lundi 31 mars 2014

Mon samedi aux Escales de Binic

Samedi, je me suis rendue aux Escales de Binic, une journée que j'attendais impatiemment (nous devions y passer le week-end mais nous avons dû revoir notre emploi du temps). S'il n'y a pas eu  de week-end en amoureux sans les fifilles, nous avons passé une très bonne journée.

Je suis arrivée quand les auteurs finissaient de déjeuner. Aussi, j'ai eu la chance d'aller prendre un café tranquillement avec Angélique Villeneuve et Fabienne Juhel  toutes deux accompagnées de Véronique Merlier. Une demi-heure à papoter lectures, à échanger et à rire. Ces dames étant attendues à la salle des dédicaces,  je les ai rejointes pour effectuer mon tour.

En avant-première, le nouveau roman d'Angélique V. "Les Fleurs  d'hiver" à paraître le  3 avril était en vente. Comme avec  Fabienne J. , j'ai déjà eu l'occasion d'échanger avec Angélique V. par mail ou par courrier mais c'était la première fois que nous avions l'occasion de nous rencontrer.  J'ai été chouchoutée par les deux qui étaient aux petits soins pour moi.

J'ai discuté également avec Arnaud le Guilcher, Serge Joncour, Pia Petersen et Brigitte Giraud. Philippe Jaenada était en charmante compagnie entouré  par Brigitte  G. et Pia P.. Il m'a fait promettre de revenir aux Escales en ayant lu et terminé un de ses livres ( je lui ai avoué avoir abandonné  "Le chameau sauvage").

Véronique Ovaldae assistait à lecture de la nouvelle qui a remporté le concours, de nombreuses personnes l'attendaient aussi je ne l'ai pas vu tout comme Liza Kerivel absente pour raison personnelle et Sylvette Heurtel qui se trouvait dans une autre salle.
Même si j'ai été gagnée  assez rapidement par la fatigue, j'ai passé des excellentes Escales de Binic et je suis revenue avec de belles dédicaces ! Pendant que j'étais au salon, Monsieur a fait un rando de 12 kms sous  un beau ciel bleu.

Quelques photos :

Arnaud Le Guilcher
Philippe Jaenada

Véronique Merlier

Fabienne Juhel
Angélique Villeneuve








dimanche 30 mars 2014

Amity Gaige - Schroder

Éditeur : Belfond - Traduit de l'américain par  Isabelle D. Philippe - Date de parution : Mars 2014  - 343 pages et un avis très mitigé...

A l'âge de cinq ans, Erik Schroder et son père quittent l'Allemagne de l'Est pour les Etats-Unis. Erik rêve d'être un véritable Américain et quand par hasard l'adolescence, il découvre une brochure des camps d'été, il ment. Il remplit le formulaire d'inscriptions et dit s'appeler Kennedy, il réussit à ce que son père ne découvre pas la supercherie durant trois étés. Vient le temps des études supérieures et Erik a abandonné définitivement son patronyme d'origine. Un nouveau nom, un emploi, une nouvelle vie et sa rencontre avec Laura avec laquelle il se marie. Une allégresse accentuée par la naissance de Meadow. La suite est moins rose : la crise immobilière fait perdre son emploi à Erik, son couple prend l'eau, Laura demande le divorce et obtient la garde de Meadow.

Ce livre est une lettre qu'Erik écrit à Laura à quelques semaines de son procès. Il a décidé de tout lui raconter et de mettre des mot sur la douleur d'être privée de sa fille. Erik perd pied, il sombre car il sait qu'il est un bon père. Un week-end où il a la garde de Meadow, il décide de passer ces deux jours à voyager et  à faire plaisir à sa fille âgée de six ans. Un goût de  bonheur retrouvé qu'Erik ne maîtrise plus et où ses souvenirs d'enfant viennent s'introduire. Erik est perdu et décide de prolonger ces deux jours avec sa fille. En d'autres termes, il a commis un enlèvement. Recherché par la police, pris dans l'amalgame de ses mensonges et l'envie de savourer ces moments comptés avec sa fille, Erik n'agit pas toujours de façon censée.

Si l'amour d'Erik pour sa fille (un peu trop parfaite d'ailleurs) saute aux yeux avec de très beaux passages et que la réflexion sur les droits du père et sur le poids des mensonges est présente, j'ai trouvé que ce roman traînait en longueur. Sans compter que j'ai ressenti un certain mal-être car je n'ai pas réussi à cerner Erik (et donc une impossibilité pour moi d'éprouver  la moindre parcelle de sentiment ou de compréhension à son égard).
Malgré des thèmes prometteurs,  mon avis est plus que mitigé.... 

Au bout du compte, le plus dur, quand on a été heureux à en mourir, c'est qu'au moment où votre vie se dégrade, on regrette de n'avoir jamais rien connu d'autre.

Les billets d'Alex, Nadael

vendredi 28 mars 2014

Escale et escales


Blog en escale aux Escales de Binic à partir de demain ! Et comme corpsdoccasion.com fait des siennes, je me repose avant ce week-end que j'attends impatiemment. A lundi !!!!!

jeudi 27 mars 2014

Annie Ernaux - Regarde les lumières mon amour

Éditeur : Seuil - Collection : Raconter la vie - Date de parution : Mars 2014 - 72 pages hérissées de marque-pages! 

"Voilà pour la physionomie des lieux que, à mon habitude, j'ai parcourus avec ma liste de courses à la main, m'efforçant simplement de prêter une attention plus soutenue que d'ordinaire , à tous les acteurs de cet espace, employés et clients, ainsi qu'aux stratégies commerciales. Pas d'enquête ni d'exploration systématiques, donc mais un journal, forme qui correspond le plus à mon tempérament, porté à la capture impressionniste des choses et des gens, des atmosphères. Un relevé libre d'observations, de sensations, pour tenter de saisir quelque chose de la vie qui se déroule là."

Durant une année, Annie Ernaux a consigné dans un journal ses déplacements à l'hypermarché d'Auchan du centre commercial des Trois-Fontaines situé en région parisienne "Or, quand je regarde derrière moi, je me rends compte qu'à chaque période de ma vie sont associées des images de grandes surfaces commerciales, avec des scènes, des rencontres, des gens". Avec la précision et le souci de vérité qu'on lui connaît, elle veut donner à ceux qui "hantent le même espace qu'elle l'existence et la visibilité auxquelles ils ont droit".  Les Trois-Fontaines un temple de la consommation où l'on vient faire ses courses mais aussi flâner, briser la solitude.  L'hypermarché de Cergy brasse plus d'un centaine de nationalités "nous constituons ici une communauté de désirs. Chacun a ses habitudes, ses horaires, "L'hyper s'adapte à la diversité culturelle de la clientèle, suit scrupuleusement ses fêtes. Aucune éthique la-dedans, juste du "marketing "ethnique"".

