mardi 31 janvier 2012

Sonia David - les petits succès sont un grand désastre


Éditeur : Robert Laffont - Date de parution : Janvier 2012 - 419 pages remplies de vie!

Rose, célibataire, la quarantaine est traductrice et vit dans le quartier de Montmartre. Elle retrouve régulièrement en fin de journée ses amis (autrement dit la Pap’team ) pour prendre un verre au Papillon.

Cette dizaine d’amis s’appelle par des surnoms. Zero ( c’est-à-dire Rose) aime particulièrement ce point d’ancrage dans sa journée. Ils  discutent, s’interrogent, décompressent d’une journée de s’inquiètent pour celui (ou celle) qui  semble aller mal. Il y a les fidèles, ceux qui passent moins souvent, les couples formels ou non, les affinités qui font que l’on est ami ou seulement copain.  Quand Rose gagne soixante mille Euros à un jeu concours, elle décide d’écrire. De raconter ce qu’est la Pap’team et d’interviewer chacun.  Se pose la question : écrire sur ses amis, n’est ce pas les trahir ?  Même si ce roman n’est pas parfait (quelques longueurs et des paragraphes qui auraient mérité une relecture), je l’ai aimé ! Parce que ce roman est d’une vitalité réelle, que l’humour et les réflexions sont tout à fait crédibles ! J’ai eu l’impression d’être aux côtés de Rose et de sa bande d’amis, certains m’ont agacé quelquefois ou m’ont fait sourire ... comme dans la vie ! 

Une auteure à suivre de près car il s’agit de son premier roman.

J'allais écrire sur l'amitié pour confirmer, comme j l'avais affirmé à Vincent, que ce n'était pas grave. Et rendre grâce aux parenthèses - les bistrots, les bandes, le verre de trop, la dernière cigarette-, ces merveilleux moments sans conséquence qui font le présent et peut-être, aussi, les meilleurs souvenirs.

Le billet de Cuné



lundi 30 janvier 2012

Riikka Pulkkinen - L'armoire des robes oubliées


Éditeur : Albin Michel - Date de parution : janvier 2012 - 398 pages très belles!

Elsa ancienne professeure et pédopsychiatre  est atteinte d’un cancer. Elle préfère rentrer chez elle auprès de son mari Martii peintre renommé que de rester en soins palliatifs. Pour profiter encore de la vie et de sa famille. Comme pour prolonger ces choses qu’elle a aimé, elle propose à Anna, une de ses deux petites-filles  de se déguiser et de prendre le thé comme quand Anna était enfant. Anna découvre une robe qui n’était ni à sa grand-mère ni à sa mère Eleonoora. Elsa lui raconte à qui appartenait cette robe et lui dévoile un secret.

Elsinki, Années 1960:  Martii est au tout début de sa carrière d’artiste peintre et Elsa effectue de nombreux déplacements pour ses travaux d’études sur les enfants. Eeva étudiante est employée par le couple pour s’occuper d’Eleonoora lorsqu’Elsa s'absente. Ce qui n’aurait pas dû se produire arrive, Martii et Eeva tombent amoureux.  Vous comprendrez qui est la propriétaire de la robe retrouvée par Anna. L’erreur serait de croire que ce roman ne parle que de cette histoire d’amour ! Car avec une écriture posée, Riikka Pulkkinen nous dépeint  des sentiments  forts comme  le sont la peur de la mort, le vent de liberté et d’indépendance durant les années soixante, l’envie d’Elsa de mener de front sa carrière professionnelle et familiale,  les liens entre les membres de cette famille. Sans compter qu'avec habileté, elle se glisse dans la peau de plusieurs personnages tout au long du récit. Des personnages humains, touchants à qui elle a su insuffler une densité et une profondeur. Et, puis il y aussi  cette  faculté à décrire si justement Martii et Elsa  au début de leur vie de famille et cinquante ans plus tard avec ce que la vie leur a apporté.

Alors, c’est vrai je pourrais continuer à vous énoncer  toutes les qualités de ce roman mais  je vous dirai juste qu’il est très beau sur toute la ligne ! Riikka Pulkkinen nous offre une histoire prenante avec sensibilité et beaucoup de talent ! 

Les billets de Gwen et Lyvres  

Première participation avec la Finlande!

samedi 28 janvier 2012

Bertrand Guillot - Le métro est un sport collectif


Éditeur : Rue Fromentin - Date de parution : Janvier 2012 - 170 pages souterraines remplies de fraicheur !

Le métro est  invariablement associé à la cohue aux heures de pointe, aux gens qui ne sourient pas, à un individualisme souvent  flagrant,  aux retards ou aux perturbations. Mais c’est également un  lieu où les barrières sociales n’existent plus. Actif, touriste de passage, personnes qui font la manche... ces personnes se frôlent, cohabitent le temps de quelques minutes ou plus.

