriture de Lydia Millet est subtile et ferre le  lecteur !
Seul petit bémol : j’ai trouvé que la fin du livre partait un peu dans tous les sens et que le couple Ann-Ben était un tout petit peu tristounet ...

Bonne nouvelle : il existe désormais en poche  10/18!
Les billets de Cuné, Keisha, Leilonna, Sofynet, Zarline.

mercredi 17 août 2011

Delphine de Vigan - Rien ne s'oppose à la nuit

Éditeur : J.-C. Lattès - Date de parution : Août 2011 - 437 pages et plus qu'un coup de cœur !

Quand j’ai commencé ce livre,  je l’ai lu jusqu’à la dernière page en une journée. Dans ce nouveau livre, Delphine de Vigan nous parle de sa mère Lucile. Un livre dont j’ai porté l’histoire durant plusieurs jours.
Lucile, la mère Delphine de Vigan s’est suicidée à l’âge de soixante et un an, en 2008. La nécessité d’écrire sur sa mère s’est imposée d’elle-même. Un sujet « casse-gueule » comme le dit l’auteure. Car écrire sur soi, sur sa famille,  c’est s’exposer publiquement. Même si deux de ses précédents romans était basés sur son expérience personnelle, ici, elle écrit ouvertement. En toute sobriété et tout en sensibilité. Pour écrire sur sa mère, elle a passé des heures à écouter son oncle, ses tantes, à récolter leurs souvenirs et leurs témoignages.  Elle déroule la vie de Lucile en commençant par celle de ses grands-parents. Lucile née en 1946 était la troisième enfant d’une fratrie de neuf enfants. Une famille avec ses moments de bonheur et ses drames. Lucile sera marquée à tout jamais par la mort accidentelle d’un de ses frères, puis le suicide de deux autres.  Lucile, la belle Lucile, une enfant renfermée puis une adolescente qui cherchera la liberté.  Fuir ses parents pour  accéder à  l'indépendance. Des parents dont les attitudes surtout celles du père seront sujet à bien des questionnements. Et puis, la maladie qui se déclare. Une maladie mentale qui la fait commettre des actes insensés. Elle sera internée, suivie en hôpital psychiatrique. Delphine de Vigan explore la mémoire familiale, cherche à comprendre si la maladie couvait déjà en Lucile.  
Sans pathos, Delphine de Vigan nous livre la vie de Lucile et la sienne. Comment elle s‘est retrouvée adolescente à devoir anticiper les rechutes de sa mère.  A gérer le quotidien. Puis adulte, à être aux aguets.  En parallèle, elle raconte la genèse de ce livre, la peur de s’y mettre ou de fausser l’image de sa mère. L’histoire d’une  famille avec des drames, des sujets douloureux, sensibles. Ce livre m’a fait penser à ma propre famille, aux kyrielles de suicides, de maladies et de non-dits. A ce lourd héritage que l’on porte malgré soi et aux questions qui nous effleurent quand on regarde ses enfants.
Le terme de coup de cœur ne peut pas s’employer, ce serait un euphémisme. Un  livre tout simplement magnifique. Sobre, sensible et tout en pudeur.  J’ai vibré, j’ai été émue, j’ai pleuré... Delphine de Vigan  rend à sa mère le plus bel hommage qu’il existe.
Les amateurs de Bashung reconnaitront dans le titre des paroles extraites de la chanson "Osez, Joséphine."
Je perçois chaque  jour qui passe combien il m'est difficile d’écrire ma mère, de la cerner par les mots, combien sa voix me manque. Lucile nous a très peu parlé de son enfance. Elle ne racontait pas. Aujourd’hui, je me dis que c’était sa manière d’échapper à la mythologie, de refuser la part de fabulation et de reconstruction narrative qu’abritent toutes les familles.


mardi 16 août 2011

Cécile Huguenin - Alzheimer mon amour

Éditeur : Editions Héloïse d'Ormesson - Date de parution : Juin 2011 - 125 pages

Dans ce récit tout en sobriété, Cécile Huguenin nous parle son couple alors que son mari est atteint d’Alzheimer. Un couple où la mémoire de Daniel s’est effilochée jusqu’à tout oublier même leur amour. Sans pathos et dans une écriture très belle,  l’auteure nous décrit les différentes phases sur trois années. La déclaration de la maladie avec  Daniel qui butte sur un mot dont il ne parvient plus à se souvenir. Puis les oublis de plus en plus fréquents.  elle va connaître l’indifférence, la froideur d’un corps médical. Mais, Cécile va se battre pour que leur amour continue. Se battre pour aider Daniel, le garder avec elle. Ils iront même jusqu’à déménager à Madagascar se raccrochant à des espoirs vains.  Vient le temps le temps de l’acceptation de la maladie comme pour toute autre maladie. Sur ce  parcours parsemé d’embûches, elle nous décrit les désillusions et  combien l’aidant se retrouve souvent désarmé et seul. L’état de Daniel s’aggravant, elle doit accepter de le placer dans une structure spécialisée. Avec un personnel soignant attentif et qui considère chaque patient comme un individu.
J’ai terminé cet hymne d'amour le cœur serré. On ne peut qu’être touché par cette lecture qui nous permet de mieux comprendre ce que vivent les familles des patients atteints d’Alzheimer. J’ai noté plein de passages : magnifiques, tendres ou douloureux.

