vendredi 31 août 2012

Richard Powers - Gains


Éditeur : Le Cherche Midi - Date de parution : Août 2012 - 631 pages menées intelligemment !

Etats-Unis, Boston. 1830. La famille Clare se lance dans la production de savons. La modeste entreprise familiale devient un siècle et demi plus tard une multinationale cotée en bourse diversifiée dans de nombreux secteurs. La marque a su s’impose et s’enrichir. Implantée à Lacewood, l’entreprise fait pour ainsi dire vivre la ville. 1998, Laura Bodey habitant dans cette même ville et mère de deux enfants  apprend qu’elle est atteinte d’un cancer des ovaires.

Deux récits sont menés en parallèle dans ce livre. Celui de la petite entreprise familiale Clare et de sa mutation en pieuvre au fil des évènements sociaux-économiques mais aussi historiques et surtout commerciaux. Car si au départ Clare répondait à la demande des consommateurs, elle a compris tout l’intérêt de la créer. La savonnerie est devenue une firme, un géant qui pèse son poids dans les produits ménagers, les engrais, les lessives sans oublier les produits de cosmétique et le savon. Pour prospérer, l’entreprise a su utiliser la chimie et le marketing. Un produit ne se vend pas sans la communication et la publicité, de merveilleux outils pour accroître le profit. Les dirigeants de Clare ont su flairer les modes et le tendances : jouer la carte patrie ou celle des bonnes œuvres locales, développer des gammes plus "écologique"s. Et voilà comment donner une belle image de l’entreprise au consommateur toujours plus exigeant et demandeur de nouveautés.
Agent immobilier, Laura est divorcée et élève ses deux enfants. Sa fille est en pleine crise d’adolescence et son garçon passe son temps devant son ordi à des jeux en réseau. A quarante-deux ans, son existence bascule. Elle est atteinte d’un cancer des ovaires. Opération, chimiothérapie et un combat contre la maladie qu’elle mène de front. Laura habite non loin des usines de l’entreprise et comme tout le monde, elle a dans ses placards bon nombre de leurs produits. Les médecins essaient de la soigner, tentent de nouveaux traitements sans s’engager sur un résultat. Et quand la  maladie s'avère finalement être la plus forte, Laura prévoit  l'avenir de ses enfants (et là j'avoue avoir eu  des  poissons d'eau dans les yeux).

Par la construction du livre, plus l’entreprise se fructifie et plus la santé de Laura se dégrade. Petit à petit, le puzzle s’assemble car il y a une jonction. Terrible et si horriblement logique. 
Avec ce livre documenté ( je pense notamment aux extraits de publicités de l’entreprise ou aux évènements historiques), Richard Powers nous amène à la réflexion en tant que consommateur/acteur. Un livre brillant, mené de main de maître et où l'émotion est bien présente !

Qui a bien pu leur dire de fabriquer tout ça? se demanda-telle. Mais la réponse, elle la connaît. Ils ont fait le compte de tous les reçus, bien lus soigneusement qu'elle ne l'avait jamais fait elle-même. Et puis n'est-elle pas née avec des envies qu'ils sont nés, eux, avec l'envie de satisfaire? Ils ont anticipé la moindre de ses pensées, de moindre de ses souhaits avec ces produit d'une simplicité  confondante, dont le plus évident est pourtant à des années-lumière de ses propres compétences.


Le billet de Keisha




jeudi 30 août 2012

Joël Egloff- Libellules

Editeur : Buchet Chastel - Date de parution : Août 2012 - 187 pages et 25 nouvelles remplies d'humanité!

En vingt-cinq nouvelles, Joël Egloff décrit avec tendresse, humour et beaucoup d’humanité des scènes du quotidien. Les questions sur la mort d’un petit garçon et des réponses réfléchies pour ne pas le brusquer, d’une voisine qui secoue depuis huit ans son linge à sa fenêtre au désarroi d’un homme à la terrasse d’un café, une boîte aux lettres qui avale le courrier, un sablier qui semble avoir perdu la notion du temps, des souvenirs d’enfance... et bien d’autres choses !   

L’auteur capte des moments qui peuvent apparaître anodins ou terriblement ordinaires. Mais avec un regard tendre et très observateur, il sait y déceler le bonheur simple, ces petites étincelles que l’on oublie trop souvent.  Et aussi de l’humour qui flirte quelquefois avec l’absurde, de la malice, un brin de nostalgie  pour ce recueil de nouvelles que j’ai savouré !

On ressent toute l’humanité de l’auteur dans chacun des textes! Une écriture sans artifice  mais où il y a la précision des mots. Alors, j'ai été beaucoup touchée, j'ai eu le cœur pincé et j'ai souri! Toute la palette des émotions se trouve dans ce très beau recueil  qui dégage une bienveillance sincère et honnête!  Une découverte "pépite"! Voilà  des nouvelles que je prendrais plaisir à relire pour me mettre du baume au cœur en cas de doute sur la  nature humaine!

Peu importe l'heure à laquelle il arrive chez lui, il n'est pas attendu. On s'en serait douté, car Casimir Lentz vit seul, c'est ainsi. Je ne sais pas pourquoi, mais le contraire eût été surprenant, et j'aurais bien eu du mal à expliquer qu'il habitait une grande maison, se hâtait d'aller retrouver son épouse, ses enfants et ses chiens, j'aurais eu bien du mal à décrire la fête que lui auraient fait à son retour ses trois têtes blondes, ses deux lévriers afghans. Ce n'est pas de la mauvaise volonté, c'est simplement que les choses sont souvent d'une cohérence affligeante.







mardi 28 août 2012

Amanda Eyre Ward - A perte de vue

Éditeur : Pocket - Date de parution : 2008 -286 pages et un roman agréable 

Caroline, Madeline et Ellie n’ont pas des parents parfaits. Loin de là. Leur père est alcoolique et leur mère Isabelle ne dit rien. Caroline et Madeline les deux adolescentes mettent sur  pied une fugue. Selon  leur plan, elles doivent récupérer Ellie à la sortie des cours. Mais elle introuvable. Seize ans plus tard, Isabelle est certaine d’avoir reconnu le visage de sa fille Ellie sur une photo prise dans le Montana  et publiée dans un magazine. 

Ni Caroline, ni Madeline, ni Isabelle n’ont pu oublier Ellie. Chacune se sent coupable de sa disparition. Ce poids les empêche de vivre pleinement même si elles n’en parlent plus comme si le sujet était tabou. Le père des filles est décédé et Isabelle a refait sa vie. Madeline s’est mariée tandis que Caroline est serveuse dans un bar de la Nouvelle-Orléans comme il en existe un peu partout.  Trois femmes qui ignorent ce qu’il est arrivé à Ellie. Lors du repas de Noël où Caroline se rend à contrecœur, sa mère lui demande de partir à la recherche d’Ellie dans le Montana.  Faut-il espérer ou tourner définitivement la page ?

Amanda Eyre Ward  excelle à nous décrire la psychologie de ses personnages !  Chacune des trois femmes réagit différemment et on ne peut être que touché.  Caroline veut croire tout comme sa mère qu'Ellie est vivante alors que Madeline enceinte se concentre désormais sur l’avenir. Des personnages attachants, meurtris et l'auteure nous donne petit à petit les pièces du puzzle en laissant planer un léger suspense.

J’avais vraiment été conquise par Ferme les yeux et j’ai trouvé que les trames sont finalement assez similaires (d'où le manque de points d'exclamation dans mon billet ). Mais j'ai pris plaisir à lire cet agréable roman ! Un bémol pour la fin qui m’a déçue  ...