Du client devant une caisse automatique récalcitrante à celui qui hésite entre deux files, jaugeant le contenu des caddies et la rapidité des caissières pour perdre le moins de temps possible, ou de la personne qui s'en tient à sa liste de courses ou cède face aux multiples offres, chacun se reconnaîtra dans ce journal. Les achats révèlent l'intime mais aussi nos manières de consommer.
L'hypermarché un lieu où on l'on devance l'envie d'acheter du client : fournitures de rentrée de rentrée scolaire présentes dans les rayons deux mois à l'avance, où "fausses" promotions donnent l'impression au client de faire une affaire.
Journal social où elle décrit le coin librairie qui se résume aux best-sellers et où il est interdit de lire ou de feuilleter livres ou journaux, et où elle dénonce le façonnage des enfants avec les jouets de Noël ( aux garçons les jeux d'aventure et aux petites filles les répliques miniatures de ce que possède la mère).

"Ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans hypermarché ne connaissent pas la réalité sociale de la France".  Cette phrase résume on ne peux mieux la diversité des personnes qui fréquentent les hypermarchés.
Un récit juste et réaliste ! 

Lu de cette auteure : Ecrire la vieL'autre fille - La femme gelée - La place - Les années - Retour à Yvetot

mercredi 26 mars 2014

Willa Marsh - Une famille délicieuse

Éditeur : Éditions Autrement - Traduit de l'anglais par Eric McComber - Date de parution : Mars 2014 - 477 pages et un bon roman ! 

Mina et Nest deux sœurs septuagénaires vivent dans l'ancienne demeure familiale près de la mer. Mais Goergie l'aînée de la fratrie commence à ne plus avoir toute sa tête.  Sa fille Helena demande à ses tantes si elles peuvent l'héberger quelques semaines le temps de régler des formalités.  Elles sont hésitantes car Goergie a toujours fait preuve d'un caractère autoritaire et surtout elle connaît certains points dissimulés de l'histoire familiale ou du moins le prétend. Mina et Nest acceptent car elles peuvent compter sur Lyddie leur nièce qui a perdu ses parents dans un accident de voiture dix ans auparavant  et sur Jack le fils de leur frère mort à guerre.

Nest invalide depuis l'accident de voiture que conduisait  sa soeur Henrietta n'a jamais cessé de se culpabiliser. Selon elle, Henrietta a perdu le contrôle de son véhicule perturbée par les propos de Nest. Mina veille sur Nest et toutes deux aiment se remémorer les bons moments du passé. Mais le passé ne peut pas être que rose et des ombles planent.  Entre les souvenirs de Mina,  Nest  et ceux de Georgie qui surgissent sans qu'on s'y attende, on découvre une situation familiale plus complexe qu'il n'y paraît. Lyddie et Jack sont le lien avec le présent avec des attentes de vie et des problèmes plus contemporains.

Un ton vif et alerte, une touche d'humour british ironique mais sans jamais verser dans l'excès, des personnages attachants, aucun temps mort et voilà comment on  obtient un bon gros roman !

Le billet de Cathulu
Lu de cette auteure : Meurtres entre sœurs

lundi 24 mars 2014

Emmanuelle Richard - La légèreté

Éditeur : Editions de L'Olivier - Date de parution : Février 2014 - 274 pages superbes et douloureuses !

Elle a quatorze ans et demi, presque quinze, et pourtant, elle a l'impression de passer déjà à côté de sa vie. Avec ce sentiment que ses prochaines années vont se dérouler à toute allure et qu'elle se retrouvera à vingt ans, puis à trente et à quarante ans et que  ses rêves, ses espoirs lui auront filé entre le doigts. Ce sont les vacances d'été et elle les passe sur l'île de Ré avec ses parents et son petit frère. Ils ont loué un maison et pourtant elle sait qu'ils en ont en tout juste les moyens. Alors pas de folies, le parents regardent à la dépense. Au restaurant, on ne prend pas de dessert sous prétexte que l'on n'a plus faim et pas à cause du prix. La honte de la classe sociale lui saute au visage, ils ne sont pas à leur place.

Ici comme chez eux, elle est seule alors que des adolescents de son âge se promènent à plusieurs. Fiers, insouciants, riants. Et ses parents qui ne ne comprennent pas pourquoi elle ne le va les voir. Grande, des jambes taillée en allumette, mal dans sa peau, encombrée "de son corps que tout le monde se permet de jauger, d'évaluer, mesurer et elle ne peut rien à y faire" elle se sent laide (les remarques de sa mère font mal). Et quand sa mère lui dit "va les voir", avec sa timidité gauche elle revient seule. Retour la case départ chargée d'un peu plus de mal-être. Elle aimerait tant que quelque chose se produise, rompe la monotonie ( plage, dîner, télé, balade à pied en ville où la richesse s'étale). Prisonnière de son corps et de sa classe sociale, elle rêve, imagine des amants, des hommes comme si son temps était compté.

Premier roman d'Emmanuelle Richard qui explore à merveille l'adolescence et ses tourments avec une certaine poésie et un sens de la formulation qui ne pas laisser indifférent. Ce livre fait rejaillir nos propres souvenirs et comme un boomerang qui nous  revient en pleine figure, il nous égratigne ou nous écorche...

Elle imagine l'avenir. Pile, elle s'imagine sous les traits de toutes  les femmes au charme discret et aux robes élégantes qu'elle aperçoit furtivement au générique des films qu'elle n'a pas le droit de regarder le soir, sans forcement penser à un métier, ou bien sous ceux de de cette fille brune aux cheveux courts avec ses chiens et son ticket  Millionnaire. Face ? Elle  n'imagine rien. La vie ne semble pas possible pour une fille qui est du mauvais côté, celui de la disgrâce. 

Le billet de Cuné la tentatrice

samedi 22 mars 2014

Will Wiles - Attention au parquet !

Éditeur : Liana Levi - Traduit de l'anglais par Françoise Pertat - Date de parution : Mars 2014 - 297 pages et une lecture agréable ! 

Oskar un compositeur renommé doit se rendre aux Etats-Unis. Très maniaque, il demande à un ancien ami de Fac de venir s'installer dans son appartement le temps de son absence. Son ami narrateur (dont nous ne connaîtrons ni le nom ni la ville où il vit) doit s'occuper des chats d'Oskar. L'appartement est un modèle d'ordre, de luxe, de bon goût et dès son arrivée, il trouve une liste de recommandations de la part d'Oskar  Soit. Après tout il n'y a rien d'anormal à son arrivée dans un lieu étranger de trouver un petit mot avec avec quelques précisions.

Mais le narrateur trouve un peu partout des mises en garde d'Oskar dont une qui concerne son précieux, très cher et très beau parquet. Or Oskar sait que son ami n'est du genre soigneux mais plutôt l'inverse. Après tout donner de la nourriture deux fois par jour à des chats, ne pas les laisser monter sur le sofa n'est pas si difficile et il va prouver à Oskar qu'il a eu raison de lui faire confiance. Ce séjour où il doit faire attention à ses moindres gestes prend un autre tournant   car il ne cesse de trouver des messages d'Oskar. Ces derniers sont de sont de plus de plus en plus péremptoires montrant l'obsession d'Oskar qui n'hésite pas à relever avec une blessante ironie le caractère et la personnalité de son ami.  Avec une telle tension, un accident domestique est vite arrivé. Un premier qui ne sera pas dernier.

Sourires francs, jaunes et grincements de dents assurés à la lecture de ce roman où le narrateur est vite dépassé par les événements. Si certaines des situations sont assez prévisible enlevant une part d'inattendu, ce premier roman fait réfléchir à notre attachement au matériel qui peuple nos lieux de vie ! 