L'auteur a arpenté durant une année le métro  avec son carnet à la main.  Il nous livre des  chroniques de ce monde souterrain. Un monde à part où l’on subit la musique des baladeurs ou alors les conversations téléphoniques, la mauvaise humeur… Et puis, il y a des étincelles de plaisir, des regards échangés sans un mot ou des mercis sincères. Avec beaucoup d'humour, il nous transpose ces scènes avec ces personnages  et ce sont autant de portraits où l'on peut se reconnaître. Par exemple, quand je me rends à Paris,  j'ai les yeux fixés sur le plan de la ligne  de peur de rater mon arrêt ( mais pas en mode "je me cramponne à  mon sac de toutes mes forces" quand même…). Et puis, il y a ces pensées qui traversent l’esprit, ces remarques que l’on aimerait avoir le courage de dire mais que l’on tait. Bertrand Guillot les écrit avec franchise. Sans endosser un costume de robin des bois du métro qui aurait fait régner justice et politesse.  Si le ton se fait quelquefois léger, il n’en demeure pas moins que ce livre est un miroir de nous-mêmes…Car le métro est un théâtre qui se joue tous les jours à ciel fermé.

J’ai retrouvé avec plaisir le sens de d’observation de Bertrand Guillot que j’avais découvert dans b.a.–ba la vie sans savoir lire et cette capacité à s’interroger sur lui-même et les autres. Ce livre s’adresse à tout le monde et non pas qu’aux adeptes du métro parisien ! Pour preuve,  j’ai  vécu certaines situations relatées dans ce livre dans mes bus provinciaux. Cette lecture, si elle donne le sourire aux lèvres, nous pousse également à réviser nos comportements ou attitudes. A lire et à mettre en pratique!

Je repense à ce moment, je revois cette fossette, je me dis qu'elle n' a pas de chance, cette jolie comédienne. Il y a quelques années, tous les sourires du monde lui disaient qu'elle était jolie. Aujourd'hui, elle croit seulement qu'on vient de la reconnaître. Etre connu, on le sait, ça doit être pénible. Etre semi-connu, c'est peut-être pire.

vendredi 27 janvier 2012

Ron Hansen - Une irrépressible et coupable passion

Éditeur : Buchet Chastel - Date de parution : Janvier 2012 - 347 pages et un très bon moment de lecture !

New-York, 1927, Albert Snyder est retrouvé mort, sa femme Ruth ligotée et bâillonnée. Dès leur arrivée sur les lieux, les policiers constatent qu’un certain nombre d’éléments ne collent pas. Inspiré d’une affaire réelle qui défraya à l’époque la chronique, Ruth avait prémédité avec son amant Judd Gray le crime de son mari. Comment  Judd Gray marié et père de famille a-t’il pu se laisser piéger par Ruth ?
Avertissement : si vous êtes amateur ou fan de l’Amérique des années folles, vous allez vous régaler !
Ruth est une très belle femme consciente de ses charmes dont elle n’hésite pas à tirer partie. Elle s’ennuie dans son couple. Albert plus âgé qu’elle n’a guère d’estime pour elle. Seule leur fille Lorraine âgée de neuf ans est une source de joie.  Elle rencontre par hasard Judd Gray un homme séduisant vendeur de gaines féminines. Ruth n’en est pas à son premier adultère et son mari n’est pas dupe. Mais Judd est un homme qui  a des principes.  Si Ruth va le séduire, elle va également se montrer persuasive dan son rôle de femme battue. Petit à petit, elle devient l’unique source de désirs et  de pensées pour Judd. Ruth est toujours à la source de rendez-vous improvisés et elle finit par exercer une totale emprise sur son amant. Femme fatale et manipulatrice, avec un côté presque naïf et attendrissant, Ruth mène Judd par le bout du nez.  Ron Hansen laisse la parole à Ruth et à Judd. Les détails plongent le lecteur dans cette Amérique des années  vingt et ce roman est captivant !
Une fois commencé, j’ai eu du mal à le lâcher ! Le destin des deux amants est raconté avec  glamour, sensualité, précision et humour ! Un vrai bon moment de lecture pour ce livre à la construction impeccable !
Dans ses mémoires, Judd écrivit plus tard : "Quand à la situation chez moi, nous avions atteint ce stade qu'atteignent tant de couples mariés.Nous nous laissions porter par le courant. Mon écrasant sentiment de culpabilité me tenait éveillé nuit après nuit, à m'évertuer à résoudre le problème, jusqu' à ce que l'épuisement ait raison de moi; à me jurer de mettre un terme à tout ça. Je n'avais pas concience d'être intoxiqué à ce point par cet amour obsessionnel qui, en fin de compte, allait refermer sur moi son étreinte mortelle".

jeudi 26 janvier 2012

And the winners...


Et voici les résultats pour la saison 1 de qui veut gagner des livres nouvelle édition 2012. Tout le monde a répondu correctement aux questions :
1°) Comment s’appelle le prix organisé par les éditions Points ?
Prix du meilleur polar des lecteurs de Points

2°) Comment s’appelle la plage de Brest (mêm')?
      Le Moulin Blanc 

3°) Où aura lieu le concert de Miossec le 25 février prochain ?
      A la Carêne (et j‘y serai !)

Sous l’œil endormi attentif de mes deux huissiers : 



Françoise, Nadael, Agathe, Christine A, Mimipinson gagnent L’Incertain de Virginie Ollagnier
 
Loo, Liliba et Anaïs remportent Jaune de Naples de Jean-Paul Desprat

Corinne, Agnès, Anaïs, Agathe et Sylire auront un exemplaire de La princesse effacée d’Alexandra de Broca
 
et enfin Didi, Corinne, Agnès, Kathel et Nadael ont gagné Une soirée au Caire de Robert Solé. 