Les billets de Brize, Chaplum, Papillon

lundi 27 août 2012

Régis de Sa Moreira - La vie


Editeur : Au Diable Vauvert - Date de parution : Août 2012 - 136 pages et du bonheur !

En 136 pages, Regis de Sa Moreira nous entraîne à travers une multiplicité de personnages dans la farandole de la vie.
Je suis sorti de chez moi à huit heures, j’ai marché
au lieu de prendre le métro, je me suis marré en
croisant un homme qui portait une télé…

Je ne sais pas ce que j’avais de marrant, je

portais une télé c’est tout, mais bon allez savoir
ce qui passe dans la tête des gens. Cette télé
commençait à me peser, j’ai décidé de la poser
pour fumer une cigarette. Je n’avais pas de feu
alors j’en ai demandé à un homme qui était assis
sur un banc…
Un personnage en appelle un autre. En  six lignes maximum,  Regis de Sa Moreira nous livre les pensées, les envies, les espoirs, les déceptions de ses personnages  croisées à un moment donné.  Des hommes infidèles,  des amoureux, des bébés, des gens sur le point de mourir mais aussi des personnes célèbres décédées  ou vivantes qui par exemple regrettent la perte de leur anonymat. Heureux, mécontents, insatisfaits, contemplatifs, épicuriens… L’auteur croque la personnalité humaine et  excelle dans cet exercice de style vif, entraînant qui reflète la danse de la vie. On se glisse dans la peau de chacun des personnages avec délice et il y a toujours la surprise de se demander ce que va nous raconter le prochain interlocuteur. Derrière l’humour et les apparences légères, la  réflexion est bien présente et l’auteur nous décrit la vie telle qu’elle est! Un régal !

Je l’ai su dès que je l’ai vue qu’elle ne tiendrait pas le rythme. Nous sommes des lectrices professionnelles, pas des ménagères romantiques. Même les auteurs ont peur de nos invitations, ils préfèrent se cacher chez eux et envoyer leurs romans à ces connes de bloggeuses.

J’ai continué de rire en marchant, que c’est bon la vie parfois ! En même temps, on ne peut la comparer à autre chose qui serait meilleur ou moins bon, la vie, c’est tout ce qu’on connaît finalement.(…)

Lu du même auteur : Le libraire, Mari et femme



samedi 25 août 2012

Silvia Avallone - Le lynx


Editeur : Liana Levi - Date de parution : Août 2012 - 60 pages puissantes ! 

En pleine nuit, Piero s’arrête à un restoroute en direction de Turin. Pas pour manger sur le pouce ou boire un café mais pour braquer la caisse. A son habitude. Car Piero est voleur. Lui qui croyait être seul avec la caissière découvre un adolescent à la beauté troublante dans les toilettes. Piero modifie ses plans et raccompagne le garçon jusqu’au bas de chez lui. Dès le lendemain, Piero décide le revoir.

Piero ne se considère pas comme un petit voleur. Presque quarantenaire, habillé de costumes de marque, parfumé et toujours impeccable, la chemise ouverte sur la croix de Jésus. Car nous sommes en Italie et Piero croit en Jésus-Christ et à la Vierge mais pas en Dieu. Entre deux escapades, il rentre chez lui à contrecœur. Il se targue auprès de Maria, sa femme, que la justice n’a jamais rien de sérieux contre lui pour le garder trop longtemps en prison. Une épouse résignée qui fait du point de croix quand elle ne travaille pas à l’usine et qui s’est flétrie, enlaidie, lassée des belles paroles de Piero. Un couple qui n’en est plus un. De toute façon Piero ne reste jamais longtemps, il repart à la recherche d’un vol quelconque.  Car voler lui procure une montée d’adrénaline. Dans ces moments là, il se sent comme un lynx. Et voler lui permet d’oublier des blessures de son enfance. Alors qu’il s’apprête à braquer la caisse d’un restoroute, le genre d’endroits qu’il aime  parce qu’il se sent loin de chez lui,  Piero se rend compte qu’il n’est pas seul avec la caissière. Andrea un jeune homme de dix-huit ans fume une cigarette et bouquine aux toilettes. Piero est frappé par sa beauté et par son visage aux multiples piercings et cicatrices :   Le naturel hallucinant – des gestes, de voix, du corps sec et nerveux qui transparaissait sous le jean (..). Ce fut tout ça qui atteignit Piero, dans une zone molle et sans défense de son ventre.

Cette rencontre  hasardeuse va modifier la vie de Piero. Durant deux mois, il passera du temps  avec Andrea, lui offrira des vacances et essayera de percer le passé que cache ce garçon qui aurait pu être son fils. L’adolescent ne parle pas beaucoup et surtout pas de sa famille. Point sensible. Andrea, au tempérament calme et sûr de lui, avait tout de suite deviné que Piero était un voleur. Sans rien demander, Andrea  mène la danse. Il dicte ses règles implicitement, pose les questions alors que Piero n’a qu’un seul but, lui faire plaisir En quelques semaines, Piero changera  : Il était comme une lionne pour son petit. Mais il savait aussi que s’il continuait comme ça, il courait à sa perte  et celui qui jouait les gros durs connaîtra la douleur. Cruellement.

Après d’Acier, Silvia Avallone confirme tout son talent dont celui de camper les personnages avec beaucoup de finesse. Un court roman,  puissant et poignant à l’écriture qui colle au plus près des personnages. J’ai refermé ce livre  avec la sensation d’avoir reçu un uppercut dans le ventre ! 

Un grand merci à Dialogues Croisés pourvoyeur officiel de bonheur ! 




vendredi 24 août 2012

Olivier Adam - Les lisières


Editeur : Flammarion - Date de parution : Août 2012 - 454 pages

Autant le dire d’emblée, c’est la première fois que je referme un livre d’Olivier Adam sans crier que j’aie totalement aimé.  Oui, moi qui suis une fan de cet auteur.
Au Japon, un séisme provoque la catastrophe de Fukushima et partout l'apocalypse guettait. Et en France pas moins qu'ailleurs. La crise qui ne cessait de s'étendre, La Blonde, les affaires qui se multipliaient, l'obsession musulmane, l'Identité et la Nation, de vieux relents de Travail Famille Patrie. Quelque chose pourrissait peu à peu dans ce pays.
Paul Steiner écrivain à succès et scénariste ne surmonte pas sa séparation avec Sarah la mère de ses deux enfants qu’il aime toujours.  Dépressif et ayant tendance à noyer ses tourments dans l’alcool souffre depuis que Sarah l’a quitté. Son frère avec qui il a très peu de contacts  l’appelle pour venir à V.. Paul doit quitter la Bretagne pour quelques jours. Un retour aux sources sans joie à V.  une ville de la banlieue parisienne où il a grandi et  où vivent toujours ses parents. Leur mère est hospitalisée suite à une fracture du fémur et son père retraité, un ancien ouvrier, ne peut pas se débrouiller seul.  A V., il retrouve certains de ses anciens copains et copines. Eux ne sont pas devenus écrivains mais enchaînent les galères, les CDD, les boulots à temps partiel avec la vision d’un lendemain bouché. Résignés, n’ayant plus la force de croire en avenir meilleur, en colère que personne ne comprenne leurs soucis, amers en repensant à l’insouciance qu’ils avaient étant adolescents.Toutes ces années passées ensemble  à V. ne semblent ne plus compter pour eux.  Il n’est plus un des leurs, lui avec son  côté écrivain social en prise avec la réalité du monde  alors qu’il  habite une belle maison au bord de la mer sans avoir de problème d’argent et dont un des livres a été  adapté au cinéma ( l’histoire d’une fille qui cherchait son jumeau). Sans compter son père qui l’a accueilli avec indifférence et s’apprête à voter F.N.. 