Nous, « les accompagnants, « les aidants », nous arrivons tous avec au cœur la même souffrance du fardeau et le même déshonneur de la capitulation. Nous pénétrons dans la zone de non-retour, déchirés par l’ambivalence insupportable de désirs contradictoires, être soulagé sans abandonner. La culpabilité nous ronge, la honte frémit à fleur de peau, les larmes nous brouillent la vue. Enfant dénaturé qui ne peut plus assumer son parent. Conjoint démissionnaire. C’est ainsi que nous nous sentons, harassés du chemin parcouru mais animés d’un regain d’énergie qui surgit au dernier moment comme la colombe du magicien sort de son chapeau.
Un grand merci à Brize pour ce livre voyageur.
Le billet de Kathel renvoie à toutes celles qui l'ont lu.

lundi 15 août 2011

Régine Détambel - Son corps extrême

Éditeur : ACTES SUD - Date de parution : Août 2011 - 147 pages et un coup de cœur !

Alice, la cinquantaine, a eu un grave accident de voiture. Plongée dans le coma pendant plusieurs jours, elle va devoir ré-apprivoiser ce corps meurtri. Admise dans un centre de rééducation, elle fait la connaissance d’autres patients qui ont tous leur histoire, une équipe médicale qui œuvre vers un seul et même but. Alice au lieu de s’enfoncer dans le drame de son accident va le considérer comme une chance de redémarrer sa vie.
L’histoire et l’écriture de ce livre sont si puissantes, si intenses que  j’ai terminé ce livre le souffle coupé et les yeux embués de larmes ! Je ne pouvais que vibrer à cette lecture qui a trouvé de nombreux échos en ma personne. Suite à son accident de voiture, Alice est plongée dans le coma. Dans ce  paradis artificiel de la non-douleur, elle flotte tiraillée par la tentation de rester dans ce monde indolore, de pas ne pas réincarner sa vie d’avant. Elle perçoit le monde qui l’entoure enveloppé de ouate. Son fils est venu la voir une fois. Pas plus. Après plusieurs semaines d’hospitalisation, elle est admise dans un centre de rééducation. Alice elle va devoir réapprendre à marcher : travail où elle ressent chaque infime partie de son corps. Muscles fondus et endormis, articulations rouillées ou bloquées, Alice a le corps d’une marionnette désarticulée. Mais son corps bien que meurtri va retrouver la mémoire aidé par l’équipe médicale.  Les centres de rééducation sont des lieux où chacun est à égalité et où les démons passés et futurs ont le temps d’accaparer la mémoire. Alice commence un cheminement intérieur car les soubresauts de la vie amènent à une réflexion sur soi-même. Elle fait la connaissance de Caire, un patient. Au fil de leurs conversations et de leurs partages, Alice convoque les souvenirs oubliés qui remontent à la surface  par fragments. Des pans de son enfance que sa mémoire avait volontairement occultés lui reviennent. Et le poids de la culpabilité surgit. La question se pose en filigrane : son accident de voiture n’était-il pas un acte suicidaire ? Petit à petit, le travail quotidien, les efforts portent leurs fruits.  Alice remarche avec des béquilles maladroitement puis elle fait se premiers pas toute seule. Prête à saisir cette deuxième vie.
L’écriture de Régine Détambel est  riche par sa magnificence, une écriture où la poésie s’invite naturellement. Un style qui n’est pas sans me rappeler celui de Sylvie Germain. Loin d’être  un traité de kinésithérapie, Régine Detambel nous offre un roman tout simplement magnifique où l’on redécouvre la merveilleuse mécanique du corps et sa mémoire.  Un livre vibrant, intelligent et puissant de la première à la dernière phrase …Un vrai coup de cœur !
Le vide est un baume aux tourments de soi. Une terrible et merveilleuse dispense d’humanité.
Minimum vital : air, eau et morphine. Alice qui avait trouvé sa vie trop pleine, bouffie d’excroissances insipides, a maintenant l’occasion de la purger. 
Les pages moussent dans toute la pièce. Alice aime que toute sa main travaille, elle envoie chaque mot à sa besogne, pour son histoire, sa narration dépurative. Elle laboure par le feu, elle sarcle par le Bic. Et pour que les larmes ne gèlent pas, ajouter à l’encre quelques gouttes d’eau de Cologne.