J'envoie un mail de confirmation à chacune demain ( car le jeudi c'est piscine!)

mercredi 25 janvier 2012

Sheila Kohler - Quand j'étais Jane Eyre


Éditeur : Editions de Table Ronde - Date de parution : Janvier 2012 - 262 pages  captivantes !


Charlotte Brontë, trentenaire, veille au chevet de son père pasteur qui a subi une opération des yeux. Même si le roman écrit avec ses deux sœurs sous un pseudonyme a été refusé, elle s’obstine et continue d'écrire.

Dans la pénombre de la chambre de son père, Charlotte écrit et repense à son  parcours. Le décès de sa mère, la fratrie de  six enfants soudés malgré la pauvreté de leurs existences. Puis l’arrivée de la tante pour les élever, le pensionnat et le décès de deux de ses sœurs, mais aussi l’amour éprouvé envers son professeur de français  à Bruxelles, son emploi de gouvernante  où elle était exploitée et humiliée. Autant d’éléments qui ont forgé le caractère de son futur personnage Jane Eyre. A travers elle, Charlotte prend une revanche sur la vie. Elle puise dans sa mémoire et façonne Jane. L’écriture l’unit à ses sœurs Anne et Emily. Leur frère Branwell boit et s’adonne à la consommation d’opiacés gaspillant le peu d’argent de la famille. Enfin, le succès arrivera avec la publication de Jane Eyre mais sèmera la jalousie et une certaine forme de rivalité entre les sœurs. la narration abordée sous différents points de vue nous offre une vision globale de l'ambiance, des éléments et du contexte qui ont  donné naissance à Jane Eyre.

Avec une écriture raffinée, Sheila Kohler se glisse avec finesse dans la  peau de Charlotte Brontë. Et elle nous offre un beau voyage ! J’ai lu d’une traite ce livre, passionnée et  captivée ! Et depuis, j’ai terriblement envie de relire Jane Eyre et les Hauts de Hurlevent !

Elle accordera à sa Jane d'être heureuse auprès de son maître, la laissera s'épanouir dans cette passion nouvelle, sentir son existence s'exalter à Thornfiel, la grande demeure où elle a été embauchée comme gouvernante.

Les billets de Cathulu, Ys


mardi 24 janvier 2012

Laura Kasischke - En un monde parfait


Éditeur : Le Livre de Poche - Date de parution : octobre 2011 - 352 pages et un avis mitigé.

Jiselle, hôtesse de l’air,  trentenaire dit oui  à Mark Dorm, pilote de l’air qui lui demande sa main. Bel homme courtisé, il est veuf et père de trois enfants. Jiselle arrête de travailler et se  retrouve la plupart du temps seule avec les enfants de Mark. Les deux filles adolescentes ne l’aiment pas et le lui montrent clairement. Seul leur frère Sam, plus petit, se montre gentil avec elle.

J’ai un avis mitigé sur ce livre. Même si je l’ai lu sans déplaisir, je suis très loin du coup de cœur. Le personnage de Jiselle m’a  agacée. Je l’ai trouvée assez soumise à Mark. Oui, Mark, marions-nous, oui, je rencontrerai tes enfants plus tard. Mouais, mouais…Et voilà que Jiselle se retrouve à habiter dans un endroit assez isolé tandis que Mark continue de sillonner les airs. Confrontée à l’hostilité des filles de Mark, elle ne réagit pas vraiment. Alors que le pays est frappé d’une épidémie mortelle, il devient de plus en plus difficile de se ravitailler en nourriture et en essence. Et là, Jiselle sort de sa léthargie. Enfin! Elle organise le quotidien car les écoles sont fermées  et prend des décisions. Pour couronner le tout, Mark est bloqué en quarantaine en Allemagne. Le beau pilote lui a caché certaines choses qu’elle découvre petit à petit…Je n'ai vraiment apprécié que la dernière partie du livre où je me suis demandée ce qui allait arriver à Jiselle et aux enfants.

Si les conséquences apocalyptiques de l'épidémie font froid dans le dos, je n’ai pas trouvé ce livre exceptionnel et avec cette auteure c’est décidément, je t’aime, moi non plus !


Les billets et avis différents de Joëlle, Kathel et Ys  qui renvoient à d’autres liens. 

lundi 23 janvier 2012

Michèle Lajoux - Le crime de la renarde


Éditeur : le Cherche Midi - Date de parution : Janvier 2012 - 144 pages bouleversantes...

Cendrine est emprisonnée pour une peine de vint-cinq ans. Agée de vingt-trois ans, elle a tué son petit garçon Théo.

Infanticide,  si ce mot donne la chair de poule, ce roman très bien mené évite beaucoup d’écueils. "L'horrible"  et la  sensation de voyeurisme sont écartés. Il s’agit de Cendrine qui raconte ou plutôt qui écrit son histoire. Trois parties et trois cahiers qu’elle remplit pour comprendre et admettre la vérité. Aussi odieuse soit-elle. Oui, elle a bien tué son bébé Théo. A travers ses écrits, des actes subis et refoulés voient enfin le jour. Jeune femme fragilisée, ballotée par la vie et abusée, elle a nourri une haine envers les hommes.