La banlieue, le racisme sous diverses facettes, la crise, les différences entre les personnes qui habitent les HLM et les cités pavillonnaires mais aussi  une France profonde, âgée, enfermée sur elle-même qui tremble de peur au simple mot immigré…  Alors, oui, avec une écriture concise et sans fioriture,  Olivier Adam dépeint avec justesse une  fracture sociale qui existe bel et bien. Le mal-être qui grignote, avance et la déshumanisation  qui progresse.  Alors pourquoi mon manque d’enthousiasme ? Parce qu'Oliver Adam greffe d'autres thèmes déjà abordés dans ses précédents romans.  Paul a fait une anorexie à l’adolescence et  en revenant à  V.,  il découvre un secret de famille qui en serait la cause (j’ai eu beaucoup de mal à y croire).  La fille dont il était amoureux est devenue est une mère de famille qui n’en peut plus de  son quotidien bien huilé.

Je ne demande pas à Olivier Adam d’écrire des bluettes sentimentales mais juste de ne pas servir au  lecteur des thèmes qu’il a déjà (et souvent) exploités.

J'avais le sentiment d'avoir perdu le contact. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'en dépit des mots les choses s'étaient inversées : le centre était devenu la périphérie. La périphérie était devenue le centre du pays , le cœur de la société, son lieu commun, sa réalité moyenne. (...) Oui, cela ne faisait plus aucun doute , la périphérie était devenue le cœur. Un cœur muet, invisible, majoritaire mais oublié, délaissé, noyé dans sa propre masse dont j'étais issu  et que je perdais de vue peu à peu.





jeudi 23 août 2012

Tarun Tejpal - La vallée des masques

Editeur : Albin Michel - Date de parution : Août 2012 - 454 pages grandioses et un coup de cœur !

Lors d'une longue nuit, un homme attend ses anciens frères d'armes les Wafadars qui vont venir le tuer.  Il s'est enfui de cette vallée de l'Inde où il vivait dans une communauté. Une vallée coupée de tout, vivant en autarcie selon des préceptes d'un gourou légendaire Aum, le pur des purs. Durant cette nuit, il va raconter son histoire, la transcrire  avec un souhait : les hommes doivent entendre ce que j'ai à dire, y réfléchir et agir en conséquence.

Anka est un ancien Wafardar, un guerrier entraîné par des années d'initiation et d’épreuves. Séparé à l'âge de trois ans de sa mère pour être élevé par toutes les mères au sein de la Maternité. Ne pas laisser place aux préférences et aux émotions, la non possession  est un  des préceptes d'Aum. La vie sublime d'Aum nous enseignait, que contrairement à l'histoire lamentable du monde, le soi inférieur pouvait être entièrement vaincu à condition de s'atteler de bonne heure à la tâche et de ne jamais abandonner. Chacun de nous avait résolu de ne jamais faillir à Aum
Une communauté régie par des règles de d'égalité et où chacun porte le même masque à l’effigie d'Aum pour bannir l’individualité. Les membres de la communauté sont immergés dans un environnement contrôlé et hiérarchisé où la musique et le chant sont interdits. Avant d’être sélectionné pour devenir un Wafardar, Anka a connu  le Berceau puis le Foyer, la Caserne et  le Sérail des Bonheurs fugitifs où les hommes s’adonnent au plaisir avec de nombreuses femmes. Sans s'attacher à l'une d'entre elles ou pire, développer des sentiments. A chaque étape de son parcours, il a subi des mises à l'épreuve sur son engagement, ses connaissances sur Aum et sur les neuf livres d'où sont tirés tous les enseignements. Ce cheminement vers la voie la plus haute est en fait une compétition déguisée où la barbarie existe.

Le mot secte vient forcément à l’esprit  d’autant plus que dans la Vallée les informations  délivrées sur l’outre-monde (le monde extérieur) sont terrifiantes. Au fil des pages, on devine que la Vallée n’est pas un cocon où l’on s’emploie à ce que chacun soit pur et digne d’Aum.

Dans ce livre, Tarun  Tejpal  distille habilement une forme de  suspense. Je l'ai lu  en apnée totale ! Car si il y a une  fascination presque magnétique qui s’en dégage, elle est vite troublée par les interrogations que l’on se pose. Et je l’ai terminé abasourdie… Pourquoi Anka s’est-il enfui ? Comment a-t-il compris que les principes de la  communauté étaient  des leurres ? Je vous laisse le découvrir ! 

Dans ce très, très  bon  roman foisonnant, intelligent  qui ressemble à une fable, Tarun Tejpal dénonce un univers déshumanisé et totalitaire. Il nous met en garde  sur les dérives du pouvoir, de la religion et du communautarisme basé sur des idéologies attirantes.Un immense coup de cœur sur toute la ligne ! 
Un livre puissant, engagé  à l’écriture sublime (chapeau bas pour la traduction) que je ne suis pas prête d’oublier ! A lire absolument et à faire lire !

Et difficile de choisir un extrait….

Mes adieux à mes frères de caserne furent empreints d’une chaleureuse affection dénuée de sensiblerie. La sentimentalité, nous avait dit le maître, était un défaut grave pour tous, mais plus encore pour un soldat et un saint homme. Dans l’outre-monde, les humains tombaient, perpétuellement malades d’excès de sentiments. Envers leurs enfants, leurs parents, leur conjoint, leurs amants et maîtresses, leurs amis, et même chez certains, de façon diffuse et geignard, envers l’ensemble des êtres vivants, plantes, animaux, tout.
L’outre-monde, nous avait-on appris, était un repère de faux maîtres qui encourageaient cette forme d’imbécilité chez leurs ouailles. Ils engendraient ainsi chez elles une faiblesse qui les détournait de la vérité, aidés par une culture qui exaltait la sentimentalité. Les larmes dans leurs yeux  empêchaient les hommes de voir, la boule coincée dans leur gorge étouffait leur parole. C’était une stratégie d’asservissement : l’individu sentimental est facile à contrôler, à manipuler. Il est capable, au nom du sentiment, d’abandonner la voie juste sans se poser de questions.


mercredi 22 août 2012

Cécile Guilbert - Réanimation


Editeur : Grasset - Date de parution : Août 2012- 270 pages magnifiques et sensibles! 

Fin mars 2008, Blaise, cinquante ans, le mari de la narratrice est hospitalisé. Atteint d’une infection rare appelé la cellulite cervicale, il est opéré en urgence. Lorsque sa femme le cherche au service ORL, elle trouve une chambre vide. Blaise est au service réanimation. 