Les meubles sont comme ça. Utilisés et appréciés selon ce pour quoi on les a crées, ils absorbent cette expérience et la relâchent dans l'atmosphère, mais si on les achète seulement pour l'effet qu'ils produisent et qu'on les laisse se languir dans un coin, ils vibrent de mélancolie.

Le billet de Cathulu plus enthousiaste

jeudi 20 mars 2014

T.C. Boyle - San Miguel

Éditeur : Grasset - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Turle - Date de parution : Mars 2014 - 475 pages denses, creusées ! 

San Miguel est une petit île au large de Santa Barbera. En 1888, Marantha Waters s'y installe avec son mari et sa fille adoptive Edith. Atteinte de tuberculose, les médecins lui ont prescrit du repos et du soleil. Son mari Will a investi tout leur agent (ou plus exactement celui de Marantha) dans ce bout de terre isolé balayé par le vent, la pluie et le sable. Il espère y faire fortune grâce au commerce de la laine des moutons qui s’y trouvent. Dès son arrivée, Marantha comprend que le climat n'est pas propice à sa guérison. La maison qui les attend est rudimentaire, sale. Ida son employée de maison les a accompagnés sur l’île et tente de voir le bon côté des choses. Si au départ Edith âgée de quatorze ans s’amuse à découvrir l’île, très vite elle s‘ennuie. Marantha essaie de donner le change, de positiver mais ses quintes de toux se font  de plus en plus violentes et l’affaiblissent davantage. Elle sait qu’elle va mourir  et elle en veut Will.
L'île est ravitaillée sporadiquement, sa terre et les conditions climatiques ne permettent pas d'y planter quoi que ce soit. Les visites se résument à celles de l'associé de Will et des tondeurs : des hommes qui viennent le temps de leur travail et repartent. Animée par la rancœur et un sentiment de trahison, Marantha veut quitter l’île alors que les mois passent.  Et c’est sur le continent que la maladie l’emporta deux ans plus tard.

Will oblige Edith pensionnaire dans une école d’Art à le raccompagner sur l’île où elle a pour tâche de préparer les repas et de s’acquitter du ménage pour son beau-père un véritable tyran et les autres hommes qui y travaillent. Elle voue à Will de la haine, son projet est de s’échapper sur l’île même si elle doit payer de son corps.

Retour à  San Miguel en 1930 avec Elise. Mariée depuis et presque quarantenaire, elle  a quitté son emploi de bibliothécaire pour y vivre avec son mari Herbie. Elle ne voit aucun inconvénient à cette vie et au contraire lui trouve des avantages. La vie sur l’île a un peu évolué : l’ancienne maison occupée par Marantha et Edith n’est plus qu’un tas de ruines,  et le couple loge dans une nouvelle habitation même si le travail reste le même. Son mari Herbie est toujours gai, un brin fantasque. Elise qui pensait que la maternité n’était plus pour elle vu son âge, mettra au monde deux petites filles. Ils sont moins isolées que leurs prédécesseurs et le continent a vent de l’histoire de cette famille peu ordinaire. Herbie veut qu’ils soient célèbres mais Elise sait très bien qu’en ouvrant la porte aux reporters, elle les met en danger. Bientôt, tous les journaux ne parlent que d’eux mais les menaces de guerre gondent. Et quand la Marine devenue propriétaire de l’île parle d’expulsion, Herbie sombre de plus en plus dans en état maniaco-dépressif.

Dans ce roman on retrouve un thème cher à T.C. Boyle, la nature et l’homme qui tente de la domestiquer. Ici, il nous dépeint la vie de trois femmes différentes : le quotidien, leurs tourments, leurs aspirations. L’île est un personnage à part entière et on ressent la solitude, le vent qui souffle, les pluies interminables.
Dans une écriture classique et ô combien délicieuse, les sentiments sont merveilleusement rendus ainsi que les questionnements. T.C. Boyle tout en attirant notre attention sur des détails de la vie sur l’île nous livre un roman dense, creusé avec des descriptions de cet environnement et de l’âme de ses personnages féminins confrontées aux mensonges, aux trahisons et aux désillusions.
Si San Miguel n’est mon préféré de cet auteur, j’ai pris un énorme plaisir à lire cet auteur qui ne me déçoit jamais ! 

Elle avait entendu dire qu’on pouvait s’habituer à tout : ainsi, dans l’Arctique, les explorateurs devaient tuer leurs chiens pour ne pas mourir de faim et de froid, comme si les animaux dont ils ravissaient la chair et le fourrure n’avaient jamais été leurs compagnons et leurs confidents ; on parlait aussi des prisonniers en cellule d’isolement qui se satisfaisaient de la compagnie d’un rat ou d’un cafard, ou même de Robinson Crusoé, qui finit par s’habituer à son île, au point de ne plus vouloir la quitter. Mais, pour Edith, l’adaptabilité était une malédiction.

Lu de cet auteur : America - Après le carnage Histoires sans issue

mardi 18 mars 2014

Annie Ernaux - Retour à Yvevot

Éditeur : Maudonduit - Date de parution : 2013 - 78 pages hérissées de marque-pages !

En octobre 2012, Annie Ernaux revient à Yvetot la ville qui l’a vu grandir pour y donner une conférence "En acceptant cette fois l’invitation de la municipalité, j’ai accepté en même temps de m’expliquer devant le public le plus concerné qui soit, celui des habitants d’Yvetot, et choisi d’évoquer ce lien qui unit ma mémoire de la ville et mon écriture". Car "Yvetot est le matériau fourni par la mémoire mais utilisé, transformé par l'écriture en quelque chose de général". Lors de cette conférence, Annie Ernaux revient sur la place importante de la lecture (durant sa jeunesse), de l’écriture et des différences entre les classes sociales. Le sentiment de honte éprouvé envers ses parents et  son milieu d’origine (où la culture était inexistante) est en filigrane et a été développé dans plusieurs de ses livres. Elle revient sur "le transfuge de classe" expliquant son cheminement entre la  langue apprise lors de ses études et celle refoulée. Des photos (celle du père d'Annie Ernaux posant en 1959 près de sa voiture  " on se fait photographier avec qu'on est fier de posséder " m'a rappelée des photos identiques vues dans des albums de famille) complètent ce livre ainsi qu'un entretien avec Marguerite Cornier.

Forcément, ce livre a résonné en moi car le sentiment de honte n’a que faire des générations. Et comme à chaque fois que je lis cette auteure, je me suis retrouvée...

"Retour à Yvetot" ne s’adresse pas qu’aux lecteurs avertis d'Annie Ernaux tout en éclairant un peu plus son oeuvre et son travail,  il ne peut que donner envie de découvrir cette grande dame de la littérature  !

Lire un livre d'Annie Ernaux, c'est bien souvent se reconnaître une partie de soi : une période, des usages, des mots et gestes de tous les jours, des idées ou des images entrevus il y a plus ou moins longtemps, des sentiments et peut-être des passions. C'est, en un mot, être renvoyé à sa propre mémoire, qu'on interroge alors, qu'on fouille, qu'on se réapproprie. En effet, il ne s'agit pas, dans cette œuvre autobiographique, d'une forme de complaisance à soi-même, mais de l'expérience qui fait la part de l'autre, qui se cherche et se retrouve à travers les événements de l'Histoire ou ceux de la vie quotidienne, les personnes croisées, rencontrées, aimées. Un monde, une époque se trouvent ainsi mis en mots, inscrits dans l’épaisseur du texte – monde sauvegardé et monde miroir pour les lecteurs, invités eux aussi, à faire acte de mémoire, retour sur eux-mêmes et sur leur vie.