Sur un thème de fond dur, l’auteure réussi à décliner la palette des émotions que ressent Cendrine. J’ai refermé ce livre bouleversée et troublée avec un nœud d'émotions dans la gorge. Sans ressentir de la compassion pour Cendrine, elle m’a cependant touchée par le travail effectuée sur elle -même. Elle ne se cherche pas des excuses, non, elle raconte avec ses mots sa vie, la prison et son amour pour Théo qui s’est mué. Même si  le sujet est dérangeant, j’ai aimé ce livre. L’écriture de Michèle Lajoux marie sensibilité, onirisme et j’y ai inséré beaucoup de marque-pages !

Mon rêve le plus important était tout bête. Je voulais me sentir vivante. Quand je dis vivante, cela signifie sentir vraiment les choses, être complètement dedans et pas sur le bord. Comme au théâtre, il ya les spectateurs et les acteurs. On peut se dire que c’est la même pièce, donc que tout le monde participe au même spectacle, en fait il y a deux mondes, ceux qui font la vie sur scène et ceux qui les regardent. Vivre complètement, c’est être sur la scène, parler, marcher, faire des gestes, sinon, on vit dans l’incomplétude.

Je ne me suis pas souvent sentie vivante. J’ai toujours été dans l’incomplétude.

Le site de l'auteure ici

dimanche 22 janvier 2012

Deux inconnues


Elle avait depuis longtemps préparé ce qu’elle allait dire. Les phrases s’étaient imprimées en elle, il fallait qu’elle aille la voir.  Elle lui avait téléphoné en fin de matinée et dit qu’elle avait une course à faire dans le quartier. Passe pendre un café lui avait-elle répondu. Au déjeuner, elle regardait son assiette, l’estomac noué, impossible d’avaler quoi que ce soit. Quand elle avait sonné à l’interphone, ses mains étaient moites. Sa sœur se tenait dans le salon. Elle l’écoutait distraitement se demandant comment elle allait le lui dire. Elle puisait du courage car les sœurs s’aident. Dans une famille, on peut compter sur les siens. Elle avait toujours craint et admiré sa sœur aînée. Nerveuse, elle jouait avec la cuillère de sa tasse. Elle inspira pour se lancer et dit qu’elle et son mari allaient divorcer. Sa sœur s’était arrêtée, la dévisageait. Sourcils froncés, elle lui demandait pourquoi. Parce que je ne l’aime plus, j’ai l’impression de vivre avec un étranger. Et les enfants, tu y as pensé ? Bien sûr, elle y avait pensé. Depuis des mois, elle se posait des questions. Les retournait  dans tous le sens.Mais quand elle regardait son mari, elle ressentait de l’indifférence. Leurs conversations relevaient de l’organisation. Ils ne partageaient plus  rien et quand il voulait la toucher,  elle se dégageait brusquement. Elle ne supportait plus cette mascarade. Il  avait vite compris pourquoi elle se  dérobait. Si au départ il s’était montré conciliant, il était revenu sur sa position. Réclamant des explications à n’en plus finir. Elle lui répétait qu’elle se fanait, qu’elle s’étiolait. 

Tu ne penses qu’à toi une fois de plus ! Sa sœur lui avait jeté la phrase au visage. Les mots la mordaient. Avec Gilles, ça avait été pareil, tu te rends compte, deux mariages et deux échecs ! Voilà, c’était dit. Comment sa sœur pouvait-elle la juger ? Elle se dit qu’elle avait fait une erreur en venant la voir. Jamais elles n’avaient été proches ou solidaires. Un bref instant, elle se revit enfant timide et sa sœur qui lui ordonnait de lui obéir, je suis la plus grande tu dois m’écouter. L’adolescente gauche qu’elle était avançait à tâtons dans l’ombre de sa sœur. Quand elle demandait conseil à sa mère, celle-ci lui répondait as-tu posé la question à ta sœur. Elle voyait toujours ses choix et décisions devant être approuvées par elle.  Comment pouvait-elle espérer de la compréhension ? Elle se leva et prit ses affaires. Tu connais le chemin pour un va-t-en, pars de chez moi.  C’est ce que j’ai de mieux à faire. Elle fut surprise de s’entendre prononcer cette phrase.  Il s’était mis à pleuvoir. Elle baissait la tête et pleurait. La pluie se mélangeait à ses larmes. La fêlure était nette et profonde, elle savait désormais qu’elle et sa sœur étaient deux inconnues. Elle regarda sa montre, il fallait qu’elle se dépêche d’aller travailler. Arrivée devant l’immeuble, pour la première fois elle regarda différemment la plaque où était inscrit son nom suivi de la mention psychologue. Elle venait de gagner en assurance.

Il s'agit de mon texte pour l'atelier de Leilonna  inspiré de la photo suivante :

Copyright Kot



samedi 21 janvier 2012

Arthur Loustalot - Là où commence le secret


Éditeur : JC Lattès - Date de parution : Janvier 2012 - 183 pages et un coup de cœur!

Avertissement : mon compteur de points d’exclamation risque d’exploser …

23 ans… non ce n’est pas mon âge mais celui d’Arthur Loustalot. 23 ans et une écriture magnifique ! Je suis bluffée !!! J’ai terminé ce recueil composé de cinq longues nouvelles en mode poisson privé d’oxygène !