Un couple marié depuis vingt ans, sans enfant, heureux jusqu’à ce que la maladie foudroie l'époux. Sa femme vit là leur première séparation, d'autant plus brutale que jamais elle ne lui avait effleurée l'esprit.  Après l’opération, Blaise est relié à toutes sortes de machines  au croisement de l’homme et du robotenfoncé dans la pure vie biologique; suspendu à l’existence par le fil fragile des organes et des cellules  et plongé dans un coma artificiel pour une durée indéterminée. Comme pour mettre à distance la mort, elle tient un journal quotidien. Et consigne sa peur,  l’angoisse, l’absence et les palliatifs pour la combler, les visites à l’hôpital,  les comptes-rendus à l’entourage, les questions qui surgissent Comment va Blaise ? où voltigent désormais son esprit et son âme ? dans quel monde son « je » s’est-il réfugié ? est-il encore capable de rêver ? et si oui d’une manière nouvelle ? se trouve-t-il plongé dans une flaque noire ou un grand blanc ? un avant goût de la mort et du néant ?. Le quotidien déréglé et les  nuits hantées par des cauchemars. Réanimation comme le nom du service hospitalier et réanimation chez Cécile Guilbert des émois, des souvenirs et de l'imaginaire galopant sans aucun contrôle possible.

Le pathos n’a pas sa place. Au contraire, le récit est  émaillé intelligemment de références à la mythologie grecque, aux contes, à l’Art. Mysticité de la médecine, de la mort et de la vie, qui trouve tout naturellement sa place et ouvre des portes sur des interrogations  et sur la méditation . Un écho à nos propres peurs  face à la mort, à la maladie, à la perte de l’autre et de voir ainsi basculer sa vie définitivement.  
Il faut prendre son temps pour lire ce roman à l’écriture sensible, riche sans être lourde. Si je ne connaissais pas certaines références artistiques, ce  point ne m’a pas gênée car j'ai appris, je me suis enrichie.  
Ce roman est avant tout une belle déclaration d’amour d’une telle sincérité que j’ai eu la gorge serrée d’émotions. J’ai relu des passages rien que pour leur portée et leur beauté ! Un moment de lecture rare !

Je mesure combien la tristesse est étroite et la joie spacieuse. Combien l’angoisse ressert et l’amour élargit. Je ne sais pas quoi dire sinon merci. A tous ceux qui t’ont dispensé ces trésors de gestes rares et délicats, ces heures patientes et dévouées. A nos amis qui t’ont veillé ici-bas en pensées comme à tous ceux qui l’ont fait là-bas ou là-haut d’ailleurs, je ne sais où mais je sais seulement qu’ils étaient là.

mardi 21 août 2012

Pierre Lemaitre - Cadres noirs

Editeur : Le livre de poche -date de parution : 2011 - 444 pages qui ne se lâchent pas!

A cinquante-sept ans, Pierre Delambre est un ancien DRH qui pointe au chômage depuis quatre ans. Pôle emploi, les petits boulots  avec en prime l’humiliation d’être devenu un homme dont aucune entreprise ne veut. Il ne croit plus pouvoir décrocher  un emploi dans son secteur. Alors quand il reçoit une convocation pour un entretien, il est décidé à ne pas laisser passer sa chance.

Le chômage chez les seniors est  un problème toujours irrésolu et  toujours d’actualité. A cinquante-sept ans, Pierre Delambre est lessivé, vidé. Quatre années de chômage ont suffi. Sans compter les difficultés financières qui sont apparues même si sa femme travaille. L’appartement n’est pas fini d’être payé et le bas de laine est presque épuisé. Il en est réduit à  des jobs alimentaires dont il n’ose pas parler à son épouse et à ses filles. Et justement il s’est fait virer du dernier. L’espoir renait quand il reçoit une convocation pour un entretien. La batterie de tests passée,  il est retenu ainsi que trois autres candidats pour une ultime épreuve. Une simulation de prise d’otages où les candidats devront juger le sang-froid, le comportement de certains cadres de l’entreprise. Ces derniers n’étant évidemment au courant de rien. La femme d’Alain est effrayée par ce mode de recrutement et lui demande de laisser  tomber. Mais Alain est décidé à tout pour avoir ce boulot. Une quête du Saint Graal où il ment, emprunte de l’argent  pour enquêter sur les autres candidats. Le début de la descente aux enfers est amorcée. Et quand quelqu'un lui confie qu'il n'est n’est qu’un simple  figurant depuis le départ et qu’il  n’aura pas ce travail, Pierre ne va pas en rester là.  Je ne vous en dis pas plus !
Malgré une  fin convenue où les ficelles sont un peu grosses, ce thriller psychologique est diablement efficace !  J’ai été tenue en haleine par les nombreux rebondissements et même si Alain dépasse toutes  les limites, je n'ai pas pu m'empêcher de  ressentie de l'empathie pour lui.
Avec ce livre, Pierre Lemaitre avance brillamment sur le terrain social avec la vision du monde du travail assez proche, hélas, de ce qu’elle est ( pour le moment, les simulations de prises d'otages ne rentrent pas (encore) dans les processus de recrutement...).

De cet auteur, mon préféré est toujours Robe de marié ( lu également  Travail soigné et Alex).

Ce qui est difficile ce n'est pas d'être chômeur, c'est de continuer à vivre dans une société fondée sur l'économie du travail. Où que vous tourniez les yeux, il n'est question que de ce qui vous manque.

De nombreux billets sur Babelio




dimanche 19 août 2012

Latitude: 39° 34' 10'' Nord Longitude: 2° 39' 0'' Est.

Tralala, ça y est !  A mon tour de prendre le large et de partir en vacances!  Direction Majorque : soleil, plage, lecture, nage et surtout du repos...

Nous partons dans deux jours mais j'ai beaucoup de choses à faire d'ici là donc j'éteins l'ordi.

Je vous dis au 30 août mais vous pourrez me lire car  j'ai programmé des billets (avec modération des commentaires... j'en connais une qui va pester).

A bientôt!!!


samedi 18 août 2012

Valentine Goby - Des corps en silence


Éditeur : Folio - Date de parution : 2011 - 154 pages et un avis mitigé...

1914, Henriette voit son amour lui échapper. Son époux la délaisse au profit des bras de maîtresses.  Tandis que Claire à son retour  de vacances ne veut pas rentrer chez elle avec sa fille  Kay âgée de cinq ans pour ne pas y retrouver Alex qui l’attend.  Une fuite qui l’a conduit à l’arche de la Défense.  

Tant j’ai aimé  l’exercice de style qui  relie le récit de ces deux femmes et l’écriture, tant  je suis restée sur ma faim concernant l’histoire de Claire. Henriette et Claire sont deux femmes parisiennes  à deux époques différentes avec un dénominateur commun : l’amour éteint. Henriette refuse de s’avouer vaincue. Elle veut reconquérir Joseph son époux un homme politique  dont les frasques amoureuses font les choux gras de la presse. Claire n’éprouve plus rien pour Alex. Depuis la naissance de sa fille, son désir et ses sentiments se sont petit à petit éteints. Toutes les deux souffrent. Henriette se tait alors que  la douleur la ronge à l’intérieur. Consumant  son désir de vie, occupant toutes ses pensées.  Claire se cherche et aimerait que la rupture soit rapide. Nette et sans cicatrice. Raser les pans du passé pour oublier Alex. La mémoire des corps d’Henriette et de Claire ravive des souvenirs en particulier celui de l’amour.
Deux histories racontées en parallèle et dont le point d’ancrage est la phrase non terminée du précédent chapitre qui s’ouvre sur l’une des deux histoires. Avec ce pont littéraire, on va de Claire à Henriette  et d’Henriette à Claire.  

Les mots deviennent des guirlandes vacillantes au vent, qui claquent, résonnent de tourment, décrivent la douleur, le désespoir. Si l’on apprend comment se termine l’histoire d’Henriette, il n’en est rien pour celle de Claire. Et ça m’a gênée, j’ai eu l’impression que l’auteure nous livrait d'un côté une parenthèse et de l'autre une histoire complète.
Un avis mitigé pour cette lecture malgré l'écriture forte!