Les billets de Dominique, Margotte, Mirontaine, Saxaoul

Lu de cette auteure : Ecrire la vie - L'autre fille - La femme gelée - La place - Les années

lundi 17 mars 2014

Solange Bied-Charreton - Nous sommes jeunes et fiers

Éditeur : Stock - Date de parution : Janvier 2014 - 237 pages mordantes !

Ivan et Noémie jeunes trentenaires parisiens sont un couple de bobos qui excellent dans le chic à avoir des avis sur tout et sur le monde, à se plaindre pour tout et pour rien. Lui est mannequin et elle professeur dans un collège en banlieue.  Le couple est adepte de la consommation qui leur est offerte sur un plateau d’argent ( il faut bien vivre avec son époque). Mais Yvan victime d’un accident perd son travail, l’image du beau et jeune trentenaire qu’il représentait est brisée.

Avec un cynisme aiguisé, l’auteure décortique au scalpel la vie d’Yvan et Noémie. Leurs habitudes, leurs principes leurs grandes idées sur la culture, sur la France, leurs contradictions " ils aimaient tout autant manger bio que prendre leur voiture pour faire les courses dans Paris ", la fierté dédaigneuse et hautaine qui les habitent. Un couple produit par notre société actuelle : " ce monde c’était le leur, à la fois d’opulence et de dénouement, de plaisir et de restriction, de profit et d’interdiction. Ce qu’il y avait de mieux, c’était le contrôle, c’était tout, c’était rien. C’était anxiogène, ça avait besoin d’anxiolytique. C’était pollué, ça réclamait très vite de l’air frais, mais coup de froid, il fallait du chaud. Des désirs sans direction, d’incessants paradis paradoxaux s’offraient à eux. Deux extrêmes appendices, des mamelles du bonheur, profusion et vigilance, participaient à la même assurance, luttaient en fait contre la même angoisse. "
Mais le couple privé d’un revenu s’éloigne de ses idéaux et prend conscience que cette course effrénée qu’ils mènent est stupide. Leurs amis, véritables  miroirs de leur vie antérieure, deviennent inintéressants. Qu’importe pour Yvan et Noémie qui ont un autre but. Gonflés d’illusions, le retour aux sources de nos Robinson modernes aura un goût très amer.

Avec une écriture vive, un sens de la formulation ( "ils s'aimaient pour la vie dans cette petite mort sans extase") dont je me suis régalée ce roman sans concession réserve (cerise sur le gâteau) une surprise finale de taille. Avec ironie et avec un sens du détail précis, voire méticuleux, Solange Bied-Charreton ausculte ses personnages et les conduit à mener leur projet dans toute sa radicalité.
Ce roman mordant interpelle et invite à la réflexion ! 

Lu de cette auteure : Enjoy

dimanche 16 mars 2014

Peter Behrens - Les O'Brien

Éditeur : Philippe Rey - Traduit de l'anglais (Canada) par Isabelle Chapman - Date  de parution : Février 2014 - 477 pages et un enthousiasme réduit à peau de chagrin...

1887, Canada. Les cinq enfants O'Brien dont la beau-père n'est qu'un bon à rien assistent impuissants à la mort de leur mère. Joe l'aîné décide qu'ils doivent se rendre aux Etats-Unis. Il a trouvé un endroit pour chacun de ses frères et sœurs même si tous se retrouvent dispersés au quatre coins du pays. Travailleur, Joe monte une société de chemin de fer. A Los Angeles où vit son frère  Grantham, il rencontre Iseult orpheline depuis peu qui cherche dans cette ville à démarrer une nouvelle vie.

Je me suis plongée dans ce roman avec un enthousiasme non dissimulé. L'histoire de la fratrie des O'Berhens et  la famille constituée par Joe et Iseult que l'auteur nous invite à suivre sur des décennies avait tout pour me plaire.  Joe a pour ambition la prospérité de son entreprise, il s'agit d'une revanche sur son enfance.  Malgré la naissance de leurs trois enfants, Iseult porte la blessure du décès de leur premier enfant dont elle impute la faute à  Joe. Ce dernier peu enclin à montrer ses sentiments et ses souffrances quitte le foyer conjugal de temps en temps pour s'isoler et s’enivrer dans des chambres d'hôtels. Lui qui voulait le bien de ses frères et sœurs accepte mal l'échec que leurs vies prennent des tournants différents. Les enfants grandissent, Iseult ne reconnait plus l'homme dont elle était tombée amoureuse. Et l'Histoire inscrit son empreinte. Grantham participe à la Première Guerre Mondiale en se  se préoccupant peu de son épouse et de sa fille. A son retour, il s'agit d'un homme différent qui ne cesse de clamer la cause Irlandaise.

Et à partir de ce moment, tout s'accélère. On passe très vite , trop vite, de la grande dépression de 1929 à la Seconde Guerre Mondiale avec une trame qui ne réserve aucune surprise pour la suite du roman. 
Les enfants devenus adultes opèrent des choix avec lesquels Joe n'est pas d'accord. Ce qui aurait pu être une fresque passionnante tombe dans du déjà lu à maintes reprises. Mon enthousiasme n' a fait que s'amoindrir pour s'éteindre complètement.... Dommage !

Le billet de Valérie

samedi 15 mars 2014

Agnès Clancier - Karina Sokolova

Éditeur : Arléa - date de parution : Janvier 2014 - 227 pages magnifiques!

Si j’ai adopté un enfant, c’est parce que je l’ai voulu plus que tout, parce que c’était mon destin, l’œuvre que je devais laisser sur cette terre. Cela a toujours été une évidence. Pendant des années, je n’y ai pas pensé, puisque j’avais le temps. Certaine que lorsque le bon moment se présenterait, je  le reconnaîtrais tout de suite. 

Après de longues démarches, Agnès Clancier va obtenir le sésame et adopter en Ukraine une petite fille âgée de trois ans qui ne parle pas un mot de français. Dès qu’elle l’a vue, elle a su que c’était elle et pas un autre enfant. Toutes les deux s’attendaient et  malgré de nombreux bâtons mis dans les roues : la famille de sang qui a oublié ses promesses d’être là , le système scolaire et ses cases dans lesquelles il faut entrer, les remarques sur la famille qu'elle compose à deux, on pourrait penser que l’un ou l’autre craque. Mais non. Elle vont apprendre à se connaître et grâce à cet amour entre elles et à la force que chacune puise dans l'autre, elles vont avancer.
Karina a un appétit de vivre et cette capacité à s’intégrer lorsqu’elles séjourneront de longs mois à l’étranger pour le travail d’Agnès. En grandissant, la  fillette garde intact son sens de l’humour.
Mais l’auteure n’oublie pas les appréhensions, les doutes, les journées où tout allait de travers (car personne ne possède le manuel du parfait parent) et ceux et celles qui sont devenus une famille du cœur. Un amour réciproque entre une mère et se fille où chacune s’épanouit. Une très, très belle relation mère-fille complice, sincère qui  émerveille !