Retenez bien  ce nom car ce petit génie littéraire n’en est qu’à ses débuts ! Avant ce recueil, il a publié un roman. Cinq nouvelles où l’auteur déploie une écriture exceptionnelle, limpide et superbe pour nous faire partager des tranches de vies. Uniquement masculines. Des hommes jeunes comme Fergus habitant en Ecosse là où la mer fouette la terre ou plus âgés comme Wu qui vient de perdre son fils.  Il y a aussi Nino ancien danseur de flamenco et Javier dont le travail le cloisonne à une cabane au-dessus d’un panneau publicitaire. Des hommes aux quatre coins du globe dont les existences sont malmenées. Des hommes qui tombent mais se relèvent. Amour, deuil, solitude, désirs oubliés ou ravivés … autant d’émotions et de sentiments les animent, les font souffrir ou regretter. Des descriptions magnifiques, je pense notamment à  la sensualité qui se dégage des paragraphes où les mouvements du flamenco sont décrits. Et les  personnages, leurs trajectoires  ne peuvent pas laisser indifférent le lecteur !

Coup de cœur sur toute la ligne pour ces nouvelles intemporelles ! Je suis époustouflée et je dis chapeau bas !!!

Je n'ai pas pu me résigner à choisir un extrait...

vendredi 20 janvier 2012

Sibylle Grimbert - La conquête du monde

Éditeur : Léo Scheer - Date de parution : Janvier 2012 - 306 pages et un régal !

Ludovic est un jeune homme brillant. Entendez-par là qu’il est un jeune avocat promis à une belle carrière. Divorcé, son ascension professionnelle et  sociale tout d’un coup s’effondre. Poussé vers les portes de sortie, impuissant, il assiste à sa propre chute.

Jamais Ludovic ainsi que ses amis n’auraient envisagé que Ludovic perde le contrôle de son avenir bien tracé. Sans savoir pourquoi, tout s’écroule.  Son ambition professionnelle est mise à mal avant d’être ravalée. Englué dans ses questionnements, il perd le fil de sa propre vie alors que ses amis réussissent. Jaloux, défaitiste, envieux puis tour à tour combattif, résigné, Ludovic accumule les gaffes et les maladresses. On le dit tête en l’air pour ne pas dire étrange, ses amis et sa famille s’éloignent de lui.  Si Ludovic ne rentre plus dans le moule, il parvient à trouver et à comprendre l’essentiel.   
Après Le vent tourne, quel plaisir de retrouver l’écriture de Sibylle Grimbert ! Cette écriture où l’ironie, l’humour égratignent les codes uniformisés de notre société, des gens bien comme il le faut. Un style impeccable où l'auteure glisse des réflexions, une psychologie fine et un sens de l’observation confèrent à ce roman du piquant. On sourit de ces pics, de ces descriptions si justes (qui font grincer des dents) et au final, on se demande qui sont les vrais perdants … 

Je me suis régalée et Sibylle Grimbert démontre une fois de plus tout son talent ! 

Evidemment, malgré tout, il s'ennuyait, et l'ennui est un sentiment si inacceptable aujourd'hui, si douteux, que gêné de l'éprouver il ne voulait plus voir personne, ni Fabrice, ni Benoît dans un square ou ailleurs, ni un jour par hasard Olivier Patrick. Il se repliait, se racornissait, se froissait comme une feuille de papier avant d'être jetée dans une corbeille, mais cette corbeille remplie de projets avortés était sa vie.

Le billet de Céleste 

jeudi 19 janvier 2012

Qui veut gagner des livres - Saison 2012 ?

Je vous propose de vous faire gagner grâce aux éditions Points (un grand merci à mon Nantais de souche préféré) 5 exemplaires des titres suivants :

L’Incertain de Virginie Ollagnier
Jaune de Naples de Jean-Paul Desprat
La princesse effacée d’Alexandra de Broca
Une soirée au Caire de Robert Solé

Mais d’abord il va falloir répondre correctement à quelques questions : 

1°) Comment s’appelle le prix organisé par les éditions Points ?
prix Points Virgule 
prix du meilleur polar des lecteurs de Points
prix du meilleur thriller Points 

2°) Comment s’appelle la plage de Brest ( mêm')?
          Le Moulin Blanc 
          La Rade enchantée
          La plage de l’Ouest

Et enfin, la question que vous attendez tous impatiemment!
3°) Où aura lieu le concert de Miossec le 25 février prochain ?
          Dans mon salon (pour un concert privé) 
          Au Vauban
          A la Carêne
           
Les règles de participation : habiter en France métropolitaine, vous pouvez concourir pour 2 titres et enfin les copies sont à rendre par mail ( avec votre adresse postale) avant le 24 janvier minuit ( le cachet du  mail faisant foi).

mercredi 18 janvier 2012

Brian Evenson - Baby leg


Éditeur : le Cherche Midi - Date de parution : janvier 2012 - 99 pages nébuleuses ...

« Ce fut court et sans plaisir ». Il ne s’agit pas de la pensée d’une jeune donzelle au lendemain de sa nuit de noces avec son preux et noble époux chevalier mais ma conclusion sur ce livre. 

Pour une fois, je vous mets le résumé de la 4ème de couverture : "Kraus, un homme mystérieux amputé d'une main, se réveille,un matin, amnésique, dans une cabane au milieu de la forêt.
Il est hanté par la vision d'une femme avec une hache, dotée d'une jambe normale et d'une jambe de bébé. Il découvre alors, dans un village voisin, le portrait d'un individu recherché qui lui ressemble étrangement. Les hommes qui le poursuivent sont à la solde d'un certain docteur Varner."