L'écriture de  Qui touche à mon corps je le tue m'avait déstabilisée alors que  Banquises m'avait également laissé un peu sur ma faim...

Claire, sa raison, sa lassitude; elle se demande s'il se sont quittés, Alex et elle, si l'un a quitté l'autre, ou s'ils ont glissé, côte à côte, consentants, dans la fadeur, jusqu'à rien.  
C'est fini. Le présent est une mort lente, irréversible de l'amour, il suffit d'attendre, il se répand en flaque sale à leurs pieds, il s'évapore, bientôt il faudra apprendre à vivre autrement, l'espérance à sec, ce sera pareil jusqu'à la fin du corps; et cette éternité à la goût du lait rance, et  sa puanteur. Henriette se dit qu' à force de vomir son corps va sortir retroussé, retourné, par sa bouche

Les différents avis  et billets d’Anis, AnneAntigone, Fransoaz, Philisine (merciiiii !) qui renvoie à d’autres liens.

vendredi 17 août 2012

A cœur ouvert

Réalisé par Marion Laine
Avec Juliette Binoche, Edgar Ramirez, Hippolyte Girardot, Amandine Dewasmes, Aurélia Petit, Bernard Verley…

Synopsis :
Mila et Javier sont tous deux chirurgiens du cœur. Mariés depuis dix ans, ils ont deux passions: leur amour et leur métier. Mais Mila tombe enceinte contre toute attente, et la perspective d'un enfant remet en cause l'équilibre de leur relation. L'addiction à l'alcool de Javier devient alors une réelle menace...

Après avoir testé à de nombreuses reprises, "je cherche à regarder l’heure sur ma montre tant je m’ennuie", j’ai testé "j’ai envie de partir de la salle de la ciné en plein milieu du film". D’ailleurs, sur la dizaine de personnes que nous étions, un spectateur  l’a fait. Courageusement après moult soupirs. J’étais prête à lui emboîter le pas mais monsieur avait les clés de la voiture (forcément vu que cest lui conduit). Bref, j’arrête de vous raconter ma vie pour en venir à ce film que je vous déconseille.
Mila et Javier sont des quarantenaires, chirurgiens cardiologues qui aiment sortir, s’amuser et boire. Sauf que Javier lui boit beaucoup. Sa femme le surprend à boire en cachette avant  une transplantation du cœur mais elle ne dit rien. Quoi de plus normal ? Et c‘est là que j’ai failli bondir une première fois  hors de mon siège. Elle tombe enceinte par accident, oui, ils sont mariés depuis plus de 10 ans, ne veulent pas d’enfant mais elle prend toujours la pilule quand elle ne l’oublie pas. Bref, passons… elle décide d’avorter mais change d’avis pour faire plaisir à Javier. Dans un hôpital, ça jase (comme partout d'ailleurs) et certains de leurs collègues avertissent le directeur qui visiblement était déjà au courant du penchant  de Javier pour l’alcool. Javier n’a plus le droit d’opérer tant qu’il n’aura pas suivi une cure de désintoxication. Mais il ne dit pas ce dernier point à Mila.

Bon, je veux bien croire que l’amour rend aveugle mais rentrer de sa journée de travail et trouver son mari  endormi près des toilettes, avachi, le t-shirt tâché de vomi (désolée pour ce détail peu appétissant) et à aucun moment donné considérer qu'il a un problème avec l'alcool, c'est trop pour moi ! Ca ne passe pas.


Géraldine l’a vu également et n’a guère été plus convaincue que moi.

jeudi 16 août 2012

Marc Durin-Valois - La dernière nuit de Claude Eatherly


Editeur : Plon - Date de parution : Août 2012 - 340 pages passionnantes et un coup de cœur !

Etats-Unis,Texas, 1949. A vingt-trois ans, Rose Cruder est une photographe indépendante pleine d’ambition. Jusque là, elle n’a couvert que des faits locaux sans envergure. Sa vie bascule quand elle assiste au  procès de Claude Eatherly, gérant de station service,  arrêté pour alcool au volant et qui selon certaines personnes aurait participé à la mission Hiroshima. Obstinée, Rose ne va pas lâcher prise et enquêter à son sujet. Le 6 août 1945, Claude Eatherly pilotait le "Straight Flush" qui précédait le bombardier  "Enola Gay". Avec comme mission d’indiquer si les conditions météorologiques permettaient ou non  le largage de la première bombe atomique.

Avertissement : une fois commencé, il est très, très difficile de reposer ce livre!

Après Chamelle et Les Pensées sauvages, quel plaisir de retrouver Marc Durin-Valois avec un tel livre  ! Rose Cruder passionnée par son métier de photographe indépendante est une jeune femme têtue. Après avoir appris des informations sur le passé de Claude Eatherly et mené des recherches,  elle se retrouve en possession du journal écrit soi-disant par le pilote. Une semaine après l'avoir rencontré, celui-ci  fait une tentative de suicide. L’ancien pilote semble visiblement rongé par le poids de sa responsabilité. Mais Rose veut découvrir la vérité à son sujet et elle va le suivre durant trente ans écartant du coup  toute possibilité d’évoluer professionnellement. Claude Eatherly  alternera les  séjours à l’hôpital psychiatrique de Wako et ceux  en  prison pour des cambriolages. Durant toutes ces années, la conscience collective s’est modifiée et des mouvements pacifistes ont vu le jour. En 1959, après la diffusion  du  film "Hiroshima mon amour" en France, Günther Anders un intellectuel autrichien débute une correspondance avec Claude Eatherly. Devenu une figure du pacifisme anti-nucléaire aux Etats-Unis et en Europe, il jouit de sa notoriété soudaine et veut jouer pour le cinéma.  Si au départ Rose était  fascinée par Claude Eatherly, elle sera en proie aux doutes et éprouvera même du dégoût envers lui car elle apprendra d’autres faits le concernant . 
Qui est vraiment cet ancien pilote qui aimait l’alcool, les filles et le poker ? Un manipulateur, un schizophrène, un homme écrasé par la culpabilité ou alors qui n'a  pas digéré de ne pas avoir été le héros d’Hiroshima à la place de Paul Tibbets?  
Je n’en dis pas plus sur ce livre !  

J’ai lu ce roman en apnée totale où Marc Durain-Valois instaure une intrigue et un suspense !  S’il y a l’histoire de Claude Eatherly (qui a vraiment existé) et celle de Rose, le contexte historique et les évènements  sont très bien rendus et surtout très intéressants !
La psychologie des personnages est creusée et en plus  l’écriture est superbe ! Une très belle lecture captivante, un coup de cœur  !!! (Et au final un livre-hérisson). 

Les choses me semblaient en tous cas transparentes : hanté par les fantômes d’Hiroshima, l’ancien pilote avait essayé dans un  geste désespéré de se supprimer. Les détails de sa tentative avortée étaient parus dans un journal local. Un vétéran du nom d’Eatherly- rien de plus précis- avait avalé des médicaments dans la nuit, une trentaine de comprimés. Sa femme avait téléphoné aux urgences. Conduit à l’hôpital, il avait été tiré d’affaire par aspiration gastrique. A l’époque, faute de recul, j’étais bouleversée. En réalité, tout cela n’était pas si affolant. Un militaire, lorsqu’il veut se tuer, ne se rate pas.