Ce livre écrit pour Karina est tout simplement magnifique parce que l’amour du cœur balaie tout le reste.
Touchant, drôle (Karina ne peut que faire naître des étincelles pétillantes dans les yeux) et si justement écrit où l'auteure a choisi et pesé ses mots, ce récit m’a touchée-coulée ! 
Et ô combien j'ai aimé qu'en nous livrant leur histoire, Agnès Clancier ait su intelligemment préserver une part de leur intimité par respect et par pudeur.

Les billets de Cathulu, Cuné (la tentatrice)

jeudi 13 mars 2014

Hollis Seamon - Dieu me déteste

Éditeur : La belle colère - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie de Prémonville - Date de parution : Mars 2014 - 277 pages et un hymne à la vie !

New-York. Dans quelques jours, Richard aura dix-huit ans et pour l’heure, il voudrait vivre comme un adolescent. Sortir, s’amuser, rencontrer des filles et que personne ne rentre dans sa chambre sans frapper. Sauf que la chambre de Richard se situe à l’étage à des soins palliatifs. Un service pour des personnes dont la mort approche.

Dit comme cela, on pourrait s’attendre à un livre affreusement triste et morne mais des les premières pages, le ton est donné. Aucun pathos ou aucune mièvrerie même si Richard sait que son prochain anniversaire sera le dernier. Il possède une rage alimentée par celle de la révolte légitime et par la volonté de vivre intensément. Entre sa mère qui le couve, son lit, son fauteuil roulant et son cancer en phase terminale, Richard trouve cette force incroyable de regarder les choses en face sans s’apitoyer sur lui-même. Avec son humour caustique et ironique, il brave la mort. Et il y a Sylvie la seule autre adolescente du service. Ils se comprennent et à eux deux, ils vont plus que bousculer la routine.
Et on se prend des claques ! Avec sa lucidité, son humour qui est sa carapace contre la peur et sa meilleure arme, Richard nous interpelle et nous donne une leçon de vie. Celle de ne jamais baisser les bras, d’admettre ses erreurs mais surtout celle de s’accrocher.

J’ai souri,  j’ai été émue, j’ai ressenti de la tendresse mêlée à de l’admiration et à de l’affection, j’ai eu envie de crier à l’injustice.
Des personnages humains terriblement attachants (même le père de Sylvie rongé par la colère) mais jamais caricaturaux. Et même si la fin est un tantinet gentille, je ne suis pas prête être d’oublier ce roman qui résonne comme un hymne à la vie ! A lire et à faire lire aux adolescents. 

 "Tu es là pourquoi? ". Et là, je fais mes grands yeux innocents et mon air sérieux, et je réponds : "j’ai un DMD." Là, le type me regarde bêtement en faisant "hein ?", et j’enfonce le clou : "un DMD. C’est un acronyme." Il y en a qui ne savent même pas ce que c’est, alors j’attends une seconde, et je balance "DMD, comme dans Dieu me déteste". C’est assez pertinent, comme diagnostic, vous ne trouvez pas ? Pour moi, pour Sylvie, pour tous ceux de notre âge qui atterrissent dans un endroit de ce genre après ce que nos épitaphes appelleront "un courageux combat contre le…" (au choix).

Les billets de Cathulu, Lasardine

mardi 11 mars 2014

Véronique Bizot - Ame qui vive

Éditeur : Actes Sud - Date de parution : Février 2014 - 110 pages savourées !

Quatre hommes vivent isolés dans la campagne. Notre narrateur est plongé dans un silence depuis l'incendie qui  a détruit en grande partie la maison de sa famille. Son frère habitant en Italie et beaucoup plus âgé est la seule famille qui lui reste. Il revient pour s'occuper de son jeune frère.

Fouks auteur de pièces de théâtre  a choisi l'isolement tout comme Montoya le dernier arrivé. La solitude dont ils s'en accompagnent fort bien est rompue par les visites. Ainsi les  trois maisons assez inhospitalières sont le théâtre d'échanges entre cette "famille" composée par ses habitants. Son frère, Fouks et Montoya veillent sur le narrateur  avec une bienveillance drapée dans de la pudeur. Si le narrateur n' a guère de souvenirs de ses parents, frères et soeurs, il observe avec minutie et écoute ce qui se dit quand tous se rencontrent dans l'une des maisons.

Véronique Bizot nous invite une fois de plus à sortir des sentiers battus des romans conventionnels. Les détails anodins de la vie racontés par le narrateur deviennent scintillants ou révèlent des facettes inattendues.  Sans oublier la place du pouvoir des livres, de la lecture et de l'art.

L'écriture de Véronique Bizot si élégante avec ses longues phrases étirées comme des rubans au charme magnétique émerveille une fois de plus, débride notre imagination et nos réflexions dans ce  roman comme placé comme hors du temps.
Si j'ai trouvé que le rythme s'accélérait un peu avant la fin, il n'empêche que j'ai savouré ce livre ! 

Et me venait à l'esprit que Fouks pouvait aussi bien être en train d'écrire un texte autour de notre endurance, ou de l'endurance humaine en général dont mon frère et loi lui offrions, à cette moindre échelle d'une petite privation nutritive, un spécimen irréprochable. Fouks prétendait en effet  que l'endurance humaine est pratiquement sans limites, l'humanité, comme, comme il avait fini par le comprendre, préférant tout endurer plutôt que d'affronter une liberté qu'au fond elle craint plus que tout.

Les billets d'Aifelle, Cathulu ( merciiii!), Cuné

Lu de cette auteure : Les sangliersMon couronnement -Un avenir

lundi 10 mars 2014

Ron Rash - Un pied au paradis

Éditeur : Le Livre de Poche - Traduit remarquablement de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Reinharez- Date de parution : 2011 - 316 pages lues d'une traite ! 

Années 1950, Jocasse dans le comté d'Ocopee. Sur cette ancienne terre cherokee de l'Amérique profonde et rurale, Holland Winchester a disparu.  Sa mère a l'intime conviction qu'il est mort. Holland revenu depuis peu de  la guerre décoré de la Gold star et avec comme souvenirs pour ne pas oublier des oreilles prélevées sur les morts qu'il a tués.  Sa mère soutient au shérif Alexander que Billy Holcombe l'a tué, elle a entendu un coup de feu le matin même. Et il l'a croit.
Jocasse vit ces derniers mois car la compagnie d'électricité Carolina Power rachète les terres pour une poignée de dollars et la vallée sera bientôt engloutie sous les eaux. La population tente de gagner un peu de temps. Une population attachée à cette terre qui représente leurs racines et où un soleil de plomb est sur le point d'anéantir les récoltes.
Le shérif se rend au domicile des époux Holcombe convaincu que Billie est le meurtrier. Il y rencontre son épouse enceinte dans une maison qui respire la pauvreté. Interrogé, Billie a réponse à toutes les questions du shérif mais ce dernier ne croit pas à son innocence.