Je n’ai rien compris à ce livre ! J’ai même douté que mes deux neurones vaillants aient définitivement grillé mais même ma comparse Keisha , elle-aussi, a été déçue par ce livre.  On suit un personnage dénommé Kraus poursuivi par des méchants. Fiction ? Réalité ? J’ai pataugé ( mais pas dans la gadoue). Qui est le docteur Varner, pourquoi est-il à la recherche de Klaus ? Aucune réponse, mystère et boule de gomme…
Inutile de faire des tartines sur cette grosse déception…

Cuné a aimé.

mardi 17 janvier 2012

Akli Tadjer - La meilleure façon de s'aimer


Éditeur : JC Lattès - Date Parution : janvier 2012 - 284 pages d'amour, d'humour et de tendresse !

Suite à un accident cérébral, Fatima est murée dans un silence à l’hôpital. Son fils Saïd se retrouve au chômage : il vient de perdre  son emploi de courtier en assurances. Après les attentats du 11 septembre, il décide changer son prénom et tombe amoureux de Clothilde.

Humour, tendresse, non dits, souffrance et amour, voilà ce qui résume ce roman !  L'entreprise qui employait Saïd est est rachetée et il est licencié. Il paye les pots cassés de ses origines arabes dans une France qui aux lendemains du 11 septembre a peur. Sans emploi, il a plus de temps pour passer voir sa mère hospitalisée. Fatima ne parle pas, ne bouge pas. Elle va cependant parvenir à pouvoir écrire un peu.  Elle passe ses journées à observer l’équipe soignante mais surtout elle revisite ses souvenirs : Alger, son enfance à l’orphelinat, son départ pour la France et à la petite fille qui porte une robe jaune. Cette petite fille est récurrente et on comprend tout l’amour qu’elle lui porte. Saïd vit des amours tumultueuses avec Clothilde. Lui aussi revient sur son enfance, ses relations avec  sa mère qui ne lui jamais  dit qu’elle l’aimait. Les non-dits sont nombreux surtout quand il s’agit de l’amour d’une mère pour son fils. Les histoires se déroulent  avec beaucoup d’humour de la part de Saïd et de fierté, de la souffrance pour sa mère. On découvre la vie de Fatima et ce qu’elle n’avait jamais voulu raconter ou avouer à son défunt mari ou à son fils.

Une très, très  jolie découverte lue d'une traite  et j’ai terminé cette lecture le cœur serré…

-Maintenant que papa est mort, est ce- ce qu’il y aura une place pour moi dans ton cœur ?

J’ai répondu qu’il y avait toujours eu une place pour lui dans mon cœur.

-Une place, une vraie, maman. Pas un strapontin.

lundi 16 janvier 2012

Marie Sizun - Un léger déplacement


Éditeur : Arléa - Date de parution : janvier 2012 - 281 pages sensibles et touchantes!

Après le décès de sa belle-mère, Ellen est contrainte de s’absenter de New-York où elle vit depuis trente-cinq ans. Elle laisse sa librairie et son mari pour aller s’occuper de l’appartement familial à Paris. 

Ellen n’aimait pas sa belle-mère, la seconde femme de son père qu’il avait épousé après la mort de la sienne. Pas plus que Stéphane son fils. En revenant à l’appartement et dans ce quartier du VI ème arrondissement de Paris, les souvenirs refont surface. Peu à peu. Ellen semble avoir  tiré un trait sur son enfance et son adolescence  allant même jusqu’à américaniser son prénom Hélène.  Elle n’était pas revenue à Paris depuis son départ pour New-York sauf pour l’enterrement de son père. Par petites touches, les rues, les boutiques, les objets sont autant d’éléments déclencheurs d’évènements enfouis, confinés par la mémoire. Ellen redevient Hélène ou plutôt les strates des émotions qui la définissent sont explorées. Percées au grand’ jour. Les secrets de famille également et l’envie de rentrer à New-York s’estompe. Elle comprend pourquoi Paris, cette ville qu’elle aime tant, lui manque. La ville est un personnage à part entière. Mais surtout, Hélène se construit. Je n’en dis pas plus ! 

J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture concise et sensible dans la lignée de La femme de l’allemand, Le père de la petite. Dans ce nouveau roman, les sens sont en éveil comme ceux d’Hélène. Il est question aussi de la guerre d’Algérie, des silences qui l’ont entourée. Seul bémol pour moi, j’ai pressenti la fin. 

Un roman qui a su me toucher ! Le style de Marie Sizun est un vrai plaisir dans cette une histoire où la sensibilité est au rendez-vous !