Les billets de Cathulu, Ys



mercredi 15 août 2012

Alberto Torres-Blandina - Le Japon n'existe pas

Éditeur : Métailié - Date de parution : 

Don Salvator Fuensanta proche de la retraite est balayeur dans un aéroport. Mais surtout il aime raconter des histoires.

Quand on dit que la vérité dépasse la fiction c’est bien vrai  et nous voilà nous lecteurs à écouter Salvator Fuensanta. Sans s’imposer, non. Il parle à ceux qui veulent bien l’écouter. Ses collègues, la serveuse de la cafétéria mais surtout les passagers. Doté d’un sens extraordinaire de l’observation, il est capable de deviner la destination ou le pays d’origine du voyageur. Avec beaucoup de naturel, il embraye la conversation en racontant une histoire ou en donnant un conseil. On découvre des histoires qui flirtent avec l’irréel mais qu’importe ! On apprend qu’il existe un pacte entre hommes et femmes dans les aéroports qui se joue avec une revue ou un livre, l’existence d’un club des désirs impossibles. Ou encore  une histoire d’amour peu banale, qui se cache réellement derrière un poète finlandais et bien d’autres histoires encore ! Elles sont souvent racontées par fragments et mettent toujours en scène Salvator Fuensanta et son auditoire. 
 
Ce petit livre frais rempli de charme et d’originalité se lit tout seul et cerise sur le gâteau la fin est complètement inattendue ! Un seul conseil : ce serait vraiment dommage de passer à côté de cette lecture (et un auteur à suivre de très près) ! 
Désormais quand je mettrai les pieds dans un aéroport, je chercherai du regard quelqu’un susceptible d’être Salvator Fuensanta…

Si le Japon est le seul pays qui n’existe pas ?  Je l’ignore. C’est une information confidentielle. J’en sais déjà trop. Je ne  peux pas être au courant de tout. Bon voyage. N’en allumez pas une autre, fumer c’est mauvais pour la santé… D’accord, une dernière question… Tous ces Japonais avec leurs appareils photos ? Non, il n’y en a pas tant que ça, même si on en a l’impression. Ce sont toujours les mêmes. Une cinquantaine. Ils sont recrutés pour voyager et prendre des photos. Un travail aussi digne qu’un autre? Vous ne croyez pas ? 

Les billets d'A propos de livres, Cachou,   Choco, Kathel, Keisha ( merciiii!), Yv

 


mardi 14 août 2012

Jennifer Johnston - Les ombres sur la peau


Editeur : Le serpent à plumes - Date de parution : 2001 - 264 pages superbes !


Irlande, Derry, les années 1970. La guerre civile fait toujours rage en Irlande. Joe, un jeune garçon âgé de treize ans est  d'un tempérament rêveur.  Il  aime écrire des poèmes, les mots sont une échappatoire à son foyer. Son père, un ancien de l’Organisation avec un soi-disant passé glorieux, passe ses journées cloué au lit, malade mais toujours capable de sortir au pub pour se sôuler tandis que sa mère se tue au travail. Joe se noue d’amitié avec Kathleen une jeune professeur. Quand Brendan le frère aîné de Joe revient d’Angleterre, la situation s’envenime un peu plus dans la famille.

Voilà un livre comme je les aime ! L’écriture, l’histoire, le contexte … l’ensemble m’a conquise ! Nous sommes  à Derry une ville d’Irlande. Joe subit les jérémiades et les ordres de son père, un homme malade, alité (et certains jours prêt à rendre l’âme) mais qui arrive toujours  à se lever pour aller boire au pub. Sa mère travaille dur pour nourrir la famille. Elle ne supporte plus son mari, ses belles paroles sur l’Organisation dont il faisait  parti et surtout ses encouragements à poursuivre le combat. Protectrice, elle n’aime pas que Joe reste traîner après  l’école. Il suffit d’une balle perdue. Et c’est justement en rentrant de l’école que Joe fait la connaissance de Katleen, un nouvelle jeune professeur à Derry. Très vite, ils se lient d’amitié et la jeune femme par sa gaieté rend le quotidien  de Joe plus facile à vivre. Mais, Brendan le frère aînée de Joe revient à Derry. Brendan, le fils adulé par le père et qui se rapproche des milieux de l’Organisation. Joe aimerait qu’il ne fasse pas la connaissance de Katleen mais le destin ne se commande pas. Pas plus que  les innocentes victimes de la guerre. J e n'en dis pas plus!

Avec une écriture sobre, Jennifer Johnston nous dépeint avec justesse le quotidien de l’Irlande en guerre et le tableau d’une famille déchirée. Je n’ai pas lu ce superbe livre, je l’ai ressenti  !

- Alors ce sont des traîtres. A L'Irlande et à leur classe et...-il se pencha davantage vers elle - à leur religion.
Il se redressa sur sa chaise.
-Je suis avec toi, fils. Je suis avec toi.
La voix du vieil homme était affaiblie par la boisson et la maladie.
- Ne mêle pas la religion à tes divagations. Les beaux parleurs que vous êtes doivent faire pleurer le Christ. Pleurer.
Elle cria le mot à son fils puis, épuisée par son accès de colère, elle serra les bras autour d'elle comme si elle voulait retenir ses os de tomber.

Les billets de Choupynette, Yvon



dimanche 12 août 2012

Thomas H.Cook - Au lieu-dit Noir-Etang...


Éditeur : Seuil - Date Parution : Janvier 2012 - 355 pages captivantes!

Août 1926. Chatham, Nouvelle-Angleterre, Henry Griswald est scolarisé à l’école de garçons dont son père est le directeur. Une nouvelle professeur Melle Channing arrive d’Afrique pour enseigner les arts plastiques. Elle est logée dans une maison isolée au lieu dit Noir-Etang. Très vite, Henry est fasciné par Mme Channing. En effet, la jeune femme a beaucoup voyagé avec son père. Un an plus tard, Chatham devient le décor de plusieurs décès.

Avertissement : on évite la quatrième de couverture qui en dit beaucoup mais vraiment beaucoup  trop ! 

De Thomas H.Cook, j’avais lu les leçons du mal (billet en attente d’être rédigé un jour) et j’avais apprécié son écriture mais beaucoup moins l'histoire. Cette fois, l'étincelle s’est produite  avec ce livre construit sur des flash back. En effet, l’histoire nous est racontée  par Henry devenu un homme âgé et habitant toujours à Chatham qui renoue avec ses souvenirs. Dès le départ, nous savons qu’il y a eu un procès et des meurtres. Lesquels ? Nous le découvrons seulement  à la fin. Par ses voyages, Melle Channing offre à Henry une vision de liberté. L’adolescent se sent étriqué dans sa vie et en vient même à détester peu à peu son père pour ses principes. Très vite, Mr Reed, professeur également,  et Melle Channing passent du temps ensemble. Mais Mr Reed est marié et père d’une fillette âgée de quatre ans.  Henry passe souvent  voir Melle Channing pour lui montrer ses dessins et il se propose d’aider Mr Reed à la construction de son bateau. Il devient le témoin, un acteur passif de la relation qui se noue entre eux et  pense de façon romanesque que Mr Reed et Mme Channing vont quitter Chatham et vivre leur amour. Il n’en sera rien.