Le billet de Cathulu.
Merci à Libfly !

 

dimanche 14 août 2011

Robin Black - Des nouvelles d'hier

Éditeur : Flammarion - Date de parution : Février 2011 - 316 pages et dix nouvelles

Robin Black signe ici son premier recueil de nouvelles et elle met la barre bien haute ! En dix nouvelles à l’écriture impeccable, elle envoie valser nos certitudes. Des nouvelles ou plus exactement des tranches de vie. Elle nous dépeint des personnages à un moment donné de leur vie, nous immerge dans une situation ou un contexte. Et voilà, on est ferré par l’écriture, par l’envie de savoir ce qu’il va se passer. Puis, un coup de chapeau ou plutôt un coup d’assommoir donné non pas brutalement mais tout en finesse et on finit la lecture de la nouvelle interloqué, ébahi. Pas de chute grandiloquente mais des fins ouvertes sur plusieurs possibilités. Robin Black creuse la psychologie de ses personnages, rien n’est laissé au hasard. Beaucoup de ses personnages reviennent sur le temps passé ou sur leur vie. Même s’ils semblent englués, ils essaient de garder la tête fors de l’eau et d’avancer.   Après chaque nouvelle, il m’a fallu un peu de temps pour me remettre en selle. Ce n’est pas un recueil gai qui vous donne envie sauter de joie. Mais des nouvelles où les personnages et leurs interrogations sont criants de vérité et terriblement humains.
Que dire sinon que j’en suis encore toute époustouflée ! Et, j'ai relu des passages rien que pour le plaisir de l'écriture…
Clara Feinberg ne croit pas en Dieu, elle n’y a jamais cru. Elle croit au temps. Omnipotent, certes. Ami et ennemi, les deux, ainsi  que semblent l’être les dieux de toutes les religions.
Les billets d’Antigone, Cathulu, Cuné.

vendredi 12 août 2011

Véronique Olmi - Cet été-là

Éditeur : Grasset - Date de parution : Janvier 2011 - 283 pages

Comme chaque année au quatorze juillet, trois couples se retrouvent en Normandie. Il se  connaissent depuis longtemps. Les habitudes sont bien ancrées comme des rituels immuables d’une année sur l’autre. Mais, cet été sera différent.

Cette parenthèse estivale qui se doit d’être un bon moment pour ces amis quadras va être l’heure des remises en question. L’arrivée de Dimitri, un adolescent qui sympathise avec la fille de Dephine et Denis, jette le trouble dans cette symphonie bien huilée. Delphine et Denis le couple à qui appartient la maison de vacances s’évitent. Leur couple n'est qu'une apparence, leur amour s’est érodé. Lola est venue en compagnie de Samuel son nouvel amant bien plus jeune qu’elle. Un amour éphémère pour elle et plus sérieux pour lui. Et enfin, Nicolas et Marie, comédienne à qui l’on propose désormais de jouer des rôles de grand-mère. Nicolas veille sur Marie et vice versa. Même si les cœurs se veulent d’être à la fête, chacun tente de jouer du mieux son rôle alors que les doutes et les failles surgissent. Et, le temps d’un long week-end tout est possible…

Véronique Olmi nous livre un roman doux-amer sur le couple, l’amour, les apparences et l’amitié. Un roman qui m’a laissée un peu sur ma faim avec une impression de déjà lu...
Incontestablement, mon livre préféré de cette auteure reste Bord de mer.

Les billets de Canel, Cathulu, Céleste, Malika, Véro

jeudi 11 août 2011

Cécile Chartre - Petit meurtre et menthe à l'eau


Éditeur : Rouergue (Collection : Dacodac) - Date de parution : janvier 2011 - 75 pages

Philibert,13 ans,  se retrouve en vacances comme presque chaque année avec son père et sa compagne Karine dans un petit village de montagnes. Des vacances qui riment avec randonnées et cette année, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour Philibert.
Heureusement, Philibert trouve un petit job pour une semaine. Garder un chat nommé Poupoune dont la maîtresse Valérie part en voyage. Il va échapper aux marches interminables et se faire en plus un peu d'argent. Le voilà sauvé ! Du moins c'est ce qu'il pense. Philibert applique à la lettre les consignes laissées par Valérie : Poupoune aime regarder les Feux de l'amour, il faut lui parler beaucoup sans oublier les gratouilles. Tout se passe bien jusqu'au jour où il découvre qu'il a confondu l'engrais des plantes avec l'eau donnée à Poupoune ...Les ennuis commencent ! 


J'ai rigolé du début à la fin de ce petit livre ! Cécile Chartre se glisse dans la peau de Philibert et c'est très réussi ! On retrouve un petit air de Comment (bien) rater ses vacances d'Anne Percin. Seul regret : j'aurai bien aimé un livre un peu plus long...


Merci à Manu !