On ne peut pas vivre de l'autre côté du miroir. Mais si, par hasard, on a aperçu ce qui s'y passait, peut-être perd-on à jamais le goût du réel. Ce n'était qu'un déplacement de quelques degrés, mais il a pour toujours modifié notre vision des choses.

dimanche 15 janvier 2012

Coupable


Quand il avait reçu le courrier, il avait été pris d’un sentiment de stupéfaction. Il était convoqué au tribunal en tant que juré populaire. Plusieurs  jours à assister à des procès et à donner son opinion sur des affaires. Son directeur de thèse avait bien entendu compris et accepter son absence quelques jours au laboratoire.  Les deux  premières journées s’étaient  relativement bien passées. Encore que mal à l’aise, il n’arrivait pas à s’enlever de l’esprit que son avis comptait. Un avis qui  pouvait mettre derrières les barreaux un innocent. Peu à peu, il s’était détendu. 
Il revenait du tribunal. Comme frappé d’incrédulité par ce qu’il avait vu et entendu. L’affaire concernait une jeune fille de dix-sept ans décédée quelques jours avant de passer son bac. Une association s’était portée partie civile. Les parents avaient été entendus. La mère austère semblait renfermée sur elle-même. Le teint violacé du père était la preuve évidente de son penchant pour l’alcool.  Lorsque l’avocat posa des questions à la mère, il fut abasourdi par ses réponses.
- Mais Madame, vous aviez du vous apercevoir que Léna avait maigri quand même ?
-Oui
- Mangeait-elle aux repas ?
- Non, enfin si…un peu.
- Et à aucun moment vous avez pensé à appeler un médecin ?
- Je me disais que c’était à cause du bac et puis, elle était en forme !
- En forme ?! 35 kilos pour 1mètre 71 ? et elle était en forme ?
- Je.. je ne sais pas… La mère sortit un mouchoir et y enfonça sa tête.
- Lui montriez-vous des  preuves d'amour? de l'affection ?
- C'était ma fille,naturellement  je l'aimais.
- Vous  ne répondez pas à ma question. L'embrassiez-vous par exemple ?
- ...

La jeune fille fut décrite comme une bonne élève. Bien sûr, au lycée tout le monde s’était aperçu qu’elle maigrissait. Mais ses résultats étaient constants, aucun malaise  ou aucune absence. Personne ne fit rien.  
Le père dit qu’il avait essayé à plusieurs reprises de lui demander de manger un tout petit peu. Un yaourt au moins. Elle refusait. S’obstinait.
Léna était morte. En huit mois, elle avait perdu vingt kilos. Les docteurs évoquèrent différentes raisons: la peur d’échouer à l’examen, un mental très fort et le contexte familial. A ces mots, le père releva la tête. Pas la mère. La jeune fille s’était confiée à sa meilleure amie en disant que son père était alcoolique et qu’elle ne supportait plus tout ça. Elle ne voulait absolument pas rater son bac. De le  voir rentrer ivre titubant, les yeux vitreux. Les disputes avec sa mère. Une fois son bac en poche, elle serait libre. Elle partirait enfin pour ses études. Il avait compris le désespoir de Léna et il était en colère. Pour lui, la part de responsabilités des parents était évidente dans le décès de leur fille.

Il était sorti du tribunal la bouche sèche. Un goût métallique dans la gorge. Dans le métro, il ouvrit son courrier. Une enveloppe retint son attention. Un laboratoire pharmaceutique lui proposait un emploi à mi-temps. Un projet dont l’étude était la fabrication de nouveaux coupe-faim. A cet instant, il eut l’impression que tous les voyageurs le regardaient, le jugeaient coupable. Il ferma les yeux, se sentit mal. Le goût métallique se renforça laissant place à l'envie de vomir. Il fallait qu’il sorte prendre l’air au plus vite.  Il avait besoin de cet emploi. Mais seule la photo de Léna deux mois avant son décès l'obsédait. Des pommettes saillantes, des joues creusées et des yeux ternes.

Il s'agit de mon texte pour l'atelier d'écriture chez Leiloona à partir de la photo suivante :
Copyright Kot

J.Edgar

Film réalisé par Clint Eastwood avec Leonardo DiCaprio, Noami Watts, Harmie Hammer.

Synopsis : Le film explore la vie publique et privée de l’une des figures les plus puissantes, les plus controversées et les plus énigmatiques du 20e siècle, J. Edgar Hoover. Incarnation du maintien de la loi en Amérique pendant près de cinquante ans, J. Edgar Hoover était à la fois craint et admiré, honni et révéré. Mais, derrière les portes fermées, il cachait des secrets qui auraient pu ruiner son image, sa carrière et sa vie.

Avant d'aller voir ce film, j'ignorais par qui et dans quelles circonstances le FBI fut créé. Un homme, un seul, est associé à ces trois initiales : J. Edgar Hoover. Ambitieux, visionnaire, il  refusait d'admettre ses penchants homosexuels. Soumis et dévoué à sa mère, il était focalisé sur l'invasion bolchévique . Sa force était d'avoir des dossiers personnels et compromettants sur les personnes en vue. Président compris. Véritable bourreau de travail, il a exercé ses fonctions sous le mandat de huit présidents.

Et voilà comment, j'ai passé un très, très  bon moment de cinéma ! J'ai appris plein de certaines choses sur l'histoire des Etats-Unis et du FBI ( le premier qui me traite d'inculte m'entendra pester!) et Leonardo DiCaprio campe le personnage à merveille.  Par contre, le personnages vieillissants donnent l'impression d'avoir une couche de mélange ciment et fond de teint sur le visage...

Je ne vais pas vous raconter tout le film sinon il n'y aurait aucun intérêt à ce que vous alliez voir ! Je vous le conseille  pour la personnalité très intéressante et complexe de J. Edgar Hoover ! Et en plus, on revisite l'Amérique. De la grande dépression au début des années soixante-dix. Je le redis mais Leonardo DiCaprio est convaincant ainsi  que l'ensemble des acteurs.J'apprécie de plus en plus que Clint Eastwood se glisse derrière la caméra !

samedi 14 janvier 2012

Jean-Louis Fournier - Veuf


Éditeur : Stock - Date de parution : octobre 2011 - 157 pages d'amour.