Je m’étais imaginée une toute autre fin, peut-être plus spectaculaire car l’auteur distille au fil des chapitres des extraits du procès et surtout il nous « promet » des évènements tragiques. Et ce sera mon seul bémol car j’ai trouvé que qu’il y avait trop de ces répétitions qui néanmoins maintiennent le suspense mais alourdissent un peu l’ensemble. L’écriture est remarquable et ce livre est captivant par la psychologie des personnages et le contexte de l’époque qui sont très bien rendus! Tout au long de ma lecture, une question m’a taraudée : comment se fait-il qu’Henry qui aspirait à quitter Chatham y vive encore. La réponse est liée aux drames qui ont lieu ont brisé ses rêves d’adolescent laissant place à de l’amertume.

Une phrase me frappa à jamais : « La vie ne vaut d’être vécue qu’au bord de la folie ». Je me souviens qu’une exaltation farouche gonflait mon cœur à mesure que je lisais et relisais cette phrase dans ma chambre, et qu’il me semblait qu’elle illuminait tout ce que j’avais ressenti jusqu’alors. Aujourd’hui encore, je suis frappé de constater que nulles ténèbres n’avaient jamais surgi d’une flamme aussi vive. 

vendredi 10 août 2012

Erlend Loe - Muleum

Éditeur : 10/18 - Date de parution :

Julie, dix-huit ans, reçoit un SMS de son père : On va s’écraser. Je t’aime. Fais ce que tu veux. Papa. L’avion où se trouvaient, son père, ma mère et son frère aîné ( c'est-à-dire toute sa famille) s’est écrasé quelque part  au-dessus de l’Afrique. Désormais seule, elle n’a qu’une seule envie : mourir.

A lire ce début de présentation, on pourrait s’imaginer une lecture triste ou déprimante Et bien, non ! Depuis la mort de sa famille, Julie consigne tout dans un journal. Ses états d’âme bien entendu mais aussi  ses visites obligatoires au psy qu’elle a surnommé le docteur dingo, ses relations avec son amie Constance. Après deux tentatives de suicide ratées avec brio et surtout très drôles, elle  se voit proposer le poste de rédactrice en chef au  journal "Le suicidant" (vu que le turn-over à est important). Comme elle dispose de beaucoup d’argent, elle décide de prendre l’avion en continu en croisant des doigts pour qu’il s’écrase. Elle quitte sa Finlande et se retrouve à voyager aux quatre coin du globe.

Je ne vous en dirai pas plus sur le reste de l’histoire ! Sauf que j’ai vraiment eu l’impression de lire le journal d’une jeune fille de dix -huit ans  qui  malgré la tristesse possède un sens de l’humour féroce ! J’ai souri, j’ai rigolé et j’ai été émue ! Une belle découverte et un bon moment de lecture ! Et impossible de choisir un extrait.

Le billet de Brize





mercredi 8 août 2012

Rithy Panh avec Christophe Bataille - L'élimination


Éditeur : Grasset - Date de parution : Janvier 2012 - 330 pages bouleversantes...


Le 17 avril 1975, les Khmers rouges entrent dans Phnom Penh la capitale du Cambodge. Rithy Pahn est âgé de treize ans :du jour au lendemain, je deviens « un  nouveau peuple », ou, expression plus affreuse encore, « un 17 avril ». Trente ans plus tard, il raconte, témoigne de ce qu’il a enduré sous le régime de Pot Pot.
Pour la réalisation de son film "S21, la machine de mort Khmère rouge », Rithy Phan a rencontré des survivants comme lui mais également des bourreaux, des tortionnaires dont Duch le responsable du centre S21. Un centre où étaient accomplis des tortures, des exécutions, des prises de sang massive (allant jusqu’à vider entièrement la personne de son sang), des viols.  Lors de ces entretiens avec Duch, documents à l’appui, il lui pose des questions. L’homme nie ou se réfugie derrière la doctrine, se complait dans le mensonge.  Pire, il lui arrive de sourire. Rithy Pahn n’abandonne pas et cherche de comprendre avec patience.

De 1975 à 1979, les Khmers rouges ont organisé des déplacements massifs de la population :  la première décision politique du nouvel ordre est d’ébranler la société : déraciner les habitants des villes ; dissoudre des familles, mettre fin aux activités antérieures – professionnelles en particulier ; briser les traditions politiques, intellectuelle, culturelles, affaiblir physiquement et psychologiquement les individus. L’évacuation forcée a eu lieu simultanément dans tout le pays et  n’a souffert aucune exception. 
Le Kampuchea démocratique a affamé la population  : la faim est le premier des crimes de masse – si difficile à établir avec certitude, comme si ses causes même étaient mangées, tout était soumis à l’Angkar où l’individu  était réduit à néant : c’est un état de « non habeas corpus ». Je suis sans liberté, sans pensée, sans origine, sans patrimoine, sans droits : je n’ai plus de corps. Je n’ai qu’un devoir : me dissoudre dans l’organisation . Chacun était renommé pour effacer l’individualisme, pour déshumaniser  un peu plus l’être humain. Pour l’Angkar, il n’y avait pas d’individus. Nous étions des éléments.
Travailler sans relâche, obéir, se taire : Rithy Pahn l’a vécu. En quelques semaines,  il a perdu sa famille tous emportés par la cruauté et la folie des khmères rouges. J’étais sans famille. J’étais sans nom. J’étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n’étais plus rien. Il a frôlé la mort, sauvé de  de la maladie. Il a vu des enfants périr à ses côtés, a transporté des cadavres dans des charniers. 

Tout est raconté sans pathos,  sans auto-apitoiement, sans haine mais avec  justesse et une forme de sagesse que seuls ceux qui ont connu le pire possèdent. Entre les mots, on ressent la douleur. Brute et  ineffaçable. Certains passages sont très durs, à la limite de l’insoutenable mais il fallait écrire noir sur blanc ce qui s’est réellement passé. Rithy Pahn a rassemblé des documents, vérifier chaque élément et chaque point pour que personne ne puisse dire que le S21 n’était qu’un « détail » de l’histoire ou que les 1,7 millions de morts n’étaient pas aussi nombreux. L’auteur soulève des questions sur la passivité de l’ONU, sur les relations des Etats-Unis et de la Chine avec ces criminels, sur la France qui n’a toujours pas dit ce qui s’était passé dans son ambassade en avril 1975.
Quelques éléments de mise en forme m’ont gênée à ma lecture. L’auteur cite Louis Althusser, j’aurais aimé qu’il précise que c’était un philosophe (ce que j'ignorais). De même, des extraits de la plaidoirie de Jacques Vergès sont mentionnés  mais sans  la date du procès.  

Il n’en demeure pas moins que ce livre est un document bouleversant, capital et nécessaire, une pierre à l'édifice de la mémoire collective !

J'ai vu un pays entièrement dépouillé, où une fourchette ne se donne pas, où un hamac est un trésor. Rien n'est plus réel que le rien.



mardi 7 août 2012

Rusell Banks - De beaux lendemains

Éditeur : Actes sud - Date de parution :1999 - 327 pages dont on ne sort pas indemne !

Etat de New-York, la vie de Sam Dent,  une petite ville tranquille est bouleversée quand le bus scolaire conduit par Dolores Driscoll  quitte la route. Un accident où quatorze enfants sont tués. 