Mais quel livre ! Très vite, on comprend que Ron Rash n'a pas écrit un polar classique mais plutôt un roman noir. D'ailleurs l'enquête pour retrouver le corps d'Holland n'est pas primordiale. L'auteur a choisi de nous glisser tour à tour dans la peau de cinq personnages : le shérif du comté, la femme de Billie, Billie, leur fils, l'adjoint du shérif Alexander.
A travers chacun, de la journée où Holland à disparu à la visite du shérif aux Holcombe puis à des années plus tard, des éléments nouveaux se greffent, sont distillés lentement. Si les personnages peuvent revenir sur une même scène déjà décrite et y apporté leur propre vision, ils ajoutent des détails relevant de la sphère intime.

Un livre sombre, puissant où il est question de remords, de souffrances, de filiation, de superstitions, de justice réclamée, de secrets tus ensevelis sous la fierté et l’orgueil, du poids des actes commis dont les conséquences vous pèsent chaque jour. Et chacun semble voué à un destin scellé à une forme de malheur. Comment trouver la paix et la rédemption?

Ron Rash décortique ces âmes humaines dans une écriture où l'âpreté côtoie la poésie. L'ambiance quasi-palpable et magnétique m'a ferrée avec les descriptions de cette nature rocailleuse.
Ce premier livre de Ron Rash est captivant, troublant, fort, émouvant avec des personnages approfondis, hantés par leurs actes et leurs choix.  

Mais rien n'est solide, ni permanent. Nos existences sont élevées sur les fondations les plus précaires. Inutile de lire des manuels d'histoire pour le savoir. Il suffit de connaître l'histoire de sa propre existence.

Une lecture commune avec Theoma car toutes les deux nous avions adoré Le monde à l'endroit  l'année dernière.

dimanche 9 mars 2014

Paola Pigani - N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures

Éditeur : Liana Levi - Date de parution : Août 2013 - 215 pages et une lecture nécessaire ! 

D’abord, il y a ce titre magnifique porteur de poésie qui fait référence à un proverbe tsigane : "on n’entre pas impunément chez les Manouches, ni dans leur présent, ni dans leur mémoire". Et cette couverture qui représente seule cette grande route de la roulotte des gens du voyage enlevée de son essieu comme la fin d’un voyage, l’opposé de la liberté et donc du mode de vie de cette communauté. Le 6 avril 1940, ce décret : "en période de guerre, la circulation des nomades, des individus errant généralement sans domicile fixe, ni patrie, ni profession effective, constitue pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté " fut un tournant dans la vie des gens du voyages en France. Car oui, c’est bien dans notre pays que ce déroule ce roman inspiré d’une histoire vraie. Premier choc qui fait douloureusement mal et honte. Trois-cent-cinquante tsiganes de Charente-Maritime furent conduits sous escorte policière dans le camp des Alliers sur ordre de Préfet de la Kommandantur d'Angoulême. Deuxième choc car le mot « camp » associé la Seconde Guerre Mondiale évoque généralement et principalement l’Allemagne et non la France.

Paola Pigani nous raconte à travers l’histoire d’Alba tout juste âgée de quatorze ans à son arrivée avec sa famille au camp  les souvenirs d’Adrienne une grand-mère tsigane de quatre-vingt-sept ans. Six années dans ce camp  cloîtrés sans aucune liberté, la promiscuité dans des hangars, la faim et le mort à petit feu des espoirs. "Les objectifs secondaires de l'internement sont de leur apprendre à vivre comme tout le monde, d'abandonner leurs rites, leurs vices, d'adopter des règles d'hygiène, d'éduquer les enfants, de les faire travailler afin qu'ils ne soient pas à la charge de l'état" :  sous-entendu supprimer leur mode de vie, leurs traditions pour en en faire des sédentaires. Il y a les humiliations et ce dont on les prive. Eux qui étaient habitués à travailler  pour subvenir à leurs besoins et à sillonner librement les routes n’ont plus aucun droit. Les hommes ne savent que faire de leurs mains, la gaieté s’éteint dans les yeux de tous. Et l'interdiction de dormir dans la roulotte bien plus qu’un moyen de transport , elle est leur habitat, le foyer où se retrouve toute la famille  : "Ainsi cachées, immobiles, les roulottes n'existent plus aux yeux de la population locale. Les autorités se gaussent déjà de la réussite de leur entreprise : donner à ceux-là le goût de prendre racine, d'être comme tours citoyens  français. "
La mère d’Alba dépérit, son père privé de son cheval est devenu est un homme terne. La faim, les hivers rudes, la saleté les usent tous. Bien sûr, la révolte et l'incompréhension les habitent  mais ils n'ont aucun moyen de se faire entendre. La solidarité et l’entraide, piliers de la communauté, sont mises à mal "Là où auparavant on donnait sa part toujours au plus pauvre, on ne voit plus l'autre pareil". Durant ces six années, Alba deviendra femme puis mère en devant supporter la souffrance, les paroles qui blessent mais heureusement, il y a de une vraie humanité encore présente chez quelque personnes.

Avec sensibilité, poésie et pudeur, Paolo Pigani nous offre un roman bouleversant, touchant, digne et sans pathos. J’ai été fracassée par cette histoire et gagnée par la honte. Car cette communauté qui a souffert dans sa chair et son esprit par le passé est souvent pointée du doigt, accusée à tort et à travers. Il n’y a qu’à regarder ces terrains à la périphérie des ville où ils se retrouvent rassemblés (pour ne pas utiliser un autre mot) et de tendre l’oreille pour écouter ce qui est prononcé à leur égard. Une lecture uppercut qui fait mal, qui nous ouvre les yeux sur un pan de l'Histoire peu connue  mais un roman  nécessaire qui montre ô combien la différence dérange.

Les billets de Marilyne (sur Babelio), Liliba, Mirontaine

vendredi 7 mars 2014

Andrés Neuman - Parler seul

Éditeur : Buchet-Chastel - Traduit de l'espagnol (Argentin) par Alexandra Carrascos- Date de parution : Mars 2014 - 167 pages remarquables!

 "Quand un livre me dit ce que je voulais dire, je me sens le droit de m'approprier ses mots, comme si un jour ils m'avaient appartenu et que venais de les récupérer." Cette pensée d'Elena comme tant d'autres trouvera un écho chez tous les lecteurs. Chez ceux qui ont puisé dans les livres de la force, un baume et qui les accompagnés durant des périodes peu faciles de la vie. Elena toujours qui confie cette remarque superbe, si juste " Je me demande si, sans forcément sans en avoir conscience, on ne va pas vers les livres dont a besoin. Ou si les livres eux-mêmes, qui sont des êtres intelligents, ne détectent pas leurs lecteurs et ne se font pas remarquer d'eux".
Lito âgé de dix ans a  obtenu d'accompagner son père pour un voyage de quelques jours sur les routes d'Argentine en camion. Un accord entre  sa mère Elena et son père  Mario gravement malade. Car tous deux savent que ce sera l'unique et dernier voyage entre père et fils. Lito, lui, n'est pas au courant de la gravité de l'état de santé de son père.