Jean-Louis Fournier nous parle de son épouse disparue. Avec le même humour que dans Où on va papa ?, la même sensibilité que dans Il a jamais tué personne, mon papa, il revient sur sa vie. Sa vie avec et désormais sans Sylvie. Humour irrévérencieux ou  tendre pour cacher la tristesse, désinvolture pour tenter de cacher le manque de l’autre. A travers des petite scénettes, des instantanés de vie, l’amour surgit à chaque phrase et est dans chaque mot! Sous son masque, la pudeur est  présente ainsi que l’émotion. Il se moque des clichés, des phrases entendues, des attitudes des uns mais se montre reconnaissant du comportement des autres. Le monde d’emploi du veuf ou de la veuve  n’existe pas et derrière les sourires, l’absence de Sylvie est palpable. Je me suis retrouvée les yeux mouillés d’émotions.   Avec une écriture minimaliste aux formulations dont on se délecte, il nous livre un beau et grand témoignage d’amour.  A son habitude, il rapporte les faits et ses impressions sans chercher à fausser les portraits, à mettre quiconque sur un piédestal.  Et toujours cette même modestie.
Jean-Louis Fournier est pour moi  un grand auteur d'une très grande sensibilité. Grâce à lui, j'ai appris à utiliser l'auto-dérision comme une arme et je lui dois beaucoup.

Merci Monsieur Jean-Louis Fournier et continuez d’écrire !

Elle a été ma cale, elle m’a empêché de tomber, je me suis tenu droit à ses côtés. Elle m’a décapé, elle m’a poli, elle m’a fait briller. En échange, je l’ai fait rire. Pleurer aussi.

Et nous aussi on peut se répéter : Tous les jours, et à tout point de vue, de vais mieux, de mieux en mieux. Tous les jours, et à tout point de vue, de vais mieux, de mieux en mieux. Tous les jours, et à tout point de vue, de vais mieux, de mieux en mieux... 

Les billets de Cathulu ( merci !), Choco, Lucie

jeudi 12 janvier 2012

Lionel Shriver - Tout ça pour quoi


Éditeur : Belfond - Date Parution : janvier 2012 - 583 pages émouvantes et terriblement justes! 
 
Shep Knacker a vendu son entreprise et veut quitter les Etats-Unis pour s’installer dans une île près de l’Afrique. Son rêve de l'Outre-vie tourne court. Sa femme Gladys est atteinte d’un cancer très rare nécessitant des traitements coûteux. Le couple vit confortablement sans avoir à se soucier de problèmes d’argent. Licencié et ruiné, Shep ne bénéficie plus de l’assurance de son ancienne entreprise  alors que la santé de Gladys continue à se dégrader. Comment continuer à payer les traitements ? Quel est le prix de la vie dans un pays où la sécurité sociale est inexistante ? 

Même si  la maladie et  l'ombre de la mort  sont omniprésentes dans ce roman, ce qui aurait pu être démoralisant ne l’est pas. On peut dire que Lionel Shriver n’a pas froid aux yeux ! Dans ce livre, avec intelligence et ironie, elle dénonce tout un système. Celui des retraites, des impôts mais surtout l’absence de sécurité sociale aux Etats-Unis. Shep a remporté un peu de 700 000 dollars lors de la vente de son entreprise. Le cancer de sa femme Gladys est rare. Les médecins proposent des traitements expérimentaux non couverts. Bien entendu, Shep et Gladys acceptent. Cela va de soi. Entre les études de son fils, les factures de son père, le loyer de sa fille, Shep a toujours tout payé. Jackson, son meilleur ami et voisin de Shep, dont  la fille est atteinte d’une maladie dégénérative mortelle dénonce depuis toujours le système de soins. Shep jusqu’ici acceptait tout et une année de soins l’a ruiné. Mais quand le cancer s’annonce de toute façon sans espoir, quel est le prix à payer pour prolonger de trois mois une vie ? Où commence l’acharnement thérapeutique et  jusqu’où peut-on aller ? A ces questions, l'auteure apporte des éléments de réponses à travers ses personnages. Avec finesse et perspicacité. Et le titre résume on ne peut mieux la situation dans laquelle se trouve Shep.
La peur de la maladie, ses conséquences familiales, sociales, financières sont dressées dans ce roman où il n’y a aucun pathos. Des personnages on ne peut plus  humains, avec leurs problèmes, leurs tracas et leurs espoirs. J’ai tourné la dernière page le cœur serré certes, mais aussi avec sérénité. 

Un roman émouvant, terriblement juste mené sans temps mort, à l’écriture subtile et vitriolée! 

Elle refusait corps et âme de jouer la pauvre gamine handicapée qui regonfle le moral de tout le monde avec son courage et son "mental" ( ah-ah) ensoleillé.

Il n'était probablement pas le seul à détester les hôpitaux au point d'avoir envie de fuir lorsqu'il visitait un être aimé. Ce n'était pas seulement les odeurs, ou une horreur instinctive de la maladie. Nous sommes paraît-il tous égaux devant la maladie; le problème, c'est la question de savoir si le nivellement ne se fait pas par le bas.