Dans ce roman, quatre personnages prennent tour à tour la parole.  Tout d'abord, Dolores Driscoll. Elle qui  toujours conduit le bus, qui assurait elle-même l'entretien du véhicule. Elle repense à ce jour tragique. Conduisait-elle trop vite ? Elle apparaît pour certains comme la coupable idéale mais Dolorès Driscoll est aimée par beaucoup de personnes de la communauté de Sam Dent. Elle devient une femme rongée par la culpabilité.
Billy Ansel a perdu ses jumeaux dans l'accident. La mort a déjà pris sa femme à ce garagiste. Désormais, il n'a pas plus de famille et aucune raison de vivre. Après l’accident, il devient l’ombre de lui-même en sombrant dans l’alcool.
Suite au drame, beaucoup d'avocats New-Yorkais viennent frapper  aux portes des familles endeuillées. Avides d'argent et  faisant miroiter des dommages en tout genre. Billy  tente de convaincre les gens de laisser tomber le procès. Il sait que porter l’affaire en justice divisera la communauté.  L'avocat Mitchell Stephens veut trouver le responsable ou les responsables  : la ville, l'Etat.  Il restera plusieurs mois à Sam Dent déjà pour convaincre les parents de se porter partie civile et  pour mener son enquête. Il s'agit d'un avocat qui semble sincère et qui à travers cette affaire tente de régler lui-même ses problèmes personnels. Dolorès, Billy et Nicolle refusent d’adhérer à cette  idée de trouver un coupable à tout prix et donc à l’appât de l’argent.
Nicolle Burnelle est une rescapée de l'accident. Elle qui avait tout pour devenir Miss America a perdu l'usage de ses deux jambes. A travers sa voix, on se rend bien compte que ce sont ses parents qui avaient ces rêves de notoriété et non Nicolle.  L'adolescente va sortir grandie de cet accident. Son histoire n'est pas rose, on est très loin de la famille modèle (je ne vous  en  dis  pas plus). Et c'est elle qui évitera que procès ait lieu.
Son témoignage est le plus bouleversant, l’accident lui permet de trouver une force dont elle ne s’estimait pas capable.  Grâce à elle, la  ville de Sam Dent retrouvera une forme de tranquillité.

Il s’agit d’un très beau roman où Russel Banks démontre sa capacité extraordinaire à se glisser dans la peau de ses personnages terriblement humains. L'auteur laisse le soin au lecteur de tirer ses propres conclusions. 
Beaucoup de tristesse mais également de la beauté se dégagent de ce livre qui m’a énormément touchée ! Il m'a fallu plusieurs jours pour "digérer" ce roman...

C'est pareil avec les jumeaux, Jessica et Mason. Je peux à peine dire leurs noms sans que la chair de mon cœur devienne comme du fer. Ce n'est pas de l'amertume; c'est ce qui arrive quand on a mangé son amertume.

Lu du même auteur : Lointain souvenir de la peau

lundi 6 août 2012

Arthur Dreyfus - Belle famille


Éditeur : Gallimard - Date de parution : Janvier 2012 - 256 pages et un coup de cœur !

Les Macand, couple bourgeois de Granville, tous deux cardiologues partent avec leurs trois enfants en Italie pour les vacances. Si Vladimir et Antoine sont enclins aux jeux, Madec âgé de sept ans est un enfant plutôt solitaire et sensible. Sa mère Laurence,  froide et autoritaire, a du mal à cerner son fils. A peine arrivés  à destination, un dramatique accident survient et Madec meurt. Laurence Macand va dissimuler le corps et Madec est porté disparu.

Arthur Dreyfus s’est inspiré comme point de départ de l’affaire Maddie MacCann, une enfant de quatre ans disparue au Portugal durant des vacances familiales. Et la comparaison s’arrête là. Des le début du roman, la psychologie est  mise en avant  et l’auteur dissèque ce couple bourgeois. Sous le vernis, la réalité est moins reluisante. Stéphane Macand fervent catholique, porté sur la boisson est considéré son épouse comme un bon à rien. Laurence Macand dirige et régente tout. Supérieure hiérarchique de son mari, elle montre peu d’amour maternel envers ses trois enfants. D’un sang-froid absolu, elle  possède une grande maîtrise d’elle-même. Et quand elle découvre le corps sans vie  de son fils, elle décide de le dissimuler et  de ne rien dire. Madec restant introuvable, la police Italienne commence une enquête et Tony le frère de Laurence s’en mêle. Ce professionnel de la communication décide de médiatiser internationalement la disparition de Madec. Un battage médiatique selon un plan bien établi avec un appel à une star, au Pape sans oublier  le gouvernement français qui s’en mêle ( toute ressemblance avec des personnalités politiques n'est pas hasardeuse). Le couple Macand est obligé de prolonger son séjour, des frais financiers non prévus et un appel aux dons est  lancé.  Stéphane et Laurence  sont  portés sous les feux des projeteurs des médias et Tony se frotte les mains de la réussite de son plan. Laurence est parvenue à oublier ce qu’elle a fait et la disparation de Madec devient comme secondaire. Chacun jouit à son niveau de ses petits instants de gloire éphémères. Sauf que l'affaire prend un nouveau tournant quand un témoin affirme avoir vu Laurence au volant de sa voiture le soir de la disparition de Madec.  

Avec une écriture travaillée, maîtrisée et  délicieusement impertinente ( un pur délice!), Arthur Dreyfus use de l’ironie dans ce roman où il n’épargne personne hormis Madec. Critique sociale où chacun aime jouir de la notoriété dans toutes les circonstances même les plus sombres,  ce livre est d’autant plus fascinant par la psychologie du personnage de Laurence Macand. 

J’ai lu ce livre en apnée  totale et la fin m’a laissée abasourdie, sonnée. Un coup de cœur sur toute la ligne ! A vingt-six ans Arthur Dreyfus possède déjà un style plus que remarquable, chapeau bas pour ce brillant roman!

Songeuse, Laurence dévisagea son mari, le trouva mou et sans avis sur rien. Qui était dupe? A l'hôpital l'emplacement de sa carafe à cognac derrière l'étalon de rachis offert par le laboratoires GSK, faisait l'objet de private jokes. Le père de Madec donnait heureusement le change. Ses diagnostics étaient bons, et la morale sauve. Heureusement, car dans le déni de ses propres frustrations, Laurence entretenait tacitement l’incapacité de Stéphane à se débrouiller avec la vie : il ratait tout pour deux.



dimanche 5 août 2012

Judith Perrignon - Les chagrins


Editeur : Stock - Date de parution : 18/08/2010- 208 pages

Angèle a été élevée jusqu'à l’âge de cinq ans par sa grand-mère Mila car sa mère Helena était en prison. De ce bâtiment où les femmes étaient emprisonnées, il ne reste rien. Un nouveau décor a pris place : des balançoires et des nouveaux quartiers. Helena s’est toujours montrée froide et distante avec Angèle. A la mort de sa mère, Angèle découvre dans des lettres qu’elle est née en prison. Angèle va tout faire pour découvrir l’histoire de sa mère et celle de naissance.

Malgré l’écriture fluide, je n’ai pas été convaincue par ce livre. Dès le début, Le rythme trop lent à mon goût instaure ajoute un parfum de mélancolie et de nostalgie au goût bien amer. Helena est froide, distante même avec sa propre fille Angèle comme si elle représentait un fardeau et non un espoir et l’avenir. L’histoire racontée par le journaliste qui avait suivi à l’époque le procès m’a semble irréelle. Seul personnage crédible et qui a retenu mon attention, la grand-mère de Mila : généreuse et attachante.

Je suis passée à côté de cette lecture et je n’ai ressenti que de l’indifférence…sans comprendre le chagrin d’Helena.

Ce livre a été chroniqué dans le cadre d’un partenariat avec le site Chroniquesdelarentreelitteraire.com et dans le cadre de l’organisation du Grand Prix Littéraire du Web Cultura.



Et un de plus :