Avant qu'il ne partent, Elena  fait promettre à Mario de ne pas se fatiguer, de bien prendre ses médicaments mais Mario veut seulement laisser des souvenirs heureux à son fils. Tant pis s'il dépasse ses propres limites, l'essentiel est que Lito n'oublie jamais ce voyage. Pendant ce temps,  Elena restée seule lit et cherche dans ses lectures du réconfort (Virginia Woolf, Christian Bobin, Lorrie Moore, Roberto Bolaño et tant d'autres avec autant de passages superbes de ses lectures qui l'interpellent ou lui apportent du soutien). Sa colère légitime contre la maladie, la mort qui s'annonce la conduisent à une relation adultérine. Lito sait que son père a été très malade ( une très mauvais grippe selon ses parents) mais pas plus. Pour lui, ce voyage est une marque de confiance de la part de ses parents,  la preuve qu'il met un pied dans la vie des adultes.

Andrés Neuman nous invite dans l'intimité de ces trois personnages et nous immerge dans leurs pensées. Et c'est complètement réussi !
Ce récit à trois voix solitaires déborde de vie sans pathos. Lito pense, s'imagine des aventures pour le lendemain du voyage, Mario lui parle pour qu'il ne n'oublie jamais et Elena écrit son cheminement partagé entre l'érotisme et le deuil qu'elle va devoir affronter.

Dans ce roman initiatique où le pouvoir des mots est primordial, l'auteur décrit les liens indicibles de ses personnages, les forces insoupçonnées dont ils font preuve, l'amour, la mort et les formes de son acceptation et ce qu'elles engendrent.
Une lecture qui m' a touchée coulée par sa finesse, par sa puissance et dans le même temps  par l'humilité,  la révolte ou la résignation de ses personnages si justement décrits ! Un roman tout simplement remarquable lu en apnée totale !

Depuis que je sais que vais mourir, je l'aime encore plus, j'ai découvert l'amour en tombant malade, c'est comme si j'avais cent vint ans, et tu veux que je dise. Je ne mérite pas cet amour, parce qu'avant de savoir que j'allais mourir je n'ai pas su le ressentir, parfois je me dis  que la maladie est une punition, et plus ta mère prend soin de moi, plus je me sens une dette, une dette que je ne pourrai pas rembourser, elle me dit que non, quelle horreur, que ces choses-là, on les fait par amour, mais les dettes d'amour existent aussi, celui qui affirme le contraire se ment à lui-même, et ces ardoises-là ne s'effacent jamais, au mieux elle se camouflent comme je suis en train de le faire aujourd'hui.

mercredi 5 mars 2014

Fabienne Juhel - Julius aux alouettes

Éditeur : Le Rouergue - Date de parution : Mars 2014 - 206 pages profondes pour un hymne merveilleux ! 

Un jour d'été dans un petit village près du Cap Fréhel en Bretagne, une famille enterre Julius. Un homme arrivé un beau matin lors de la marée d'équinoxe par voie de mer tout de blanc vêtu et à la peau d'ébène. Sous un soleil de plomb, le cercueil où repose Julius est transporté dans un petit cimetière qui surplombe la falaise. Julius n'était pas un membre de la famille mais désormais il va reposer avec les leurs.  Julius est porté en terre alors qu'eux portent la culpabilité de sa mort : la grand-mère Léonie dont les yeux voient la vie en noir en blanc, sa fille Marie qui tient une galerie d'art et son mari Alban médecin, Lola leur fille aînée adolescente surnommée la simplette et Brian, leur fils un solitaire qui aime passer du temps dans la nature. Derrière le mot accident qu'ils emploient à mot couvert se cache le pourquoi de la mort de Julius.

Chacun se remémore sa rencontre avec Julius et les semaines qu'il a passées en sa compagnie. Marie lui a proposé naturellement de rester  chez eux car elle possède deux chambres pour les artistes en résidence. Julius accueilli dans la maison familiale et qui chaque matin " le corps aimanté vers la mer" disait à voix haute son Chant du monde "une incantation sous la forme d'un inventaire génésique". Alors que la radio diffusait ses tristes nouvelles d'un monde de violence, il remerciait celui qu'il appelait Père. A travers chacune des cinq personnes de la famille, l'histoire de Julius nous est contée.  Julius venu jusqu'à eux car "dépourvus de violence et d'amertume. Des hommes tels qu'ils furent conçus à l'aube des temps(..). Des hommes dont la grande main est encore capable de poser une attelle à l'oiseau blessé, de construire un pont au-dessus des torrents, de tracer une route au milieu d'une forêt, sans en chasser les tribus et les bêtes alentour. Je cherche des hommes qui croient encore aux miracles.(...) Car je suis venu déciller vos yeux à la lumière du monde. Et qu'est qu'une histoire? me demanderez-vous à la suite. La narration d'un miracle. " Julius accompagne Alban lors de ses visites à ses patients, écoute Brian lui raconter comment chaque vie aussi minuscule soit-elle sur terre a son importance. Il aime passer du temps avec Léonie la grand-mère pour qui la vie n'a pas été toujours rose et qui a perdu la foi après le décès de son mari. Marie s'est découverte un amour pour une femme, Alban le sait et l'accepte. Marie se partage entre sa famille et sa maîtresse. Et Lola s'éprend de Julius.

Enfin,  il y a ce que Julius va partager avec eux, ce qu'il y a de plus beau et de plus grand : l'amour. Car Julius va "faire l'amour" avec chacun et sous cette expression se déploie ce que Julius leur apporte individuellement une forme de bonheur extatique. Mais les zones d'ombre de l'être humain éclaboussent toujours la lumière et la bonté.

Cette parabole à la lisère du conte est racontée en cinq scènes qui rappellent forcément la vie du Christ, (les cinq mouvements d’une tragédie classique). Et l'on pourrait croire que Julius est un fils de Dieu. Non, Fabienne Juhel n'a pas écrit un livre chrétien qui fait l'apologie de la religion. Elle nous propose une version moderne, en harmonie avec notre société de la venue d'un Elu sur Terre. Sans oublier l'humour, la poésie qu'elle manie avec brio, l'importance de la Terre et de notre mère Nature personnage omniprésent dans ce roman.

Une réflexion sur la vie, sur nos paradoxes dans lesquels nous sommes façonnés (et forcément à travers les personnages, on se reconnait par  des fragments plus ou moins importants).
Une lecture qui sème des graines, qui nous apporte matière nourricière : le plus merveilleux cadeau qu'un livre puisse nous apporter. Les grincheux et imbéciles seront choquées par cette audace mais n'est-ce pas le rôle de l'écrivain de bousculer et de nous permettre une ouverture d'esprit ? Les autres se délecteront de ce livre dont le final offre un clin d'oeil merveilleux, pertinent et malicieux. Miracle ou mirage? 

Nul besoin d'avoir passé son enfance à gambader dans des dunes entre les bruyères ou de s'être assis à l'ombre d'un calvaire en granit après une promenade en vélo pour apprécier cette lecture. Il suffit juste d'ouvrir son coeur et son esprit.
Il s'agit du livre le plus profond écrit par cette auteure, un roman porté par une écriture à son apogée ! Un livre devenu hérisson (mais je suis certaine que vous vous en doutiez ! )

En extrait, les premières lignes de la première page :
"Je m'appelle Julius, né pour vous servir. Je suis arrivé ce matin par voie de mer avec la grande marée d'équinoxe. Mon voyage vous semblera d'un autre siècle, lointain ou à venir. J'aurai couvert une distance pour laquelle il n'existe pas d'unité de mesure, un espace-temps qui ne se calcule pas même en années-lumière. Aucun armateur connu de vos contrées ne fabrique cette coque qui m'amène jusqu'à vos rivages et dont il ne reste rien, ou presque, à l'heure où je m'achemine jusqu'à vous. Le destin pourvoira aux soins de mon retour, sous la forme qu'il lui siéra de me donner, goutte d'eau ou matière en fusion, nuage ou flamme, et à l'heure qu'il aura décidé. Car j'aurai pris soin d'effacer auparavant mes traces. D'effacer les signes extérieurs de mon passage parmi vous. D'allumer un feu. Un brasier nourri de bois flottés et de goémons secs, afin de brouiller les pistes. On ne m'a pas autorisé à vous livrer le secret de fabrication de mon esquif. Et pourtant, nul autre vivant n'aurait pu accomplir ce voyage à ma place. Vous dire quels ouvriers l'ont confectionnée et de quels matériaux mon embarcation se compose n'ajouterait que de la confusion et de l'embarras. Seules les sternes et les mouettes pourraient en saisir les subtilités, elles qui en connaissent intimement la forme et l'usage. Elles, dont les plumes partagent l'imperméabilité du carénage. Puisque dans le fracas de leurs piaulements, elles ont autrefois scandé les manoeuvres d'accostage de ces frêles esquifs, barrés par des moines, aux heures creuses où les hommes de peine dorment encore. Tenez-vous pour l'instant à cela, je vous prie. À cette première Vérité : je m'appelle Julius. D'autres déclarations suivront. En leur temps, je vous demande un peu de patience. Car, à qui sait attendre, le temps ouvre ses portes. (...)L'Élu naît pour servir, souffrir et mourir. Et mon mystère reste entier."

Et un passage au hasard des pages :
Est-ce que Dieu est responsable de toute la misère du monde? Après tout, il nous a donnés les clés du jardin, un beau cadeau en vérité, et c'était à nous;, les Hommes, de nous débrouiller ensuite pour ne faire un potager, un verger et une volière qui pourvoiraient à nos besoins. 
- Les Homme sont orgueilleux, dit tout à coup Julius.
Sa déclaration fait écho à ma pensée. Alors pourquoi incriminer Dieu ? Parce que comme beaucoup d'hommes, et malgré mon âge qui devrait me faire avancer en sagesse, je suis de très mauvaise foi. 

Lu de cette auteure adorée : A l'angle du renard - Les bois dormants - Les hommes sirènes - Les oubliés de la lande.

mardi 4 mars 2014

Sandrine Collette - Un vent de cendres

Éditeur : Denoël - Date de parution : Février 2014 - 258 pages et un avis mitigé...

Avertissement : on évite la quatrième de couverture trop bavarde ! 

Ce polar s'ouvre sur une scène violente qui marque d'emblée le lecteur. Un accident de voiture avec Andréas au volant, Laure celle qui l'aime et Octave sont les passagers. La vitesse et Laure va y trouver la mort. Octave blessé méchamment à la jambe et au visage avec des séquelles visibles à vie et Andréas qui a vu l'horreur, qui l'a photographié dans sa mémoire.

Dix ans plus tard,Malo entraîne pour une semaine sa soeur Camille  à faire les vendanges. Ils sont jeunes, étudiants comme la plupart des saisonniers. Le vignoble appartient à Andréas sur qui court des rumeurs car on ne le voit jamais. Passée la scène de l'accident, ce polar s'étire assez lentement sur neuf journées avec beaucoup de descriptions sur les vendanges ( de trop à mon goût). Octave est frappé par la beauté de Camille qui lui rappelle celle de Laure. Malo n'apprécie pas que cet homme mutilé et estropié s'intéresse à sa soeur et il se dispute avec Camille qui prend le parti de défendre Octave. Mais Malo disparaît. Camille s'inquiète, tout le monde participe à des recherches y compris Octave. L'angoisse est enfin présente. Andréas posté à sa fenêtre et qui épie Octave a compris son attirance pour Camille et lui défend de s'en approcher. Camille ne baisse pas le bras et veut comprendre ce qui est arrivé à Malo. Tout le monde a beau répéter à Camille qu'il est parti et qu'il fera signe plus tard, sa soeur n'y croit pas.

Malgré le suspense instauré, j'ai deviné ce qui se tramait et à partir de là, difficile pour moi de continuer ma lecture avec la même attention.
Un polar assez inégal à mes yeux (le mythe de la belle et la bête ne m'a pas convaincue) d'où mon avis mitigé...

Les billets d'Aifelle et de Sandrine plus enthousiastes que moi.

samedi 1 mars 2014

Un été à Osage County


Réalisé par John Wells
Avec Meryl Streep, Julia Roberts, Evan McGregor, Chris Cooper, Abigail Breslin, Juliette Lewis, Dermot Mulroney, Sam Shepard,Julianne Nicholson, Benedict Cumberbatch

Synospsis : Suite à la disparition de leur père, les trois filles du clan Weston se retrouvent, après plusieurs années de séparation, dans leur maison familiale. C'est là qu'elles sont à nouveau réunies avec la mère paranoïaque et lunatique qui les a élevées. À cette occasion, des secrets et des rancoeurs trop longtemps gardés vont brusquement refaire surface... 

Une citation "La vie est très longue" T.S. Eliot ouvre le film. C'est le mari de Violet ( Meryl Streep) poète et ancien professeur que le dit à le jeune indienne qu'il embauche pour les tâche ménagères. Il n'oublie pas de lui du lire que lui boit et que sa femme prend des cachets. Meryl Streep incarne une femme droguée proche de la folie aux premiers abords. Atteinte d'un cancer de le bouche, elle continue de fumer mais use des médicaments pour se shooter. Nous sommes dans l'Oklahoma sous en soleil de plomb. Mais Beverly disparaît. Ivy (Julianne Nicholson) la cadette des soeurs qui habite toujours dans la région prévient ses soeurs. Ivy qui est restée quand ses soeurs sont parties. Barbara (Julia Roberts) avec son mari et sa fille de quatorze ans, Karen (Juliette Lewis) et son nouveau fiancé arrivent. Pas d'effusions débordantes d'affection entre la fratrie ni avec Violet. Barbara sur la défensive ne supporte pas de de voir sa mère droguée.

Le mythe de la famille vole en éclat au cours des deux heures. Violet admirablement jouée par Meryl Streep fait preuve d'un cynisme et les dialogues sont tranchants. Elle n'épargne personne sauf sa soeur. Elle met le doigt là où ça fait mal pour chacune de ses filles. Autoritaire, Barbara a hérité du caractère de sa mère. Barbara,  la préférée de son père se rend dompte qu'elle ressemble à sa mère sur beaucoup de points alors qu'elle lui reproche beaucoup de choses. Et ça fait mal car la douleur de Barbara est palpable par  ses attitudes : un pincement de lèvre, un non-dit.  Les secrets mais surtout les  rancoeurs qui empoisonnent la famille et les relations seront mis à jour avec des règlements de compte. Sans oublier la manipulation. Je n'en dirai pas plus...

Un film brillant, acide sur la famille servie par des acteurs formidables. On est interpellé et sonné ... 

Leiloona l' a vu et a adoré !